Un nuage de tristesse (c’est une litothe) pour moi ce soir après le Conseil Municipal. Cela mérite-t-il d’en parler ? Non, au regard de la misère physique et morale des hommes et des femmes du Darfour, non au regard de l’anxiété de mes malades attendant le résultat d’un scanner* ; oui, parce que c’est l’exemple d’un bien mauvais usage de la démocratie et parce que les media vont en faire relation.
La pièce maîtresse du Conseil Municipal était la présentation du compte administratif. Mot austère qui désigne l’exposé de la réalisation du budget primitif. Rien qu’avec ces termes, on comprend que le Conseil Municipal n’est pas un lieu de poésie !
Jean-Paul Jauffret, adjoint aux finances, a terminé sa présentation par un panégérique du Maire, disant combien les Bordelais éprouveraient comme lui-même l’urgent besoin de lui accorder leur confiance dans huit jours. Totalement hors de propos : la campagne était introduite dans l’enceinte, ce que nous voulions tous éviter.
Maladresse, manque d’élégance, dont Jean-Paul Jauffret n’est pas coutumier. Les dégats du sondage sans doute.
Je suis pour ma part intervenue sur les deux chapitres de l’urbanisme et du logement. On connait la médiocrité des performances de notre ville en matière de logement accessible à tous. Il n’y était consacré dans ce gros rapport que trois lignes . Pour l’urbanisme, j’ai évoqué entre autres points, le manque de cohérence et d’ambition architecturales du projet de la ville. Juppé, touché, s’est élevé en disant que s’il y avait bien un point que le monde entier saluait (et même au delà), c’était sa vision architecturale et urbanistique de Bordeaux. Tourny, à côté de lui, n’est qu’un empileur de cubes. Il suffit de voir le bric à brac de la rive droite pour en être en effet convaincu. Alors que les conseillers ont droit à deux interventions, le maire ne m’a bien sûr autorisé aucun droit de réponse.
Matthieu Rouveyre a évoqué dans son intervention le coût de l’élection municipale anticipée. Alain Juppé, qui au passage -et très intentionnellement- m’a désignée comme celle qui avait dirigé la liste municipale, a argué de dépenses très inférieures à celles que nous avions évoqué (moi-même dans ce blog en date du 31 aout) ; je parlais alors des dépenses remboursables.
Reconnaissons que le Préfet a limité la dépense en ne nous accordant qu’une campagne timbre-poste de 4 semaines. La décision n’allait pas contre la loi, mais contre l’exercice décent de la démocratie. Il va falloir, j’en ai peur, nous y habituer.
Jacques Respaud a demandé une suspension de séance. Alain Juppé a ignoré la demande. Nous avons quitté la salle.
Objectif gagné pour Alain Juppé : la presse parlera davantage de cette inutile et intentionnelle écume, et non du contenu de nos interventions.
Voilà pourquoi ce léger blues. Il y a tellement mieux à faire sur la terre.
- je précise que pendant ces semaines de haute campagne, je suis en congé, à l’exception de mes demi-journées de consultation des tumeurs que mon équipe ne pouvait absorber.