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Tabac, jour zéro

Oui, je crois que c’est vraiment important. L’évolution des réglements, des lois et plus encore des mentalités concernant le tabac. Aujourd’hui, premier jour de l’interdiction du tabac dans tous les lieux publics. Un sacré « encouragement » pour tous les fumeurs à tenter d’arrêter !

Plusieurs points. Cette interdiction est un mélange assez juste, quand sont en jeu des intérêts commerciaux considérables et des enjeux de santé qui le sont encore plus,entre l’incitation et la contrainte. Ce débat a eu lieu à plusieurs reprises dans le blog : « faut-il interdire ? Faut-il informer, éduquer, conseiller…? »

Une partie de la réponse est dans la prise en compte des « forces adverses » à l’information, à l’éducation, au conseil. Dans le cas du tabac, elles sont doubles :
– la puissance des intérêts commerciaux, Etat y compris, qui a mis très longtemps à réaliser que les dégats du tabagisme coûtaient beaucoup plus que ne rapporte l’impôt déguisé que constitue la vente des cigarettes.
– la force de l’addiction. Le tabac est une drogue puissante, aux effets complexes (y compris des effets bénéfiques). Le cerveau devient vite dépendant, les vaisseaux et le poumon vite malades. Il ne faut pas méconnaitre la difficulté du sevrage, en termes physiques comme en terme psychologiques et sociétaux. Les gestes du tabac sont de beaux gestes, des médiateurs sociaux et familiaux, tout cela est très fort.

Un point essentiel de la situation que nous constatons aujourd’hui : la grande majorité des Français estt favorable aux mesures d’interdiction dans les lieux publics . Il a fallu un long chemin jusque-là. La prise de conscience du risque a eu lieu, et, plus difficile encore, la prise de conscience de la nécessité de l’intervention de la loi.

Aujourd’hui, ce n’est pas « la prohibition », comme osent à peine le dire certains ; ce sont en effet des mesures contraignantes qui étaient indispensables, mais ce n’est pas une interdiction du tabac.

J’espère tout simplement que beaucoup d’autres problèmes de santé publique seront compris de la même manière, et que « le politique » saura prendre les mesures nécessaires. Je souhaite seulement que la maturation soit un peu plus rapide (combien de morts et de malades dans les décennies précédentes ?)

Tout n’est pas réglé. D’abord bien sûr sur le tabagisme, mais on peut espérer qu’il sera, mais on peut espérer qu’il sera notablement amoindri.

Mais aussi parce que tout réglement génère des difficultés et des interrogations.

J’étais ce matin à l’hôpital Charles Perrens . Le Conseil d’Administration a la charge de voter le réglement intérieur et nous devions donc le modifier au regard de la loi.

Le problème n’est pas tout à fait simple. Quatre-ving dix pour cent des schizophrènes sont des fumeurs importants. La raison n’est pas démontrée mais il n’est pas exclu qu’il y ait une corrélation entre leur maladie et les troubles cérébraux qui la sous-tendent et le « besoin » de tabac. En tout cas, les effets cérébraux du tabac ne sont pas indifférents dans le cas de cette maladie.

Certains schizophrènes sont hospitalisés d’un jour à l’autre, du fait de la gravité de leurs troubles. Certains sont dans un régime de contrainte, voire même sous un régime pénitentiaire (du fait de fautes pénales) ne leur permettant pas de sortir à l’extérieur des bâtiments.

Faut-il les sevrer brutalement ? Comment organiser les « pauses tabac » de ceux qui peuvent sortir ?

Une autre question : devons-nous appliquer la loi dans les services de soins palliatifs ? L’image à forte charge symbolique de la « dernière cigarette » est en cause.

A ces questions, je crois que l’intelligence et la sollicitude répondront. Mais je voulais les poser pour montrer que la meilleure loi est imparfaite. Et que la meilleure définition de l’éthique, qui ne connait pas véritablement de définition, c’est : savoir se poser des questions, n’avoir jamais de certitude absolue.

Une écologie Haute Qualité de Vie (H.Q.V.)

Ce dont nous allons débattre demain 31 janvier (Athénée municipal, 20h) « la qualité de vie et la santé au coeur du projet écologique » est en tout cas au coeur de ma réflexion et de ce que je voudrais apporter au débat présidentiel et à notre projet législatif.

Après des décennies de luttes sociales, de progrès médicaux, que constatons-nous ? Les hommes vivent plus longtemps et cela est un progrès considérable, social et médical, dont il nous reste à « transformer l’essai » et à faire que cette « espérance de vie » prolongée ne soit pas, pour une part non négligeable, une attente amoindrie de la mort.

Ce n’est pas notre sujet de l’instant.

En dehors de cela, deux versants : des maladies éradiquées, et quelles maladies ! (poliomyélite, diphtérie, croup, à un degré plus incomplet tuberculose, coqueluche…) . Des traitements décisifs, en particulier dans le champ des maladies mentales, renvoyant aux oubliettes toutes les images de ce qu’étaient autrefois « les asiles de fous » ou, plus tard, « les asiles psychiatriques ».

Versant opposé : des maladies nouvelles ou des maladies en expansion « épidémique » alors que ce ne sont pas des maladies dues à des germes ou à des virus : dépression, drogue (addictions de tous ordres), troubles du comportement, obésité, hyperactivité…

Le champ des maladies mentales, codifié précisément, s’élargit au lieu de se restreindre sous l’effet des traitements et des études génétiques. Il concerne de plus en plus les enfants, autrefois très majoritairement protégés de ces troubles.

« Les troubles du comportement », graves ou plus anodins, sont plus nombreux et plus fréquents qu’autrefois. La souffrance, ce mot si beau et si terrible, gagne du terrain au lieu de le déserter.

Pourquoi ?

C’est notre responsabilité de nous interroger. De même que nous devons nous interroger sur le réchauffement de la planète, sur la disparition des espèces, nous devons nous poser une question simple « dans quel état rendrons nous l’homme ? » Et pas seulement « Dans quel état rendrons-nous la planète ? »

Comme Nicolas Hulot pour l’environnement, je veux porter cette question au jour. Pas pour être la mère fouettarde de comportements aberrants ou délétères, mais parce que, comme pour l’environnement, les citoyens sont responsables, doivent être informés, pour pouvoir comprendre et choisir.

Car il y a des réponses. Identifier en particulier l’exploitation commerciale de la vulnérabilité des personnes « mal dans leur peau », en difficultés, en crise, est un pas important. S’y opposer est un devoir politique.

L’évolution de l’attitude que nous avons à l’égard du tabagisme est exemplaire. La prise de conscience a lieu, des moyens législatifs sont mis en oeuvre.

Le tabac n’est pas un danger environnemental (rien de plus inoffensif qu’un champ de tabac !) mais un danger comportemental (le tabagisme). Nous avons compris, tardivement, qu’il faut agir.

Je vous invite très chaleureusement à ce forum participatif (demain, 20 h à l’Athénée municipal de Bordeaux). Et si, ensemble, nous définissions une nouvelle écologie , qui ne se satisfasse pas de critère « H.Q.E. » (haute qualité environnementale) mais qui réclame aux municipalités, à l’Etat, à nous mêmes des critères « Haute Qualité de Vie »?

  • débat participatif : 31 janvier, athénée municipal de Bordeaux, 20 heures.

Suffisants et communiants

Messe du souvenir de l’abbé Pierre. D’où j’arrive, gelée jusqu’aux moëlles, ce qui n’est rien au regard de l’hiver 54. Et il n’est pas mauvais que les faits bousculent jusqu’aux expressions toutes faites : le froid de la cathédrale de Bordeaux, après une longue journée et à l’issue du Conseil municipal, n’avait rien à voir avec celui qui a fait dire à l’Abbé « Mes amis, au secours, une femme est morte gelée cette nuit… »

Cette phrase a été citée de multiples fois ces derniers jours. Elle a été redite ce soir et je la trouve exemplaire. Seule une sincérité totale peut trouver des mots aussi justes. « Mes amis…  » . C’est à la communauté des humains qu’il est fait appel, personne n’est culpabilisé d’avoir chaud, d’être chez soi. « Mes amis… »

Plusieurs textes de l’Abbé Pierre ont été lus par des compagnons d’Emmaüs. L’un m’a frappé, que je cite de mémoire et donc très imparfaitement  » Le monde n’est pas séparé entre croyants et incroyants, mais entre « suffisants » et « communiants ». « Suffisants », ceux qui se suffisent d’eux-mêmes, qui s’intéressent et ne croient qu’à eux-mêmes, ceux qui détournent le regard du malheur des autres. « Communiants », ceux qui partagent les joies et les malheurs des autres. Il y des suffisants parmis ceux qui croient, et des communiants parmi ceux qui ne croient pas ».

Ma citation est maladroite, imparfaite et ne rend certainement pas la force du propos. Elle est exacte dans son sens, mais je serais heureuse que l’on m’apporte la version authentique, certainement beaucoup plus percutante. Le double sens du mot « suffisant » (« qui se suffit », mais aussi « qui est imbu de soi ») est décisif ici. Cet abbé savait que « la langue ne ment pas ».

Je me suis promis de n’avoir pas de langue de bois dans ce blog. J’aurais préféré une messe plus oecuménique, où tout homme de tout horizon se serait senti en « communion » (le même mot encore) avec l’Abbé.

Je rentre et je sens encore ce froid : cette cérémonie était une cérémonie catholique trop traditionnelle, où l’on s’est pressé à la table de communion, où je n’ai pas senti suffisamment l’universalité du message .

Inégalités devant la santé : encore une fois, du simple au double (21)

Deux fois plus de petits mongoliens chez les femmes « sans profession » que chez les femmes informées et pour tout dire « de catégorie sociale supérieure ».

Le fait brut est celui-là et rejoint, à point nommé si l’on peut dire, le billet consacré récemment aux « inégalités sociales de santé » (billet 16 de janvier). Cette proportion extrèmement frappante, choquante, est retrouvée : l’inégalité sociale devant la santé ne se chiffre pas en décimale, l’écart entre une personne pauvre et une personne « favorisée » va du simple au double. Le chiffre le plus frappant, le plus formidablement injuste est celui de l’espérance de vie d’un bout à l’autre du monde : 40 ans ici, 80 là. Serions-nous nés au Burundi, combien parmi les lecteurs de ce blog seraient déjà morts?

Mais restons dans notre pays. Notre rayon d’action n’est pas si grand, même si notre conscience doit avoir de larges horizons.

Un rapport publié dans l’ « American Journal of Public Health », du à une équipe française de l’INSERM, montre en chiffres « sonnants et trébuchants », l’inégalité entre les femmes pour le dépistage des enfants mongoliens. La « trisomie 21 » qui est responsable de ce retard mental du développement de l’enfant, assorti d’anomalies physiques et d’un risque vital particulier, est dépistée et prévenue de manière très différente dans les divers milieux sociaux.

La loi est bien faite : un dépistage est proposé en France à toutes les femmes enceintes (dosage de marqueurs biologiques et échographie). En cas d’anomalies, une « amniocentèse » (ponction utérine de liquide amniotique) est proposée. Cette même amniocentèse est proposée systématiquement en cas de grossesse après 38 ans. Le risque de naissance d’un enfant trisomique est en effet plus élevé après cet âge, et l’amniocentèse permet le dépistage.

Regardons les chiffres avec un peu de précision ; 70% des foetus porteurs de l’anomalie sont dépistés avant la naissance. Ce bon chiffre est une moyenne : 84% chez les femmes cadres, 57% chez les femmes sans emploi. Même importante variation selon l’origine ethnique : 73 % des cas dépistés chez les femmes françaises d’origine, 55% chez les femmes originaires d’Afrique du nord.

Dans la période 83-2002, il y eu deux fois plus d’enfants trisomiques chez les femmes sans profession que chez les femmes de niveau social élevé.

Un point très frappant : lorsque le diagnostic de trisomie a été fait 5,5% des femmes poursuivent leur grossesse. Ce chiffre monte à 11% chez les femmes sans emploi, et entre 15 et 21% chez les femmes originaires d’Afrique du nord.

Une démonstration supplémentaire de l’enjeu qui est le nôtre : réduire les inégalités devant la santé, l’information, la prévention. Ce ne sont pas les médecins qui sont en cause (le dépistage est de qualité, les examens sont fiables..), c’est à l’action politique de se mettre en place.

Une fois encore : la maladie relève des médecins, la santé relève de la politique. Et si bien sûr la politique doit intervenir dans la maladie (remboursements, accès aux soins, hôpital..), la santé est d’abord un problème politique. Et une condition de pouvoir assumer les formidables coûts de maladie.

Une autre conclusion à ce rapport austère : l’importance de la responsabilité sociale des citoyens, chercheurs, scientifiques y compris. Avec ce raport, elle est parfaitement assumée.

L’Ecologie centrée sur l’Homme : débat participatif le 31 janvier à 20h00, Athénée municipal de Bordeaux

L’Ecologie centrée sur l’Homme : débat participatif le 31 janvier à 20h00, Athénée municipal de Bordeaux

Stress Drogues Abus de télévision Jeux video Dépression Troubles alimentaires Hyperactivité Violences Troubles du comportement

PS PRG MRC

Le Parti socialiste, le Parti Radical de Gauche, le Mouvement Républicain et Citoyen, Désirs d’avenir Gironde vous invitent à participer au projet présidentiel de Ségolène Royal

Mercredi 31 janvier 20h00

Athénée municipal de Bordeaux

La santé de l’Homme au coeur du projet écologique :
un enjeu pour 2007 !

L’activité humaine, nos choix de société ne menacent pas que la planète. Le devenir de nos enfants, notre qualité de vie, notre santé, sont mis en danger par des comportements excessifs et par leur exploitation commerciale. Réfléchissons et réagissons ensemble !

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ENTREE LIBRE ET GRATUITE

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Avec Michèle Delaunay, Médecin des Hôpitaux, Conseillère municipale socialiste, Conseillère générale de Bordeaux

Etienne Parin, Urbaniste

Anthony Peyron, Responsable de l’Union nationale lycéenne

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