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Mme Veil ministre ?

Simone Veil accepterait-elle le ministère de l’immigration et de l’identité nationale, proposé par Nicolas Sarkozy, juste après le ralliement de l’ancienne ministre UDF ? Cette seule question explique ce qu’a été en réalité ce ralliement : un réglement de compte envers François Bayrou, et pas une adhésion à Sarkozy. Tous ces commentaires du moment le disent d’ailleurs : elle n’a insisté que sur ses raisons de porter ce coup à Bayrou, jamais son enthousiasme à l’égard de Sarkozy.

Beaucoup des « ralliements » de ces dernières semaines, au gré des sondages, m’ont fait penser à la phrase d’Edgard Faure. Tout le monde la connait, elle est en effet magistrale : « ce n’est pas la girouette qui change de direction, c’est le vent ! ».

Le problème que le vent des sondages en période électorale tourne vite.

A vous de juger… Eh bien, justement !

Ségolène Royal (antenne 2, ce soir) pour la première fois libérée des contraintes de l’apparence, ou plutôt de l’excès d’apparence, et de celui de l’exercice oratoire, parlant plus naturellement que dans ses précédentes prestations télévisées, maîtrisant parfaitement les dossiers, ne se laisssant pas dérouter du message qu’elle veut donner tout en répondant aux questions posées.

Les lecteurs de ce blog savent quelle méfiance, et quelle antipathie fondamentale, j’ai de la télévision. Ici, j’ai trouvé l’émission d’Arlette Chabot équilibrée, suffisamment incisive, suffisamment respectueuse, et donnant à chacun à la fois le temps de la question et celui de la réponse. Rien à voir avec la terreur précipitée et agressive des questionneurs de l’émission de TF1.

Tous les grands chapitres ont été abordés. Rapidement par définition, fortement grâce au travail de Ségolène. Je n’ai pas crainte à dire cela : le travail est une garantie de compétence. Ségolène Royal a appris a faire passer son message, les pièces fortes de son programme, sans dévier de sa route. Ce n’est pas aisé. Bravo !

Ceux qui ont suivi mes campagnes précédentes, ou seulement la suite de ces billets depuis maintenant 9 mois, ne seront pas étonnés de me voir réjouie de l’entendre proclamer que le travail est une valeur de gauche*, et sa dépréciation l’effet du précariat et de l’irrespect au sens le plus large de ce terme, ou encore de l’entendre parler de la prévention à la fois comme la première mesure de santé publique et comme une condition de pouvoir financer les soins.

Je m’éxerce une nouvelle fois au difficile exercice du commentaire instantané. Je suis heureuse que cette émission ne se soit pas perdue en vain commentaires sur la manière de réagir à François Bayrou, ou à l’attitude de tel ou tel. Chapeau aussi à Arlette Chabot d’avoir donné un bon exemple d’émission de service public. Plus resserrée sur l’essentiel, sans négliger les questions qui fâchent, comme le livre non encore publié d’Eric Besson. Le seul commentaire de Ségolène : il faut se placer dans l’intérêt général, et en ce qui la concerne, l’intérêt de la France. Que chacun dans son engagement, au niveau de son périmètre d’action, se situe ainsi sans fléchir.

  • cf billet du 5 février 07

Education, jeunes et allocation d’autonomie

Soixant mille jeunes qui sortent chaque année du système éducatif sans aucune qualification. A Bordeaux 30% des jeunes sans emploi ; 40,7 % des entrants dans le RMI qui ont moins de 29 ans ; parmi les RMIstes, 56% qui ont le bac ou plus… Tant de chiffres inquiétants que nous avons examiné hier lors de notre forum « Education jeunesse » à l’Athénée municipal.

Ce thême constitue une des priorités du « pacte présidentiel » ; 25% des propositions touchent plus ou moins directement la jeunesse avec de très belle propositions, comme la carte santé jeunes, l’aide à la création d’entreprises, le prêt de 10 000 euros à taux zéro…

Les débats d’hier ont consacré une large part à l’allocation d’autonomie et d’entrée dans la vie active, allocation personnalisée, accordée aux jeunes pour les accompagner dans leur projet d’études ou d’installation.

Le principe de cette allocation est double : revoir le système actuel, à la fois obsolète et inégalitaire ; parier sur la responsabilité du jeune et son autonomie relativement à l’aide (ou l’absence de toute aide) parentale.

Le système actuel comprend deux volets : les bourses au mérite et la défiscalisation des enfants à charge.

Les bourses ont été mises en place à une période où il y avait en France 300 000 étudiants. Ils sont maintenant 2,3 millions ; c’est un système très sélectif, qui ne permet par exemple pratiquement pas le redoublement. Ce système est aujourd’hui trop restricitif.

La défiscalisation des enfants à charge est extrèmement inégalitaire : elle ne profite qu’aux familles soumises à l’impôt et elle est d’autant plus avantageuse que les parents payent un impôt -et donc ont des revenus- importants. Les familles non soumises à l’impôt, c’est à dire les moins riches, ne reçoivent aucun crédit d’impôt et donc aucune aide.

L’idée de l’allocation d’autonomie est donc de remplacer les aides existantes par une allocation versée directement au jeune, en échange d’un projet de professionnalisation, régulièrement suivi. Ce dernier point est important et correspond à l’esprit général du pacte présidentiel : pas de droit sans un devoir. Le devoir ici est l’engagement de suivre et d’être suivi dans son projet.

Le débat d’hier n’a pas éludé une difficulté : les modalités de prise en compte , ou de non prise en compte, des revenus des parents. Comme le nom de l’allocation l’indique, l’idée est que le jeune soit autonome, indépendant de ses parents et gère lui même son budget. Mais on ne peut balayer un point : le projet professionnel du fils de Bernard Arnaud n’a pas à être soutenu par l’impôt des aide-soignantes de mon service. Les modalités d’analyse de la contribution réelle des parents méritent précision.

Cette allocation d’autonomie remet un peu d’égalité sociale dans la volonté de réussite. Un jeune qui doit travailler chaque soir ou chaque week end pour financer ses études n’est pas à égalité avec celui qui est totalement défrayé par sa famille.

Sur ce point la discussion a été vive et intéressante. Les « jobs d’été » et tous les contacts qu’un jeune peut avoir avec le monde professionnel sont favorables. Pour ma part, je pense qu’il n’y a pas meilleur enseignement que savoir ce que représentent quatre heures de smic quand on bosse sur un toit ou à une caisse d’Auchan. Mais ce contact professionnel ne doit pas pénaliser la conduite des études.

Bien d’autres questions ont été posées hier, et nous nous sommes tous accordés sur la nécessité, autour de nous, avec tous ceux que nous approchons, de garder à la campagne électorale le niveau qui doit être le sien. La France va choisir son avenir aux prochains scrutins : gardons le débat au niveau des enjeux.

La politique est elle un sport d’hiver ?

L’écrivain Leon Tolstoï, O combien prolixe, O combien écrivain, avouait que dès que venait la saison des moissons, il était irrésistiblement attiré par les champs et le travail avec ses paysans. On a des photos de lui, jusqu’à un âge avancé, charriant les gerbes au milieu d’un grand concours de moujiks, comme les propriétaires russes savaient alors en avoir.

Sa table de travail était désertée. Excusez du peu, le frais soleil de ce matin, vif et prometteur comme un fruit vert, a fait de moi dès le lever une adepte du grand Tolstoï. Ne manquaient que les hectares, les blés, les paysans courbés, et deux ou trois autres détails, comme d’avoir laissé le manuscrit d’Anna Karénine sur mon bureau… Mais l’ardeur était la même. J’ai roulé les pots de crassula, taillé, coupé, redressé, nettoyé, et me revoilà à ma table avec les statistiques concernant la jeunesse à examiner, interpréter et mettre en perspective avec les propositions du pacte présidentiel. Comme Tolstoï, j’ai assez fort envie de faire valoir mes droits au grand air, aux travaux sinon des champs des bouts de jardin et d’ajouter au pacte une 101ème proposition : donner au printemps la priorité à la campagne (la vraie, la verte) sur la campagne électorale. Une sorte de trève des jardiniers, reconnue par l’assurance sociale.

J’en ai parlé et ça va déjà mieux. Il n’y a meilleur traitement qu’un petit bout d’écriture. Ce n’est pas une remarque si légère. Je crois qu’une grande part des manifestations de violence sont dues à une insuffisante maîtrise des autres moyens d’expression. L’éducation, la culture, encore et toujours.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel