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Jouer utile

Jacek Majcrowski, un de ces noms polonais qu’il faut lire deux fois et copier lettre à lettre (et même cela ne suffit pas puisque le journal Sud-Ouest qui le cite deux fois le fait avec deux orthographes différentes), et qui est spécialiste du droit et de la pensée politique vient d’être fait docteur honoris causa de Bordeaux IV. Bernard Pacteau dit dans son discours d’éloge que « la politique est la forme la plus élevée de la charité ».

Voilà qui ne plairait sans doute guère à la gauche de la gauche, au PS et en dehors. Encore faut-il s’entendre sur « charité », mot chargé de clichés, éculé jusqu’à la corde, mais qui veut dire au fond : chercher à faire sans y être contraint quelque chose de plus ou moins utile aux autres. Et là OK, la bonne politique c’est ça : jouer utile. Pas de chance, Chirac –à moins que ce soit Villepin- a parlél d’une « année utile ». Très franchement d’ailleurs, en 2006, que ce soit l’un ou l’autre, ils se sont plantés.

Charité m’amène à précarité, de « precarius : qui est obtenu par la prière ». Et là si je suis magnanime avec charité, précarité prend tout son poids d’inacceptable. La prière, même laïque, laïque surtout n’est pas faite pour ça. Ce dont on a besoin, il faut l’obtenir par la simple éternelle et bonne justice

Blog de fille

Je m’avise que les blogs sont très majoritairement tenus par des messieurs, comme en réalité beaucoup de choses. Là, au passage, j’hésite entre « messieurs » et « jeunes gens » : s’il faut soutenir la parité, il faut aussi en alléger les manières sous peine de tomber dans un mortel ennui. Blog donc, blog militant pour que l’art du blog ne devienne pas un caractère sexuel secondaire. Blog de fille, parlant de tout et quelquefois de rien, ni blog politique pur et dur à la Buisson, mon honorable collègue et ami Libournais candidat aux prochaines législatives, ni blog publicitaire à la Juppé (« attendez-moi, j’arrive ! »), ni blog privé, le privé n’a jamais été la matière principale de mes cahiers. S’il y a une particularité de la vie des femmes, c’est sa dimension multiple, on peut presque dire hétéroclite devant la variété des taches, des occupations et des préoccupations sur la liste de chaque journée : « voir le fiscaliste, acheter des artichauts, réunir le conseil d’administration… ». « Voir le fiscaliste » est une citation d’Hélène Lemoine avec laquelle je parlais justement de cet encombrement multiforme des journées. Elle mit le fiscaliste en tête de liste.

Blog de femme donc, blog de fille pour poursuivre sur ce ton de petite dérision, dans ce sens de multiple, d’occupé de la totalité de la vie. Mes listes de journée, mes agendas en sont un exemple quasi parfaits, la médecine, le jour le jour, mes deux mandats, le PS s’en disputent chaque ligne . Je ne ferai finallement rien d’autre dans ce blog que développer l’une ou l’autre et y ajouter ce qui n’est sur aucun agenda et qu’on a dans la tête .

Nulle die sine linea

Cette fois, je me lance et je n’écris pas pour le cahier mais pour le blog. Je m’explique : depuis pas très loin d’un demi siècle (ça m’a pris tôt), je m’accroche à cette vérité qu’une ligne écrite est un instant gagné sur la fuite du temps, et je tiens cahier comme d’autres font de l’exercice, ce que j’essaye aussi par vent favorable. Les deux ont souffert beaucoup de mon immersion tardive dans la vie publique. « Pas un jour sans une ligne » , ce précepte si modeste et si difficile est devenu bien souvent « pas une semaine sans un bout de page.. ».

Et donc le blog. Moyen de lier le public non pas au privé, mais au pensé. Chance de parler pour de vrai, c’est à dire dans le silence, à ceux qui auront la gentillesse d’aller y regarder et d’en faire une conversation. Pour ouvrir le blog, je n’ai pas envie d’une dissertation, mais tout simplement de dire bonjour

Et c’est vrai que le jour est bon. Un dimanche d’été en ville, d’une calme tiédeur, devant une fenêtre ouverte sur le silence. Il n’y a que deux luxes en ce monde : l’espace et le temps. A l’instant, maintenant, j’ai un peu des deux devant moi.

Politique de la santé, santé de la politique

Sud Ouest, le 13 novembre 2002

Carte blanche à Michèle Delaunay
« Mettre la santé au cœur des décisions politiques ». Ce n’est pas une marotte de médecin, mais une manière, forte et adaptée aux véritables problèmes des décennies à venir, de voir, faire et dire la politique. Tout d’abord, la santé est tout sauf le contraire de la maladie :  « un état de bien-être physique, mental et social », dit l’Organisation Mondiale de la Santé. Un état d’autonomie de l’individu et de prise de responsabilité pour la société, a-t-on envie d’ajouter, mais cela mérite deux mots d’explication.

(suite…)

Bla-bla, bricolage et rustines

Je viens d’écouter Fillon en live sur TF1 : s’il existait une taxe sur la mauvaise foi, sans aucun doute il serait hors-plafond.

Ce qu’il vient de présenter n’est ni un plan de rigueur, ni un éxercice de vérité. C’est une fois encore de la stratégie électorale, de la politique petit bras pour gagner du temps.

La palme des mesures annoncées, de loin pas la plus importante, mais la plus hypocrite est la taxe sur les boissons « avec du sucre ajouté » (je cite) supposée contribuer à la lutte contre l’obésité. Les ventes de coca cola « ordinaire » (=non light) et des autres sodas s’effondrent au profit de leurs homologues à l’aspartam. Les lobbies ont bien fait leur boulot : c’est les produits qui rapportent le moins que l’on taxe. Même chose en d’autres temps pour les médicaments dé-remboursés: c’est ceux qui ne rapportent plus rien qui sont sur la liste,et qu’on a opportunément remplacés par d’autres plus rentables.

Augmentation du prix du tabac. De combien ? Je prends le pari qu’elle ne dépassera pas 5%, seuil où une augmentation a un impact sur la consommation. Attendons.

La mesure la plus crade, faite uniquement pour la galerie et les gogos qui s’y trouvent ? La taxe en direction des « plus riches ». Elle est supposée rapporter 200 millions d’euros. A titre de comparaison, l’allègement de l’ISF que nous avons avalé il y a quelques semaines a coûté deux milliards d’euros au budget de l’Etat. Tout cela est à vomir. De même que les commentaires dûment sélectionnés par TF1: « Ah, c’est bien, que les plus riches payent ! »

Que les plus riches payent ??? Si vous gagnez 500 000 euros, vous devrez contribuer à hauteur de 15000 euros. On en rêve ! Où peut-on imaginer être moins taxé ? Même Berlusconi a fait mieux il y a quelques semaines.

Encore un chiffre, en regard de ces 200 millions : Air Sarko one et le renouvellement de la flotte présidentielle ont coûté 450 millions.

Les heures supplémentaires défiscalisées ? Elle vont rejoindre les avantages de la précédente loi Fillon (une défiscalisation progressive) pour les employeurs. On y touche sans y toucher, pour ne pas avoir l’air de se renier.

Baisse de la TVA sur la restauration qui, à elle seule, nous a coûté la moitié de ce que ce plan est supposé rapporter ? Touche pas à mon électeur ! On ne change pas une mesure qui n’a rien rapporté, sur aucun plan, hormis quelques adhésions à l’ump.

On ne sait où est le pire, le plus malhonnête, le plus couard. Finallement, c’est peut-être ce qui est le plus caché. Le projet de loi de prise en charge de la dépendance. « En accord avec Roselyne Bachelot, le gouvernement a pensé qu’il était opportun de différer ». Depuis 4 ans que je suis députée, de 6 mois en 6 mois, le projet a été constamment reporté. Qu’importe, me direz-vous ! Est-ce que l’espérance de vie n’a pas augmenté ? Les vieux ont le temps. On verra plus tard.

Rarement, au cours de mon mandat, j’ai ressenti comme une honte le manque de vision, de volonté et de courage de ce gouvernement. Les fanforonnades libyennes ne suffiront pas à soulager cette souffrance.

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel