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La voix de son maître

Le vent de l’histoire n’a pas soufflé aujourd’hui entre les rangs de l’Assemblée. J’en suis plutôt triste car comme une bonne nouvelle petite députée, j’aurais aimé que dans cet hémicycle chargé d’histoire, on sente un élan, un engagement, une vision pour la République. J’aurais aimé pouvoir dire de François Fillon : sa vision n’est pas la mienne, mais au moins en a-t-il une, et elle a marqué cette journée.

Rien de cela. Le discours de politique générale du Premier Ministre, exercice important dans le fonctionnement de nos institutions, a été convenu, lu bien souvent comme s’il s’agissait du discours d’un autre. Son contenu a été sans surprises : le programme de Nicolas Sarkozy sans fioritures, ni agréments. On attendait la marque personnelle de Fillon. Ce discours était présenté comme sa chance d’exister relativement à « l’omni-Président ». On espérait un espace d’individualité, où un Fillon réputé plus social que Sarkozy, aurait mis l’emphase sur ses choix, sa patte dans le pot commun.

Après avoir lu la veille au soir « le Monde », annonçant que Fillon s’était absenté trois jours pour préparer son texte et s’en pénétrer, on pouvait légitimement penser qu’il allait donner le plus profond de lui-même et qu’un souffle parcourerait les bancs. Je me souviens d’avoir entendu Fabius dans la même circonstance. J’étais dans ma voiture entre deux hôpitaux. Je me suis arrêtée pour ne rien perdre de ce qu’il disait : il était limpide, inspiré, précis. J’étais restée saisie de la qualité de l’exposé et de la nouveauté du discours. Tout à l’heure en le saluant, j’ai hésité à lui faire part de ce souvenir et je regrette de ne pas l’avoir fait. Timidité ou réserve, comme trop souvent.

A l’opposé, François Hollande a parlé avec beaucoup de force. Non, je ne suis pas partisane et je crois que l’avis à été général. Je n’aurais pour ma part pas demandé mieux que de trouver Fillon bon, convaincant et surtout convaincu. N’est-ce pas le moins qu’on puisse attendre d’un premier Ministre ? Mais non, ce grand oral a été sans souffle, sans portée, sans Histoire.

Nulle die sine linea

Le blog entre dans sa deuxième année, et le premier billet fût écrit par un dimanche de calme et de sérénité sur la ville, comme celui qui s’ouvre aujourd’hui. Je reprends le titre de ce billet pour fermer cette boucle d’une année d’un lien reconnaissable. Il n’apparait pas dans les archives comme le premier : je maniais à ce moment l’outil blog de manière un peu incertaine et j’ai enregistré le même jour (9 juillet 2006) les notes de la semaine antérieure.

C’est dimanche et je reviens un moment sur cet exercice du blog : même dans les jours de presse et de tourmente, c’est un plaisir et presque une nécessité. Bien souvent pourtant, j’ai commencé à écrire et je n’ai pas poursuivi. Les mots ne venaient pas ou ils tombaient à plat sur la ligne sans cette rapidité, cette légèreté qui montrent qu’ils prennent leur autonomie sur la volonté et sur l’effort. C’est une des grâces de l’écriture de ne jamais répondre aux ordres et, comme le désir, de n’en faire qu’à sa tête.

Maintenant comme il y a un an, la ville est silencieuse. L’activité des oiseaux l’emporte de beaucoup sur l’activité des hommes et une dizaine d’espèces au moins font valoir bruyamment leur droit à la diversité. J’ai cette chance incroyable de vivre dans un biotope (voilà qui fleure bon l’écologiste avertie) où les oiseaux ont compris que leurs droits naturels seraient respectés et disons-même un peu facilités par quelques graines et boules de graisse habilement disposés afin qu’ils viennent se présenter et se faire reconnaitre. Grâce à cette subtile politique, j’ai beacoup progressé au cours de cette année dans l’identification de mes visiteurs : geais bruyants mais avec sur les ailes des taches d’un bleu que l’on dirait choisi par un couturier, mésanges, bergeronnettes, rouges-gorges et rouges-queues à front blanc, moineaux sautillants, pinsons, et plus haut dans le ciel, ne descendant jamais jusqu’à nous martinets noirs et chauves-souris.

On le sait, mon année n’a pas été occupée tout à fait que de cela. Dès cet après-midi, je serai dans mon ébauche de permanence pour essayer d’étancher une table pointue de courrier.

Tssi-tssi, Tssi-tssi, dit la mésange à longue queue pour me rappeler à mes devoirs.

Respiration

Le bonheur d’ouvrir ses volets sur un espace paisible où les problèmes du monde semblent se résumer à la chicanerie de deux oiseaux. Je m’attelle ce matin à l’aménagement du « camp de base » de ma permanence, qui se situera 20 rue Saint-Laurent. Mais pour cette première heure de la journée, j’ai arrêté tous les compteurs, respiré l’air, ouvert les grands les fenêtres, regardé autour de moi, toute étonnée de n’avoir pas à mettre le moteur en marche dès le premier instant.

Il est amusant de penser que le mot « inspiration » qui veut d’abord dire absorption de l’air (en opposition à « expiration ») désigne aussi cet état de grâce où un écrivain ou un artiste a l’impression de s’entendre dicter ce qu’il n’aura plus qu’à retranscrire dans le langage de son art. Ainsi, je respire une petite heure avant de reprendre mon habit de dynamisme.

Atterissage à Bordeaux

J’ai envie, une fois de plus, de commencer ce billet par « ouf », qui est une de mes onomatopées préférées et qui dit en trois lettres le bonheur d’être plus ou moins saine et sauve après une longue suite d’aventures.

Je remonte le temps, comme la machine du même nom inventée par Jules Verne. A l’instant, je reviens de la séance nocturne du Conseil Général où nous avons voté le budget supplémentaire dans un unanimisme touchant. Le groupe UMP s’est abstenu : qui peut voter contre les budgets d’Yves Lecaudey, construits, exécutés et présentés avec toute la maîtrise de cet élu qui est d’abord un grand serviteur de la chose publique ?

Juste avant, ma permanence cantonale au Grand Parc : affluence des grands jours pour une longue série de dossiers de recherche de logement et/ou d’emplois. Plus que jamais, j’ai senti la pleine mesure de mon rôle qui est d’épauler ceux qui n’ont pas les pleines conditions pour se réaliser et être au meilleur d’eux-mêmes.

Avant encore, en première mi-temps d’après-midi, voyage de retour de l’Assemblée en compagnie de Pascale Got, nouvelle députée du Médoc « d’Eysines à la pointe de Graves ». Nos deux circonscriptions sont à l’opposé : la sienne, étendue dans un territoire aussi varié que la France elle-même (la côte, les vignobles, le sud urbain..), la mienne, dense et ramassée, porteuse de l’histoire et de l’avenir du coeur de la ville. Nous avons une vision très proche de la pratique politique nécessaire dans ce début de XXIème siècle : plus simple, plus directe, plus concrête, à l’opposé de la politique des grands connétables que notre région et notre ville ont trop connu.

Ce matin, mise en place des commissions à l’Assemblée Nationale. La mienne a de vastes compétences : affaires culturelles, sociales et familiales, communication.

Hier, Jean-Marc Ayrault, que nous avons (ré)élu Président du Groupe Socialiste, m’a demandée d’en être vice-présidente et de faire ainsi partie de ce « gouvernement d’opposition » qui réunit les 204 députés socialistes-PRG-UDC. Je lui ai proposé de prendre en charge la politique de l’âge, d’une manière très transversale, allant de l’urbanisme aux retraites. Cette idée de transversalité et d’élargissement de la question, bien au delà du grand âge et de la dépendance l’a séduit. L’âge a rajeuni, notre politique doit le faire aussi. On se doute que je reviendrai souvent sur ce sujet, qui est au demeurant plein d’avenir !

Voilà. Il va falloir aussi que j’invente de nouvelles rubriques pour ce blog. Il a été (il demeure) un blog personnel, un blog de campagne, et maintenant il devient aussi le blog de la députée de la circonscription qui réunit plus de la moitié des Bordelais. Le mot députée est un mot simple : celle qu’on choisit pour être réprésenté et agir en son nom.

Plus que jamais, à ce titre, le dialogue qui monte régulièrement en puissance dans ce blog n’a été aussi nécessaire et signifiant.

D’un mêtier à l’autre

Ce soir au CAPC à Bordeaux, les XIVèmes rencontres en Cancérologie Cutanée que j’organise chaque année à même époque et où je devais faire une présentation. Le dr Thomas Jouary, qui me remplace plus tôt que prévu à la tête de mon Unité hospitalière, les mène en ce moment même à ma place.

Ce même jour, nous avons ouvert « la XIIIème législature » à l’Assemblée Nationale. Une quasi concordance de chiffres qui marque pour moi le passage d’un mêtier à un autre.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel