Tous les médecins sont des médecins du monde : leur savoir et leur savoir faire sont internationaux et j’ai pu l’expérimenter au Burkina Faso comme (beaucoup plus ponctuellement) en Islande. Mais il y a des « Médecins du monde » plus internationaux que d’autres, plus engagés dans l’universelle bataille contre la maladie, la souffrance et la mort, et c’est en particulier la belle association qui porte ce nom.
J’ai rejoint hier l’équipe Girondinede « Médecins du Monde » qui portait à Bordeaux la campagne nationale de l’association en faveur de cinq engagements, que je tiens à citer :
– un seul système de couverture maladie pour toutes personne résidant en France (si l’on peut dire : universaliser vraiment la CMU, instaurée par le gouvernement Jospin)
– permanence et, là aussi, universalité de la prise en charge de TOUS les malades par nos hôpitaux
– lutte contre le saturnisme infantile (le saturnisme est l’intoxication par le plomb)
– répondre aux immenses besoins en santé mentale des personnes sans abri
– garantie de la non-expulsion et de l’accès aux soins des étrangers gravement malades.
Que veulent dire fondamentalement ces cinq propositions qui sont aussi, qui doivent être, cinq exigences ? Qu’une personne gravement malade n’a à justifier ni de son pays d’origine, ni de ses ressources, ni de sa situation sociale : elle est ce « frère humain » dont parlait Villon, qu’il s’agit seulement de soigner et d’aider. Les médecins le savent, mais les médecins ne peuvent pas tout.
J’ose à peine ajouter ici qu’ils ne peuvent pas tout, mais qu’ils sont bien souvent assez malins pour faire accepter beaucoup.. Jeune chef de clinique en dermato, j’ai soigné une jeune femme atteinte de lèpre. Une jeune portugaise issue d’un village, à l’époque très éloigné de la médecine (c’était dans les années 70). Nous avons fait venir toute sa famille, plus toutes les personnes du village qui semblaient à risque. Tout le monde a été soigné au CHU, certainement un peu en dehors des lois et réglementations de l’époque (le Portugal n’était pas dans l’Europe), mais là comme souvent, l’intelligence et la sollicitude ont eu raison des rigueurs de la loi.
Mon engagement, comme celui de tous ceux qui ont rejoint le bus de campagne de « Médecins du monde » est donc d’autant plus ferme pour que la loi se mette au service de ce joli couple que forment l’intelligence et la sollicitude. Et que les moyens soient donnés aux hôpitaux pour accueillir les malades graves sans distinction, pour que CMU et AME (assistance médicale aux étrangers) soient confondus et honorés..)
J’ai plaisanté avec l’équipe de « Médecins du monde » quand ils m’ont dit qu’ils étaient « a-politiques ». Bien sûr que non ! Ils sont fondamentalement dans la politique. Qu’est-ce d’autre que la politique que l’engagement pour le bien général, pour le passage du « moi, je » au « nous ensemble »? Mais -et je les rejoins complètement là dessus- ils sont a-partisans, ils ne s’engagent en tant qu’association derrière, ni avec, aucun parti. C’est aux partis de les soutenir, pas l’inverse !
Comme je suis un peu morpionne sur les bords, j’ajoute que Bordeaux (la municipalité) est la seule grande ville qui ne subventionne pas « Médecins du monde »..
Vite, vite, il est encore temps, allez « voter » dans la grande urne qui est en face du musée des Beaux-Arts à Bordeaux , pour les cinq engagements que j’ai cité et que toute une équipe formidablement dynamique vous expliquera plus en détail si vous le souhaitez !