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Les enseignements d’un scrutin.

Titre bien pompeux : je n’ai la prétention d’enseigner quoi que ce soit en ce domaine.

Voilà seulement ce que j’ai ressenti tout au long de cette journée, allant d’un bureau de vote à l’autre, puis de cette soirée où les scores s’affinaient au fil des heures :

– une très forte participation. Voilà la vraie grande bonne nouvelle : les Français entendent s’impliquer dans la politique, et pour peu qu’on les informe et qu’on leur parle honnêtement de ce qui les concerne, sont prêts à prendre leur part de responsabilité.

– le faible score du front national (inférieur à 11%) : c’est aussi une bonne nouvelle, au regard du précédent scrutin présidentiel. Mais tout de suite après il y a une nouvelle moins bonne : Nicolas Sarkozy a concentré sur lui une partie des électeurs du FN et cela nous confirme qu’il appartient à la droite dure et qu’il n’est pas très loin de la droite extrème. Cela nous fait d’autant plus craindre qu’il puisse être demain Président.

– la mauvaise nouvelle en effet, c’est le score de Nicolas Sarkozy, qui franchit la barre des 30%…même en Seine Saint Denis, semble-t-il.

– la campagne des quinze jours à venir va être difficile ; elle n’en est que plus importante

– c’est maintenant l’heure de vérité pour ceux qui en choisissant de voter pour François Bayrou ont voulu exprimer la volonté d’une nouvelle pratique de la politique, d’un changement de monde et de système politique. Pensent-ils que Nicolas Sarkozy puisse faire autre chose qu’aggraver ce que nous avons vécu ces dernières années ?

– Ce sont vraiment deux projets, deux systèmes de pensée qui font s’affronter. Nous devons y mettre tout notre engagement.

– Notre projet est d’aider les hommes à vivre, à être autonomes, à donner le meilleur d’eux-mêmes. Notre projet est celui du respect et de la responsabilité. Nous pouvons difficilement gagner, mais nous avons le devoir de gagner.

Tout simplement : tous ensemble, au travail !

A tout de suite

Du fait de mon honorable position de candidate, ce blog se situe dans la catégorie des blogs politiques et pour cette raison, silence lui est imposé jusqu’à dimanche 20 heures. Mes remarques, coutumières en fin de semaine, sur la feuillaison des micocouliers ou l’inoubliable manière dont Kafka consolait les petites filles qui avaient égaré leur poupée serait légitimement susceptible d’influencer le scrutin.

Je le voudrais bien à vrai dire. Que Kafka ait un pouvoir surnaturel, chacun le sait. Que les micocouliers, par la seule magie de leur nom, donnent envie de voir en ce printemps un vrai renouveau, tout cela me parait dans l’ordre, l’ordre que je voudrais pour notre monde, fait de choses vraiment importantes et pas de stupidités télévisées, de petites hargnes, de notabilités à la noix et de tout un tas de choses que je déteste et qui me rendent grognon et grincheuse.

Donc nous allons nous quitter pour 48 heures. J’aime bien dramatiser un peu la situation. Quarante-huit heures sans un nouveau billet dans ce blog, quelle frustration pour les milliers (bien davantage..) de Bordelais qui y sont fidèles !

Je vous dois avant cette séparation, la vérité : feuillaison, comme bravitude, ne sont pas admis au dictionnaire. Mais je promets, par Toutankhamon, que si Ségolène est élue, je plaiderai auprès de l’Académie pour que ces deux mots trouvent grâce auprès d’elle. Ils manquent véritablement à notre vocabulaire, ils sont bien construits, ils nous plaisent : est-ce que cela ne suffit pas ?

Je voudrais vous parler de bien des choses. Se quitter pour 48 heures, c’est déjà long, et ce fond d’inquiétude naturelle dont je décore toute chose, me fait me demander ce qui arrivera après cet évènement vraiment important qu’est le vote du premier tour.

Vous comprenez (beaucoup d’entre vous, je l’imagine, sont des amis de plusieurs mois de ce blog) que ce bavardage au fil du clavier est aussi une forme de timidité, une forme d’inquiétude. Comme vous tous, je voudrais que le monde soit meilleur, que nous redevenions un pays de pionniers, que nous soyons simples, que nous ne fassions jamais un geste contraire à la vie…

Tant de choses.

Même pour quarante-huit heures, j’ai du mal à vous quitter. Au bout de ce délai, scotchés devant nos télés (pas mal d’entre vous, comme moi, à la fédération du PS), nous saurons le score de cette première mi-temps.

Que ce printemps, si beau, si doux, si prometteur d’avenir, nous inspire tous.

A tout de suite.

Avant-veille

Nous sommes tous un peu, attendant dimanche soir, comme mes malades attendant les résultats de leur scanner. A l’échelon individuel, la comparaison n’est pas juste : le résultat d’un scanner peut être beaucoup plus important, beaucoup plus décisif que l’élection du Président de la République.

Mais à l’échelon du pays, ce qui sortira des urnes engagera si fort l’avenir que je n’hésite pas à ce parallèle médical. Nous rentrerons « pour de vrai » dans le XXIème siècle d’un pas complètement différent selon le candidat qui sera élu.

Je crois que les Français l’ont compris et que si beaucoup sont indécis, ce n’est pas par négligence mais parce qu’ils veulent être sûrs de faire le juste choix. Comptons sur eux.

Pour une urbanisme raisonné

Il y une agriculture raisonnée, des constructions « haute qualité environnementale, mais qu’est-ce qu’un urbanisme raisonné ?

De manière un peu polémique, mais cependant juste, on peut répondre : le contraire de l’urbanisme à la bordelaise ; sans projet architectural, sans équipements suffisants, sans prise en compte de la qualité de vie des habitants et de leurs besoins.

La Bastide 1 (le bel empilement de caisses à savons disparates de la rive droite) en est l’exemple : le quartier est déjà engorgé par les problèmes de stationnement, aucun centre commercial ne se dessine, les équipements viendront…plus tard, la vie des personnes âgées y est d’ores et déjà difficile.

C’est tout le contraire dont nous avons débattu et que nous avons proposé, avec Etienne Parin et Emmanuelle Ajon lors du forum du 17 avril.

En un mot, l’urbanisme raisonné, ce sont des quartiers, des villes, des maisons où l’on a envie de vivre soi-même. Trop longtemps, architectes et urbanistes ont construit pour les autres, se gardant bien seulement d’imaginer qu’ils pourraient vivre eux-mêmes dans ce qu’ils proposaient. Avec le temps, Les besoins des quartiers ont changé : les problèmes de déplacement, l’allongement de la durée de vie, imposent de concevoir des quartiers où toutes les générations puissent vivre ensemble et aient à portée les équipements sociaux, administratifs, sportifs, commerciaux qui font qu’une ville est une ville, pas un dortoir.

Schématiquement :

Les équipements publics doivent précéder la densification de la population, et non pas venir après elle, où être à l’évidence sous dimensionnés par rapport aux besoins (ex : l’école Souza Mendès, la piscine du Grand Parc réduite à un bassin de 25m… La liste est longue)

– les constructions doivent tenir compte du nombre croissant de personnes à mobilité diminuée par l’âgepar le handicap, par ex en concevant des appartements, en rez -de-chaussée d’immeubles, comportant des facilités d’aménagement (largeur des portes, déplacements doux..)

– les quartiers doivent comporter un équipement phare, attractif pour la totalité de la ville, de manière à faciliter l’interpénétration des quartiers. Equipement sportif ici, équipement culturel là, qui deviendront emblématiques et identitaires du quartier nouveau.

– des parkings résidents suffisants sont indispensables, ainsi que des parkings individuels compris dans le prix du logement (à la Bastide, les appartements sont si onéreux que beaucoup de nouveaux propriétaires renoncent à l’achat de la place de parking qui est en sus).

– des espaces verts où les enfants puissent jouer, les sportifs faire un jogging, les rêveurs… rêver…

– Et surtout, et surtout, une véritable mixité sociale , avec un bon équilibre entre logement locatif conventionné dans ses diverses composantes (de social à très social), accession à la propriété, propriété .. Là est le secret. La ghettoisation est à l’origine de toutes les violences et les inconsciences.

Liste déjà longue et pourtant non close.. Quelle merveille que d’accompagner une ville dans son évolution ! Quelle merveille plus grande encore d’urbaniser un des plus beaux sites d’Europe, comme c’est le cas de la rive droite. Quel regret, pour tous les Bordelais qui aiment leur ville, d’en avoir fait ce mauvais brouillon qu’il sera pratiquement impossible d’effacer !

Jour de campagne (18 avril)

Il y a tant à raconter dans chaque journée… que je n’arrive à rien raconter ! La campagne se précipite, cela n’a échappé à personne. A 13 heures, j’ai foncé de l’hôpital (consultation à Bergonié, puis Saint-André) vers Pessac. Nous recevions François Hollande pour un déjeuner de presse. Brillant, gentil, plein d’humour comme à l’habitude. Ce n’est certainement pas un homme banal, et sa position, peu banale elle-aussi, démontre sa qualité. Nous sommes très loin de l’utilisation affligeante qu’a fait Sarkozy de Cecilia.

Cet après-midi avec Michel Sapin. Je le connaissais peu (uniquement à travers la presse pendant les deux périodes où il a été ministre), et j’ai eu grand intérêt à partager une partie de la journée avec lui : sobre, compétent, attentif à l’expérience des autres, attentif à la candidate (ma pomme) qui le recevait sur ses terres, voilà un homme politique comme je les aime. Quelqu’un de ma familiarité disait « les ministres sont d’autant plus grands qu’on parle moins d’eux ». Il voulait dire que ces ministres-là se consacraient davantage à leur travail qu’à leur écho médiatique. Michel Sapin est de ceux-là.

Nous avons rencontré les acteurs de l’insertion par l’activité économique (IAE, pour les sigles’addict) dans un chantier d’insertion où l’EIPF et sa directrice Hélène de Ligneris réalisent les travaux de peinture. ADI, ADESS, CREAGIR… (ceci encore pour les sigles’addicts) étaient réunis le long d’une vaste table de bois brut, pour échanger expériences, succès, attentes et déceptions. J’ai été bluffée par un jeune entrepreneur beur, soutenu par le Conseil Général et précisément par Gilles Savary : il a mis sur pied une entreprise d’ambulanciers, qui s’est bien sûr heurtée au pré carré de la profession, mais le résultat est là : il embauche ceux qui sont dans la situation où il était lui-même il y a moins de deux ans ; ça marche… Il a donné de l’énergie à la table entière.

Fin d’après-midi autour de Michel Sapin et des propositions du pacte présidentiel pour la justice. Introduction formidablement inquiétante sur la situation et les conditions d’éxercice de la justice. Des magistrats, des avocats ont exprimé ce qu’ils attendaient d’un pouvoir radicalement différent. Quand les policiers, les magistrats, les médecins, professions qui ne sont pas connues pour être le repaire de dangereux gauchistes, expriment leurs espoirs en la gauche, et leur crainte du candidat UMP, cela a une vraie signification.

Voilà, les journées vont vite, il y aurait tant à dire. Je verse quelques images au photo blog pour combler les vides du récit.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel