m

Grave comme une voix et comme la brièveté des jours qui restent

Gravité de François Hollande hier soir au Palais des Congrès. Que la presse n’a pas su entendre, me semble-t-il. C’est vrai ce ne fût pas le délire des jours de liesse. Et comment aurait-il pu en être ainsi ?

Nous avons été battus aux élections présidentielles. Ce n’est pas un motif d’enthousiasme délirant. Sarkozy et ses ministres font actuellement un jogging médiatique, ici pour l’hôpital, là contre les radars sur les routes… Qui peut être contre l’hôpital, pour les radars, surtout quand il s’est fait prendre…? Mais nous ne sommes pas gogos à ce point de ne pas savoir que dans la torpeur du mois d’août la facture, les factures vont tomber. « Vous avez voté au printemps ? Eh bien, payez maintenant ! »

On reconnaitra-là une version sarkozienne de « la cigale et la fourmis ». « Vous avez chanté tout l’été, et bien dansez maintenant ? »

Je me suis laissée entrainer. La Fontaine fait partie de mes vieux, très vieux amis disparus. Je ne résiste pas à parler d’eux.

Ton de gravité donc hier soir, au Lac, dans ce palais des congrès perdu au milieu des Hôtels Accor, du casino Barrière-Accor… On en a presque le coeur soulevé chaque fois qu’on y va. François a exprimé les enjeux de ce vote, dans moins de quinze jours, si brefs, si vite venus, si vite conclus. Dans quinze jours, le dernier grand rendez-vous démocratique national, capable de décider du gouvernement et de sa politique. De quoi retenir un peu son souffle.

Il a parlé longuement de Bordeaux, et de notre responsabilité plus grande encore. J’en avais le coeur serré. C’est tellement important, les forces contraires sont si fortes…

Soyons libres. Libres du pouvoir médiatique, des trois pages quotidiennes dans tous les journaux sur Alain Juppé, du numéro spécial du Point, après celui de « l’express », libres envers les comportements de l’UMP, le Sarko-show pré-présidentiel..

Libres..

Ce soir, tous au lac !

Ce soir à 19 heures, montrons que nous sommes unis et forts (tiens, j’ai déjà entendu ça quelque part…)

autour de François Hollande, pour notre premier meeting national de campagne législative.

(Palais des Congrès, quartier du lac à Bordeaux)

Appel à la mobilisation générale !

Le gouvernement sera remanié et élargi après les législatives. La pseudo-ouverture risque de faire long feu.

L’Elysée laisse entendre par ailleurs que les ministres se présentant aux législatives qui ne seraient pas réélus risquent d’être éconduits. Ces ministres ne sont pas les moindres : Fillon, MAM et Juppé. Manière de leur dire peut-être qu’ils feraient mieux d’être au travail à Paris.

La conséquence pour nous est que tout sera fait, tout, pour qu’Alain Juppé obtienne sa réélection d’un jour. Nous le savions mais cela est seulement encore un peu évident et plus dur. Ne nous laissons pas voler le résultat des Présidentielles . A Bordeaux, et plus encore dans la deuxième circonscription, les électeurs ont porté la gauche en tête. Nous devons nous y maintenir.

Mobilisons-nous aussi formidablement que la droite est capable de le faire dans cette ville !

Besson et les bergeronnettes

Au delà de ma fenêtre, une mémorable engueulade d’oiseaux. Bergeronnettes, loriots, mésanges bleues, je ne sais pas tous les reconnaître, bien que je les classe tous parmi mes amis, quels que soient leurs dossards, jaune et noir pour les uns, bruns et jaunes pour les autres, bleus et gris pour les troisièmes…

C’est d’un tout autre sujet que je voulais parler quand ce concert s’est manifesté. En y réfléchissant bien, il n’est pas sans rapport avec ce que je voulais raconter.

Je ne connais pas Eric Besson, je n’ai pas lu son livre hâtif, écrit sans doute en quelques jours par une équipe éditoriale où il a été pour peu de choses. Objectivement, si l’on faisait de la politique de ce début de XXIème siècle en France une tragédie classique, il aurait la figure du traître.

Ce qui m’a choqué d’abord et surtout, c’est que Nicolas Sarkozy l’ait exposé sur la tribune de ses meetings électoraux, comme Cesar exposait ses proies de guerre. Cela m’a fait mal, tout simplement mal.

Que maintenant Nicolas Sarkozy ait récompensé son attitude d’un ministère de la prospective et de je ne sais quoi, ne me parait pas moins grave : pourquoi ne pas faire aussi un ministère de la délation et d’autres attitudes qui ne sont pas mes favorites ? Peut-être suis-je un peu dure, peu amie du cynisme et, finallement, d’un certain mépris des Français ? La plumée que se passent actuellement mes loriots et mes bergeronnettes m’influencent certainement.

Il parait qu’un humoriste a dit « mieux vaut qu’il ait le ministère de la prospective, la rétrospective n’aurait grandi ni l’un ni l’autre (Besson ni Sarko) ! ».

Je suis plus acariâtre que la moyenne : la récompense du traître, au temps de Racine, comme au temps de César, aurait fait fuir les foules. Comment, pourquoi, est-ce possible aujourd’hui ?

Fin du concert sous ma fenêtre. Mes chanteurs sont partir voir ailleurs.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel