Sur son site électoral (carnet de campagne du 14 septembre), Alain Juppé est d’une mauvaise foi à couper à la scie égoïne dans sa réponse à mon évaluation du prix de la campagne et du scrutin qu’il a provoqué pour son seul bon plaisir.
Rappelons les chiffres que j’ai avancé et fait contrôler (voir billet « le vrai prix de la fausse campagne » en date du 31 aout):
600 000 euros, si quatre listes font au premier tour 5% des voix
Cinq sont à ma connaissance aujourd’hui en lice, quatre dont celle de Juppé lui-même sont à peu près assurées d’atteindre ce score, à moins que notre ex-maire n’ait donné le mot d’ordre d’un vote révolutionnaire (porté sur la partie adverse) à l’UMP. Chaque liste sera remboursée à hauteur de 100 000 euros, ce qui fait bien 400 000 euros, à ajouter aux frais fixes engagés par la mairie. Alain Juppé les chiffre à 152 000 euros par tour de scrutin ; j’avais eu communication de 200 000 ; meilleure joueuse que lui, je lui fais crédit de la différence. Total : 552 000 euros .
– Soixante dix mille euros s’ajoutent à cette somme, si deux listes vont au deuxième tour ;
Et si Juppé persiste dans ce vote révolutionnaire dont sa sous-évaluation laisse présager, on peut espérer que ces deux listes seront la nôtre et celle des verts.
On y ajoute les 152 000 euros de frais fixes pour ce deuxième tour, soit : 770 000 euros, pour le total des deux tours.
Mes chiffres étaient donc bons et confirmés par « Sud-Ouest » ce matin qui revient sur sa première appréciation de 312000 euros pour une évaluation plus juste située entre 500 000 et un million d’euros !
Dans ce même « carnet de campagne », Alain Juppé met en regard de la dépense les formidables économies dues au fait que les 47 conseillers municipaux démissionnaires ne seront pas payés pendant un mois et demi, oubliant que le travail ne sera pas fait non plus. Au demeurant, il chiffre cette économie à 111 000 euros, chiffre rondelet. Je reçois pour ma part 194 euros (net) par mois comme conseiller municipal. Nos indemnités ne sont apparemment pas toutes égales.
Il compte aussi sur des économies de secrétariat de 27 500 euros : sans doute des CDD embauchées uniquement pour cette période, car les secrétaires titulaires continueront à mon avis d’être payées. Le droit du travail est décidément bien malmené à la mairie de Bordeaux. Je ne veux croire qu’il chiffre ainsi les frais de papier et de timbres : les lettres en retard devront être faites après l’élection.
Mais enfin, comble du comble, que ce soit 600 000 ou davantage, Alain Juppé ne s’en offusque pas puisque ce ne seront pas les Bordelais qui payeront mais l’Etat !
L’Etat n’a qu’à payer, en effet ! Et c’est d’ailleurs pour l’application de ce principe qu’Alain Juppé a été condamné à un an d’inéligibilité . l’Etat a en effet financé les emplois fictifs de la mairie de Paris, tout comme il finance (légalement et légitimement) le RPR qui a remboursé 890 000 euros de dommages intérêts à l’issue du procés. L’Etat toujours donc, c’est à dire l’argent public et plus clairement encore, le contribuable. Je préfère dire : le citoyen.
Sur ses documents électoraux, AJ ose demande aux Bordelais de souscrire 10, 20 euros, ou plus, pour soutenir sa campagne, alors qu’il va en encaisser 100 000, ce qui est plus que suffisant pour une campagne de quatre semaines.
« Parlons chiffres, mais parlons en vraiment », dit-il, toujours sur son site. Et il qualifie de « degré zéro de la politique » de chipoter sur ce problème de coût de l’élection. Les zéros, c’est connu, ne valent que par l’endroit où ils sont placés. De toutes manières (je cite) « situons nous à un niveau plus élevé (…) Alain Juppé est un plus pour Bordeaux »…
C’est justement ce « plus » que je trouve grandement excessif pour à peine quelques mois de mandat.