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Au pays des vents et des marées

Mon « spot de vacances » (comme on dit dans le nouveau gascon des plages), c’est ce pays des vents et des marées, le pays de l’incessant dialogue entre l’air et l’eau, le pays de l’éternel fugitif. En quelques secondes, une vague de 3 mètres s’effondre dans un brouhaha de catastrophe, en une heure, l’été prend les couleurs de l’automne, ou inversement, en 12 la plage se couvre de mousse et d’eau vibrionnante,  en 12 autres, elle s’élargit, l’eau recule de vague en vague, comme effrayée d’apercevoir quelque animal capable de la boire d’un trait ; en un instant encore, quand on croyait l’horizon à tout jamais bouché, apparait un petit bateau frêle, joyeux et qui parait n’avoir peur de rien, ou au contraire disparait vers on ne sait quel port, un long pétrolier qui paraissait jusque là non pas longer mais lentement tracer la ligne d’horizon.

Tout est fragile, tout est durable. A quelques détails près, Montaigne dans ses voyages à cheval écoutait ce même incessant dialogue et, comme moi, tentait de s’en remplir et quelquefois d’y répondre. C’est aujourd’hui un roulement profond, une houle à longue portée qui ne se brise qu’à quelques mètres du rivage, auxquels se superposent des bruits de volets ou de toiles qui frappent les murs. Les humains ne paraissent jamais que des éléments extérieurs  : quelques éclats de voix, le coup de sifflet d’un maître nageur, les petits qui cris d’un enfant en entrant dans l’eau. Dans cent ans, dans mille ans peut-être, vents et marées poursuivront leur dialogue que j’aurai depuis longtemps disparu dans les sables mouvants qui nous ensevelissent dans l’inexistence, dans un monde où il n’y a plus ni bruits, ni paroles.

Chaque année, ce retour est à la fois signe de vie et compte la durée de ce qui fut comme de ce qui reste. L’horizon, tant l’ont dit, n’est pas une ligne, mais une suite continue de points d’interrogations sans réponses. La seule, qui n’en est pas une, le Pape François l’a exprimée à sa manière aux jeunes de Cracovie « Nous ne sommes pas au monde pour végéter, mais pour y laisser une trace ».

 

 

CP Michèle DELAUNAY 3/08 : vente tabac/grande distribution

Communiqué de Presse de Michèle DELAUNAY 3 aout 2016

Députée de la Gironde – Rapporteure du Budget de la Sécurité sociale
Présidente d’Alliance contre le tabac
PLFSS, contrat d’avenir : une année décisive pour la lutte contre le tabac 
Dans le cadre du projet de financement de la Sécurité sociale, dont je suis la Rapporteure, je déposerai un amendement afin que soit strictement réservée la vente de tabac aux buralistes, en rendant définitivement impossible la vente dans les enseignes de la grande distribution comme c’est le cas à Libourne*, ou Epinal*, car cela constitue une banalisation du tabac et une porte d’entrée plus grande vers le tabac pour les jeunes. 
Par ailleurs, je proposerai, une nouvelle fois, d’interdire la vente de tabac dans les bars et boites de nuit, car ces revendeurs s’adressent essentiellement à des jeunes. Toutes ces mesures vont dans le même sens : il s’agit de réserver strictement la vente de tabac aux buralistes, préposés de l’administration, et soumis à des contraintes qu’il convient de pouvoir contrôler, comme par exemple la vente aux mineurs. 
 
Parallèlement je demanderai, cette année encore, une modification de la fiscalité en faveur des buralistes, permettant d’augmenter la rémunération des « petits buralistes » des zones rurales et tranfrontalières, mais de « décrocher » à partir d’un plafond les revenus tabac des « gros vendeurs » afin d’éliminer toute incitation à la vente. Ces mesures seront à prendre en considération dans le cadre du contrat d’avenir quinquennal entre les buralistes et l’Etat fin 2016 pour une application en 2017. 
 
Enfin, je rappelle que je demanderai une forte augmentation des prix des prix du tabac, et notamment du tabac à rouler, dont les fiscalité est aujourd’hui 30% inférieure à celle des cigarettes industrielles. 
*Libourne, Casino Relay
* Epinal, Monop Station

« A la messe du dimanche »

Dimanche, rendez-vous avait été donné à leurs fidèles par les Musulmans de France de se joindre aux catholiques « à la messe du dimanche » dans leur ville et leur quartier. J’ai répondu à ce rendez-vous en y invitant aussi des croyants d’autres religions ou de pas de religions du tout, ce qui me paraissait répondre au mieux au sens même de cette invitation.

J’étais donc présente à la cathédrale de Bordeaux à 10 h 30, avec quelques amis syriens, protestants et non croyants (je reviendrai sur ce mot). Un évangile et un prêche tout à fait en accord avec la tonalité du jour, mais sans un mot d’accueil, sans un signe à tous les non catholiques « qui pouvaient s’y trouver » (selon la formule d’une infinie finesse du Général de Gaulle dans l’appel du 18 juin).  Outre l’absence d’ « accueil » par les officiants, j’ai été surprise de l’interprétation générale de l’invitation des Musulmans à leurs fidèles à la fois par les responsables des différents cultes et des autorités civiles (aucune diffusion qui ait pu m’atteindre). Les médias ne l’ont pas non plus annoncée, mais seulement relayée, concernant une seule église où se trouvait le recteur Tareq Oubrou.

Le rendez-vous principal avait d’ailleurs été donné le samedi soir et non le dimanche, posant question aux juifs car c’est en effet le jour du shabbat, et surprenant les autres (dont moi) qui souhaitaient suivre le mouvement national.

Le dimanche donc, assistance nombreuse, où j’ai reconnu, outres mes amis, quelques Bordelais de confession musulmane, disséminés dans une assistance de 350 personnes environ. Mon regret encore d’aucun mot d’accueil.

Je reviens sur le mot « non croyant » utilisé aujourd’hui le plus souvent. « Incroyant » son synonyme, est inconsciemment écarté par son l’usage ancien qui en est fait et qui est teinté de faute. Les incroyants des siècles passés étaient surtout qualifiés ainsi par les musulmans.

« Païen », à cette aune, ne vaut guère mieux, mais c’est cette fois les catholiques qui jetaient l’opprobre sur ceux qui pratiquaient des religions polythéistes. Il ne signifie pas tout à fait « qui ne croit pas », mais « qui ne croit pas dans la -ou les- bonnes personnes ».

Quant à « athée » (qui est sûr de chez sûr) qu’il n’existe pas de dieu, et « agnostique » (qui s’interroge quand même..), ils sont trop longs et compliqués à comprendre tout à fait dans un post ou un rapide papier de journal.

En fait, l’usage a raison : « non croyant » est le meilleur. Il prolonge ce beau vers « celui qui croyait en Dieu et celui qui n’y croyait pas ».

 

Juppé, entre ascèse et ivresse

Alain Juppé porte ces derniers mois à une sorte de sommet le soporifisme maîtrisé et bien souvent élégant de son discours politique. En ce moment, plus qu’à tout autre car il s’est habilement paré (en contrepoint du petit Nicolas) du manteau de Grand Rassembleur, de la droite évidemment, de la gauche éventuellement, et du milieu naturellement.

Ces derniers jours, le désormais candidat aux Primaires, épuisé de tourner cent fois dans sa bouche sa petite phrase désastreuse, prononcée après qu’un camion de 19 tonnes a roulé à Nice sur 84 personnes : « Si tout avait été fait, ce drame aurait pu être évité », s’est aussitôt rétabli dans son habituelle sémantique.

Sitôt ses conseillers consultés, sitôt fait : le voilà qui convoque à Paris une conférence de presse. Le Point reprend largement la dépêche de l’AFP « ni angélisme, ni surenchère » . On pourra juger dès le premier paragraphe de la force du discours et de l’opérationnalité des propositions. Les « arguties » sarkoziennes sont pour tout jamais effacées comme sont réduites au néant depuis longtemps les positions « abracabrantesques » d’un Jacques Chirac.

Devant une telle maîtrise, indispensable de passer le verbe juppéen sous une lunette barthésienne. Pour précision, il s’agit bien du verre de lunettes de Roland Barthes et non de la lunette du terrain de football que gardait avec vivacité Yohan barthes(se) , comme l’avait suggéré par sa prononciation le même petit Nicolas.

A Bordeaux, où hors ministère ou temps de campagne nationale, il donne toute sa mesure, Juppé prône en tous lieux la « modération ». Pour exemple, le vin de nos prestigieux vignobles, constant dénominateur de la politique locale. Juppé, qu’il s’agisse de la « fête du vin » ou de celle de la « Fleur » de haute tradition girondine, de la « cité du vin » ou même, lors d’un écart, de Carlsberg, sponsor de l’Euro2016, se situe « entre ascèse et ivresse ». Je condense, j’en conviens, une pensée exprimée sur un même ton égal au cours de centaines de discours, mais en aucun cas, je ne la trahis. Entre ascèse et ivresse, il y a, je le confirme, un long chemin et une position médiane, et celle-là est la bonne !

Reconnaissons-le, mes sources sont moins riches, concernant la sexualité ; ceci malgré une parole osée au moment où l’opinion française a basculé sur le mariage entre personnes de même sexe. Juppé a exprimé devant une France médusée, « qu’après y avoir longuement réfléchi », sa position avait sensiblement évolué et qu’il ne s’y opposait plus, mais conservait toute sa réserve s’agissant de l’adoption par les  personnes susdites.

Sur la sexualité elle même, en l’absence de sondages récents sur l’opinion publique française qui a depuis longtemps oublié le rapport Kinsey, sa parole est plus rare. Je la traduis pourtant  avec confiance : il se situe à mi-chemin « entre débauche et abstinence » mais, pour éviter tout soupçon de radicalisme, ajoute que « la question mérite attention, au regard des différentes pratiques, situations , qualités des personnes concernées ». La sexualité doit-elle être regardée d’un même oeil entre sujets masculins, féminins ou de même sexe ? Eh bien, là aussi d’autres paramètres (signalés plus haut) doivent bien évidemment  être examinés avant de se prononcer.

A son arrivée à Bordeaux, plus encore son retour du Québec (« J’ai changé ») Juppé a confirmé sa position générale de n’être jamais, dans son expression , violemment de quoi que ce soit, fût-ce du centre C’est un homme du « juste milieu » sans l’être tout à fait  et s’il prône régulièrement le « changement de braquets », cela demeure une métaphore ou plutôt un conseil à ceux qui sont affrontés au lourd quotidien de la réalité.

Après cet éclairage néo-barthien, vous ne lirez Juppé d’un même oeil, ni ne l’écouterez d’une même oreille ; jamais plus vous ne vous brancherez lors de ses discours, en mode « vie intérieure ». Et vous aurez raison… Car à tout moment, à la moindre occasion, vous pourrez le découvrir, sortant de ses gonds, le verbe haut et le teint pâle, vouant aux gémonies quelque membre de son opposition ou quiconque ayant pu le contrarier. Le Juppé nouveau est plus contrôlé qu’il n’était déjà au collège de Mont-de-Marsan, mais il n’a pas changé. « Supérieur », il était, supérieur, il demeure.

Comme le Bordeaux…

 

 

 

 

Cadet Rousselle a trois grands arbres

Comme Cadet Rousselle a 3 maisons et 3 gros chiens, j’ai quant à moi 3 gros arbres. Forts, familiers, plus hauts que leurs congénères car en coeur de ville tous leurs efforts tendent à trouver la lumière au dessus des murs et des toits. Ces trois gros arbres sont venus sans doute là par hasard, le hasard des vents ou des oiseaux qui amenèrent un jour une graine … On connaît la suite.

Ces trois gros arbres sont pour ainsi dire assez banals sous nos climats girondins : un tilleul, étiré beaucoup plus qu’à l’ordinaire vers le ciel, un marronnier qui comme tous ses congénères souffrent d’une maladie infectieuse, endémo-épidémique , qui lui fait bien avant l’automne les feuilles rousses, craquelées, torturées. Aucun vrai remède n’a été trouvé pour lui, moins encore quelque forme inconnue de vaccin : le marronnier, le mien comme ses frères survit, mais sait sa race  menacée.

Le troisième est le moins connu. Du moins son nom, car sa belle stature, ses branches généreuses qui vont où la lumière les mène, ses fines feuilles en formes d’ailes, ses baies noires qui se multiplient sur tous terrains, sont connus de tous. Bordeaux s’enorgueillit d’un grand nombre de ces arbres au nom si agréable à l’oreille « micocoulier »… Ils restent pour autant moins connus que leurs deux frères en mon jardin. Pas faute d’effort de ma part : j’avais proposé à « not’ bon maire » d’indiquer le nom des arbres longeant nos grandes voies..  Sans doute a-t-il craint quelque mauvaise pensée de ma part, il n’en était rien. A ma connaissance et c’est dommage, nul dangereux gauchiste ne porta jamais le joli nom de « micocoulier ».

J’en reviens à mes trois camarades. Comme moult poèmes et chansons le disent, les arbres parlent, écoutent, échangent et sont porteurs de plus d’idées, venues d’on ne sait où, que bien des livres et articles. Que tout cela reste entre nous…

Mes trois arbres ont leur arbitre et leur comportement particulier. Tomberaient-ils tous leurs feuilles dans la même semaine, je l’inscrirais dans mon agenda, leur réservais plusieurs heures, et un bon mètre cube dans mon compost… Il n’en est rien bien sûr.

Le premier à fleurir est le marronnier. Peu après avoir produit son mur de feuilles, des « bougies » (ainsi dit-on en allemand) se campent sur les branches, garnies de petites flammes fragiles (blanches dans mon cas). Peu de jours suffisent à les mettre à terre, plus fugaces encore que la rose de Ronsard. Rapidement, les feuilles commencent de roussir et déjà aujourd’hui les premières, tordues et souffrantes, se posent à terre avec l’obligation de ne pas les y laisser et de les engouffrer au plus vite dans de gros sacs pour que l’épidémie ne contamine trop vite et trop fortement la terre.

Le tilleul est tout à l’inverse : dernier de la famille à bourgeonner, il commence à peine à jeter, tels de petits papillons, ses fleurs à terre. Comme « mon » tilleul (il vivra après moi malgré son âge) est très haut, aucune chance que ces fleurs ne finissent en tisane apaisante pour fin de conseil municipal. Je ne peux que les ramasser, déjà sèches, et non aller les cueillir sur les branches basses, comme ma mère le faisait.

Le troisième larron est le micocoulier. Son tronc ample, net, inséré dans le sol par de puissantes et visibles racines qui lui font comme un noble parvis, est à lui tout seul un décor. Son feuillage apparaît d’une manière surprenante : les branches fines semblent se colorer de mousse. Leurs pointes s’émoussent et quand la lumière les frappe tangentiellement, elles deviennent presque rouges. Et puis un jour, cette mousse trouve sa définition en une multitude de petites feuilles frissonnantes.

Mon amitié pour ces feuilles a ses limites quand, déjà jaunes, elles couvrent en quelques jours le sol et remplissent brouette après brouette avant de rejoindre le compost où elles finiront par se fondre à celles des deux autres compères de mon jardin.

On parle souvent de l’économie circulaire, trouvaille langagière d’un écologiste lui aussi ami de la nature. Nous en sommes nés, nous nous y fondrons aussi, comme mes trois grands arbres. C’est de cette constance, c’est de cette fugacité que parlent mes trois grands arbres, et comme eux tous les autres arbres.  Mais qui les entend, qui sait leur parler? De ceux, nombreux à Bordeaux, qui plaident à outrance la densification urbaine qui perçoit l’urgente nécessité de cette démocratie participative que nous devons établir avec la nature ?

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel