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Prison : juste peine ou peine perdue ?

Plus souvent, beaucoup plus souvent malheureusement, peine perdue que juste peine ! Et Ségolène Royal a le mérite d’aborder le problème dans sa campagne et de proclamer haut et fort que, pour les jeunes surtout, tout vaut moins mal que la prison.

Disons-le carrément : pour un politique, la prison, le vieillissement, la maladie et bien d’autres sujets, ne sont en aucun cas porteurs. Fait-on une réunion sur l’un de ces thêmes (les trois me tiennent particulièrement à coeur) que l’on dit aussitôt : tu vas faire fuir plutôt qu’attirer. Le mérite de Ségolène Royal est donc d’autant plus grand d’avoir mis le dossier sur la table.

Examinons les faits. Même au risque de paraître plutôt casse-pieds, j’aime bien que ces billets reposent sur des éléments précis, vérifiés, que chacun puisse utiliser pour sa réflexion.

. 54 950 détenus en France, pour une capacité de 47 473 places . 70% des détenus vivent à plusieurs dans une cellule (chiffres 2002, les plus précis que j’ai trouvé à disposition)

. 30% sont des prévenus (en attente de jugement)

. 27,7% (près d’un tiers ) ont moins de 25 ans . 45,9% (près de la moitié) ont moins de trente ans . 74% (les trois quarts) ont moins de 40 ans

Qu’est-ce que cela veut dire : que la très grande majorité des détenus ont, en sortant, encore une vie à faire . Est-ce que la prison leur en donne (ou même leur en laisse) les moyens, ou est-ce qu’elle manque à la plus fondamentale de ses vocations ?

Quel est l’objet même de la prison. En réalité, il est triple : – punir en proportion de la faute (c’est le côté « juste peine ») – mettre la société à l’abri d’un renouvellement du délit ou du crime – permettre au délinquant de s’amender et de retrouver sa place dans la société

Ne discutons pas du premier aspect. Admettons-le, dans ce court billet au moins, comme « acceptable » , à la fois dans sa nature, et dans son caractère proportionnel. La discussion mérite pourtant d’être ouverte.

Le deuxième aspect est parfaitement rempli : le nombre d’évasions est minime, sinon infinitésimal. Oui, la société est à l’abri de l’individu incarcéré pendant le temps de son incarcération. Là aussi, un petit espace de discussion pourrait être ouvert.

Le troisième aspect est effroyablement insuffisant : le taux moyen de retour en prison est de 34% , ce qui veut dire qu’en réalité, le taux moyen de récidive ou en tout cas de nouvel acte délictueux est de près d’un sur deux, car tout acte délictueux ne ramène pas en prison .

Ce taux de 34% mérite analyse : il est de 23% pour les « primo délinquants », et de 61% pour ceux qui ont un cahier judiciaire chargé.

En un mot : Un quart de ceux qui vont pour la première fois en prison, y retourneront au lieu d’en être définitivement guéris, ou plutôt guéris de tout ce qui peut amener à y retourner. La prison n’est pas pour eux une « juste peine » mais elle est une peine absolument perdue, pour eux comme pour la société. Car même le deuxième objectif (se protéger) n’a aucun sens s’il n’est rempli que dans l’immédiat.

Et une peine extraordinairement coûteuse pour la société. Je ne discute pas même de ce budget mais de la part allouée à la réinsertion qui n’est que de 8% ; C’est un chiffre accablant.

Le « pacte présidentiel » du PS a le courage de poser le problème des alternatives à la prison, en particulier, mais non seulement, pour les mineurs. Le terme provocant d’ « encadrement militaire » , a fait couler beaucoup d’encre. Mais; pour un jeune « mérite » la prison que préfère-t-on : l’encadrement de loubards chevronnés et de la mafia , ou celui des chasseurs alpins ou d’un escadron de gendarmerie ? Et encore y a-t-il beaucoup d’autres variantes, et je dis souvent qu’à condition d’un personnel suffisant pour servir de tuteurs, je suis prête à prendre des « sauvageons » (le mot est de Chevènement), dans un service de cancéro, de grands traumatisés ou de soins palliatifs. La fraternité et la responsabilité y sont vite compris.

Les documents électoraux sont toujours à la fois trop longs et trop courts. Attachons-nous au fond des choses, référons-nous aux documents de base (et en particulier à la version complète des cent propositions, disponible sur internet). Examinons les propositons, jugeons, réfléchissons. Une société se juge aussi à la réalité et à l’application du droit.

Matin-terrain

Matin-terrain qui me prive de commencer vraiment ce week-end par un billet qui ressemble à une respiration. « Sur le terrain » est une des expressions oblligées de toute période électorale. Elle reste valable (O combien) entre deux élections, où le terrain est le moyen de rencontrer les citoyens, de parler avec eux de manière détendue, de recevoir leurs doléances et quelquefois même, Eh oui, leur approbation et leurs encouragements.

Ce matin je vais inviter le public du centre ville, comme je viens de la faire pour vous tous dans le billet précédent, à notre « forum Michèle » autour de la jeunesse, le 13 mars. Près du quart des propositions du pacte présidentiel concernent la jeunesse et l’enfance, et toutes les interrogations qui se posent à eux -et donc à nous- y sont abordées. J’aimerais cette réunion soit une fois encore l’occasion de mettre en train ce « laboratoire d’idées » que doit être la politique…sur le terrain !

L’année des femmes

Unilatéralement, mais en tout cas résolument, nous avons déclaré ce 8 mars, non pas la journée, mais l’année des femmes ! En France, bien sûr d’abord, autour et à cause de la candidate socialiste.

Mais tout autant à Bordeaux, où deux candidates défendent la première et la deuxième circonscription (Beatrice Desaigues et moi), avec en plus aujourd’hui ma suppléante Emmanuelle Ajon. Nous formerons toutes les deux, à ma connaissance, le seul duo de dames (candidate-suppléante) en Gironde et elle est d’ores et déjà l’invitée permanente de ce blog.

Confidence pour confidence, je voulais la présenter aux lecteurs du blog le 8 mars. Et je me suis fortement dépéchée de rentrer du meeting de Bertrand Delanoe à Floirac et de la rencontre que nous avons eue ensuite avec lui.. Minuit vient de passer d’une minute, nous ne sommes déjà plus le 8 mais le 9 mars. Pas grave : n’ai-je pas déclaré en commençant ce billet que 2007 toute entière était l’année de la femme !

« Bordeaux deux rives » en chiffres

Réunion militante ce soir dont le projet était de mettre en perspective la deuxième circonscription de Bordeaux et le pacte présidentiel de Ségolène Royal. C’est un exercice un peu technique, un peu fastidieux, mais d’un extrème intérêt : Bordeaux, et d’abord cette circonscription qui représente la majorité de la ville, démontrent la nécessité (j’allais dire l’impériosité, mais je crois que le mot n’existe pas !) des propositions du PS.

La deuxième circonscription (« Bordeaux deux rives ») compte au dernier recensement 122 000 habitants, dont 46 945 habitants en âge d’activité . Dans cette « population active », le taux de chômage est de 19,3%, identique (et c’est une particularité) entre hommes et femmes.

Sur l’ensemble de Bordeaux (le chiffre n’est pas disponible par circonscriptions) , le nombre de bénéficiaires du RMI est de 11000(30% de la Gironde). Je reviendrai sur ces données (RMI, chômage dans un prochain billet).

Parmi les personnes ayant un emploi dans « Bordeaux deux rives », 25% ont un emploi à temps partiel.

Près de 90% des emplois sont dans le secteur tertiaire, et près de la moitié d’entre eux dans les collectivités territoriales (mairie, CUB…) et dans la santé (CHU en premier) .
Une seule entreprise est dans le « top ten » (les dix meilleures) parmi ses homologues en France : le casino ! Bravo !

Où est le dynamisme économique de cette ville ?

Les familles monoparentales représentent 17% des foyers (3654). Les « chefs de famille » en sont à 85% des femmes, et l’on imagine aisément leurs problèmes ; ce sont donc plus de 3000 femmes qui bien souvent « galèrent ».

Sur 67 910 logements dans la circonscription, on compte 9259 logements vacants (13,6%) et 2962 personnes (13%) habitant des logements indignes (chambres d’hôtel, habitations de fortune, pièce sous louée ou prêtée)(hors SDF).

Je laisse ces chiffres (origine INSEE) à la réflexion de chacun. « Bordeaux deux rives » appartient à la droite depuis 62 ans. Elle s’approche de ce point de vue du record national de défaut d’alternance, de débat et de dialogue.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel