Soixant mille jeunes qui sortent chaque année du système éducatif sans aucune qualification. A Bordeaux 30% des jeunes sans emploi ; 40,7 % des entrants dans le RMI qui ont moins de 29 ans ; parmi les RMIstes, 56% qui ont le bac ou plus… Tant de chiffres inquiétants que nous avons examiné hier lors de notre forum « Education jeunesse » à l’Athénée municipal.
Ce thême constitue une des priorités du « pacte présidentiel » ; 25% des propositions touchent plus ou moins directement la jeunesse avec de très belle propositions, comme la carte santé jeunes, l’aide à la création d’entreprises, le prêt de 10 000 euros à taux zéro…
Les débats d’hier ont consacré une large part à l’allocation d’autonomie et d’entrée dans la vie active, allocation personnalisée, accordée aux jeunes pour les accompagner dans leur projet d’études ou d’installation.
Le principe de cette allocation est double : revoir le système actuel, à la fois obsolète et inégalitaire ; parier sur la responsabilité du jeune et son autonomie relativement à l’aide (ou l’absence de toute aide) parentale.
Le système actuel comprend deux volets : les bourses au mérite et la défiscalisation des enfants à charge.
Les bourses ont été mises en place à une période où il y avait en France 300 000 étudiants. Ils sont maintenant 2,3 millions ; c’est un système très sélectif, qui ne permet par exemple pratiquement pas le redoublement. Ce système est aujourd’hui trop restricitif.
La défiscalisation des enfants à charge est extrèmement inégalitaire : elle ne profite qu’aux familles soumises à l’impôt et elle est d’autant plus avantageuse que les parents payent un impôt -et donc ont des revenus- importants. Les familles non soumises à l’impôt, c’est à dire les moins riches, ne reçoivent aucun crédit d’impôt et donc aucune aide.
L’idée de l’allocation d’autonomie est donc de remplacer les aides existantes par une allocation versée directement au jeune, en échange d’un projet de professionnalisation, régulièrement suivi. Ce dernier point est important et correspond à l’esprit général du pacte présidentiel : pas de droit sans un devoir. Le devoir ici est l’engagement de suivre et d’être suivi dans son projet.
Le débat d’hier n’a pas éludé une difficulté : les modalités de prise en compte , ou de non prise en compte, des revenus des parents. Comme le nom de l’allocation l’indique, l’idée est que le jeune soit autonome, indépendant de ses parents et gère lui même son budget. Mais on ne peut balayer un point : le projet professionnel du fils de Bernard Arnaud n’a pas à être soutenu par l’impôt des aide-soignantes de mon service. Les modalités d’analyse de la contribution réelle des parents méritent précision.
Cette allocation d’autonomie remet un peu d’égalité sociale dans la volonté de réussite. Un jeune qui doit travailler chaque soir ou chaque week end pour financer ses études n’est pas à égalité avec celui qui est totalement défrayé par sa famille.
Sur ce point la discussion a été vive et intéressante. Les « jobs d’été » et tous les contacts qu’un jeune peut avoir avec le monde professionnel sont favorables. Pour ma part, je pense qu’il n’y a pas meilleur enseignement que savoir ce que représentent quatre heures de smic quand on bosse sur un toit ou à une caisse d’Auchan. Mais ce contact professionnel ne doit pas pénaliser la conduite des études.
Bien d’autres questions ont été posées hier, et nous nous sommes tous accordés sur la nécessité, autour de nous, avec tous ceux que nous approchons, de garder à la campagne électorale le niveau qui doit être le sien. La France va choisir son avenir aux prochains scrutins : gardons le débat au niveau des enjeux.