Conseil municipal, pour plus de moitié consacré au budget 2007. Intervention de chaque adjoint à la suite du Maire et de Jean Paul Jauffret, adjoint aux finances. La parole m’est donnée en dernier, après tous les membres de l’opposition. Pas de problème, je tente seulement de mettre chaleur et conviction dans mes propos sur « la ville au quotidien », et d’exprimer mon souhait que notre ville soit conviviale, pratique et accessible pour tous. J’attire l’attention du maire sur la nécessité d’une politique moins pénalisante vis à vis de ceux qui sont obligés de prendre leur voiture pour leur travail (artisans, infirmières libérales et tant d’autres qui ont à se déplacer en différents points de la ville pas toujours désservis par les transports en commun), ou encore de ceux dont la mobilité est difficile. Je parle en particulier des personnes un peu agées proposant des mesures innovantes, comme des cartes de stationnement « vermeil » (à prix réduit) ou des « pass taxis ». Au contraire de ces propositions, ne figurent dans le budget du maire que potelets, hauts trottoirs faisant la fortune des carrossiers, caméras de surveillance.. Je mentionne aussi la fourrière et les procès-verbaux généreusement distribués même pour des stationnements non gênants dans des zones totalement dépourvues de parkings résidants. Je n’avais pas si tôt commencé que le maire m’a interrompue, je n’en sais plus la raison.
Même chose pour mes autres interventions. Il en faut davantage pour me déstabiliser. J’ai dans tous les cas repris calmement mon exposé.
Nous arrivons au-delà de 20 heures. Une des dernières délibérations traite de la « cession à Bordeaux Métropole Aménagement (B.M.A.) de l’immeuble 38 rue de Cursol » pour une « opération immobilière actuellement en cours d’étude », sans autre précision sur l’affectation de cet immeuble, ce que nous avons tous regretté. Comment peut-on délibérer sans être informé ? La parole est d’abord donnée aux autres membres de l’opposition, comme précédemment. J’interviens en dernier, rappelant en termes très posés les difficultés de stationnement du personnel soignant de l’hôpital Saint André, majoritairement féminin et astreint pour nombre d’entre eux à des horaires nocturnes. Nouvelle interruption, incompréhensible « Mais la communauté urbaine a supprimé ce stationnement ! le président de la CUB a reçu les syndicats sans même avertir le centre hospitalier… », toutes choses qui n’étaient pas directement dans le sujet. Je me suis permise d’émettre le souhait de pouvoir mener à bien mes interventions, comme mes autres collègues, d’autant que le temps en est minuté. Je n’avais pu exprimer encore ma demande d’envisager des possibilités de stationnement pour le personnel de Saint André dans cet immeuble de la rue de Cursol qui est à deux pas de l’hôpital.
Je n’ai pu parvenir à ma proposition, ni illégitime, ni en quoi que ce soit provocante. Le Maire, qui s’était absenté deux heures et qui était revenu plus tendu encore qu’au départ (il venait de dire à notre amie Brigitte Nabet qu’elle était « complètement à côté de la plaque ») a tourné en mayonnaise « Madame, je ne connais personne de votre arrogance ! j’ai présidé bien des instances, jamais, jamais…. » . Sa colère ne lui permettait pas d’aller au bout de ses phrases. Je n’avais été à aucun moment arrogante, parlant posément, l’appelant par son titre « Monsieur le Maire », comme je le fais toujours, suivant en cela les préceptes de Blaise Pascal, souverains en effet pour sauvegarder sa liberté en face des puissants.
Je l’avoue, j’étais interloquée. « Et d’ailleurs, et d’ailleurs, vous m’avez traité de colin froid dans votre blog, de colin froid !! Vous croyez que moi je n’ai pas souvent envie de vous appeler de noms… ». J’ai expliqué, posément encore, que je n’avais fait que citer Jean Hedern Allier, en parlant en effet dans le blog de « sa faconde de colin froid »* (ce qui est un poil différent et reconnaissons-le, assez juste). Je ne vois toujours pas là un crime de lèse-Juppé. Tout homme intelligent s’en serait amusé, m’en aurait parlé et m’aurait, en effet, répondu d’un mot du même niveau assez bénin de plaisanterie.
Cet épisode est affligeant. Je ne le rapporte que pour en consigner exactement les termes, qui, je l’espère seront rapportés tout aussi exactement dans le compte-rendu de séance. Jacques Respaud a très opportunément décidé que notre groupe quitte la séance, comme Juppé l’avait fait pour beaucoup moins à la CUB ? Nous sommes partis derechef au Conseil Général pour la séance nocturne du budget.
Je le dis simplement : ce matin, j’avais fait la visite de mes malades à l’hôpital : chacun avait à faire avec l’essentiel. Je demeure stupéfaite qu’Alain Juppé n’ait pas la moindre distance vis à vis de lui même. Il avait traité en son temps Gilles Savary de « connard » en s’étonnant qu’il s’en offusque.
De plus en plus certainement, je suis opposée au trop grand cumul des mandats dans le temps. Des années après l’autre, voire comme AJ, une vie entière en politique, font perdre le sens commun.
- voir billet 9 et 23 du mois de novembre