Retour très tardif du marché du Colbert où nous êtions nombreux, dans l’air doré et tiède, à vouloir expliquer aux Bordelais que, non, malgré le titre de Sud-Ouest d’hier (j’y reviendrai) les élections n’étaient pas passées et qu’elles avaient bien lieu la semaine prochaine ! Repas « municipal » avec une grande partie de notre liste autour d’huitres, de saucisses chaudes et de fromage artisanal. Moment sympathique : beaucoup venaient nous parler, prenaient une chaise et partageaient un coup de vin blanc. La conversation tournait beaucoup autour du sondage publié hier.
J’ai hésité à en parler dans ce blog de dimanche. J’ai envie davantage de me réjouir de l’harmonie entre le bleu de Delft du ciel, la lumière douce, presque poudrée, et cette chaleur d’automne si particulière, si fragile qui donne envie de ne pas en laisser perdre un instant. Le journal d’hier est à côté de moi : au-dessus d’une grande photo d’Alain Juppé, un grand titre « Juppé à 54% » (sous entendu : Juppé passe à 54%). Plusieurs personnes nous ont dit, qu’un instant, elle s’étaient interrogées « est-ce que les élections sont passées ? ». Ces personnes étaient éclairées, mais combien d’autres, plus incertaines sur les jours de scrutin, voyant de loin les piles de Sud-Ouest et les vitrines des buralistes, ont dû le penser vraiment ? La petite photo des autres candidats en cartouche confirme l’impression : c’est bien une première page de lendemain de scrutin.
Le chiffre qui interpelle, c’est que deux Bordelais sur trois pensent que la démission du conseil municipal n’était pas justifiée et que Juppé aurait du attendre la date normale du scrutin. On est réconforté, pour douter tout de suite après de la minceur de la sanction politique. J’écoutais ce matin citer à France-Culture cette belle phrase du Marquis de Sade « Français, encore un effort si vous voulez être républicains ! ». Je l’applique volontiers aux Bordelais. Puissent-ils faire cet effort dans les huit jours qui restent !
Je ne commenterai bien sûr pas l’ensemble du sondage, qui comprend en particulier l’indice de popularité et de bonne opinion des personnalités politiques bordelaises. Comment 25% des personnes interrogées peuvent-ils ne pas savoir qui est Alain Rousset, quand il s’exprime régulièrement à la télévision et que sa photo est largement dans notre quotidien régional ? J’ai des ébauches de réponse mais qui m’améneraient à trop de digressions, en particulier sur un de mes sujets favoris : la télé.
Dans les commentaires de Sud-Ouest (Dominique de Laage), je retiens un point très curieux. Comparant le résultat de notre liste tel que le donnent les 600 personnes sondées, aux résultats des élections municipales de 2001, il note notre probable progression par rapport au score de Gilles Savary. Mais curieusement, il n’attribue la concurrence des listes Teisseire et Karfa Diallo qu’à celle d’Hurmic ! En réalité six listes étaient présentes à gauche en 2001, et non trois comme aujourd’hui, et Savary a payé l’éparpillement des voix de gauche. Ce que 2002 a répété en pire. Nous avons péché de ne pas savoir l’interpréter dès 2001.
Voilà typiquement un billet de dimanche pré-électoral ! Pourtant l’air est si doux entre les fenêtres grandes ouvertes. La journée n’est pas très loin de finir alors que je voudrais qu’elle commence à peine. Qui, qui mettra à son programme un doublement de la durée des journées de dimanche, et des journées gratuites pour l’achat de trois barils de n’importe quoi. Qui en aura l’audace, en même temps que le pouvoir ?
Qui pourra répondre, à la demande, en apparence pas très socialiste, mais en réalité universelle, de Madame du Barry « s’il vous plait, encore une minute, Monsieur le Bourreau ! » ?