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Enfin !

Enfin, la loi d’adaptation de la société au vieillissement que j’ai eu l’honneur d’élaborer entre aujourd’hui en application. J’avoue regretter le long délai entre la présentation en Conseil des Ministres, qui suppose un complète finalisation de la loi, et sa mise en oeuvre.

Presque deux ans pendant lesquels on a parlé de mesures très positives que contient ce texte mais sans un coup de projecteur suffisant pour que chacun en prenne la mesure.

Quatre avancées majeures en effet : la revalorisation de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) jusqu’à 60% en cas de petits revenus et de forte perte d’autonomie et en moyenne pour tous de 15% ; la création d’un droit au répit pour les aidants qui leur alloue un financement équivalent à une semaine d’accueil de la personne aidée en structure d’accueil temporaire ; l‘accès aux aides techniques (silver économie) pour les plus faibles revenus et l’adaptation au vieillissement de 80 000 logements. 

En plus de ces quatre mesures substantielles, 100 mesures qui paraissent moins spectaculaires mais non moins importantes comme par exemple l’obligation dans les plans locaux d’urbanisme d’un volet d’adaptation de l’urbanisme et du logement au défi de la longévité.

Ne voyons pas toujours que les seuls trains n’arrivant pas à l’heure ; cette loi est totalement positive, en particulier dans son volet anticipation prévention et ne fait que des gagnants !

Portrait – Michèle Delaunay, femme de combats – Aqui, 29/02/16

Par Romain Béteille, Aqui.fr

Michèle Delaunay, femme de combats

A 69 ans, Michèle Delaunay a eu deux vies : l’une dans la médecine et la seconde dans la politique. L’une a pris le pas sur l’autre. Elle en raconte les reliefs.

Michèle Delaunay - RB

20 février dernier. Le sujet fait la une de la presse. Les primaires des prochaines présidentielles n’ont même pas encore commencé que, déjà, les rangs politiques s’agitent pour parler des législatives et même des municipales de 2020. Dans un billet rédigé sur son blog, Michèle Delaunay, conseillère municipale de Bordeaux et députée de la deuxième circonscription de la Gironde, n’y va pas par quatre chemins. « Aujourd’hui, fortement, clairement, SERIEUSEMENT, j’exprime que si je juge en avoir la force et l’envie, que si je pense comme aujourd’hui être une candidate sérieuse, ayant des chances sérieuses elles aussi de pouvoir réaliser ce sur quoi je m’engagerai, je serai candidate en 2020 à l’élection municipale de Bordeaux », écrit-elle sans détour. Pour comprendre cette annonce un brin prématurée, il faut sans doute revenir quelques décennies en arrière pour analyser le destin un brin singulier de cette femme, fille de celui qui fut longtemps surnommé le « Préfet de Chaban » et haute figure de la Résistance, Gabriel Delaunay.

Avant de faire de la politique sa nouvelle vie, Michèle Delaunay, 69 ans, a été l’invitée des dîners de son père, qui lui ont fait rencontrer des noms aussi illustres que Jacques Delors ou Jacques Chaban Delmas, qui lui a dit, un jour, alors qu’elle avait tout juste douze ans, « Toi, petite, tu devrais faire de la politique ! ». « A cette époque, j’ai rencontré des gens de tous milieux et en particulier des gens assez importants, ce qui est une richesse considérable dans la vie. J’ai été favorisée. Mes parents me considéraient comme assez mûre. J’ai participé à des déjeuners ou à des dîners où ils étaient sûrs que je n’allais pas dire de bêtises ou poser des questions stupides. Mais surtout, j’ai eu le privilège d’avoir l’impression que tout était naturel. Mes parents étaient très simples, ils étaient les mêmes en face d’Adenauer ou de n’importe qui d’autre ». Son père, au fond, ne l’a jamais quittée. C’est d’ailleurs de lui qu’elle a hérité cet attrait, un brin tardif, pour la vie politique : le fait « de rencontrer presque chaque jour des personnes qui sont au top dans leurs champs d’influence ».

La figure d’un pair

Lorsqu’on la retrouve dans sa permanence, rue Saint-Laurent à Bordeaux, il est là qui nous toise, dans la pièce d’à côté, sous la forme d’un portrait à l’encre, encadré et posé sur un chevalet. « Il est presque comme la Joconde. De n’importe-où qu’on se place, on a l’impression qu’il nous fixe », nous confie Michèle Delaunay, un sourire malicieux sur le visage. Dans cet appartement transformé en Q.G trônent encore, sur les tables, ce qui a forgé la personnalité de cette frondeuse que l’on a souvent accusé de s’être égarée à gauche. Des prospectus anti-tabac, quelques restes de flyers de campagne, des cartes de voeux de toutes les formes rassemblées sur un piano fermé. Et ce portrait qui reste en tête, ce regard affirmé que l’on retrouve au milieu de ce visage anguleux, souriant dans son pull marron, presque austère.

« Mon père voulait que je fasse l’ENA », avoue-t’elle. J’avais 15 ans à l’époque; ça n’était pas une mauvaise idée, je pense. Mais on a toujours une volonté d’indépendance par rapport à ses parents, et j’ai fait médecine dans cette perspective. Je ne l’ai jamais regretté, ça m’a donné une solidité dans la vie que je crois irremplaçable ». Jusqu’en juin 2007, elle a été responsable de l’Unité de Dermatologie-Cancérologie à hôpital Saint André de Bordeaux, ce qui a forgé la femme politique qu’elle est aujourd’hui. « Mon expérience médicale a fait que j’ai eu une perception particulière du pouvoir. Le pouvoir médical est beaucoup plus important que le pouvoir politique. Quand vous pouvez entrer dans la chambre d’un malade qui vous attend, depuis plusieurs heures, et que vous lui dites qu’on va devoir lui faire une radiothérapie du cerveau… quel pouvoir immense. Certes sur un seul individu, mais qui a un caractère décisif. La politique, à l’exception des plus hauts niveaux de l’État est d’un tout autre ordre », avoue-t’elle. Car Michèle Delaunay a bien eu deux vies presque parallèles : celle de la médecine et celle de la politique, deux carrières qu’elle ne pouvait pas, selon elle, mener de front.

Une seconde peau

Sa deuxième vie lui a permis d’opérer, dans un délai assez court, une ascension assez fulgurante. En 2001, elle se lance sur la liste portée par Gilles Savary dans les municipales de Bordeaux. Alain Juppé est réélu dès le premier tour, elle fait ses débuts dans l’opposition. En 2004, elle se présente aux cantonales face à Chantal Bourragué, députée de Bordeaux et conseillère générale sortante de droite. Élue, elle en profite pour reprendre un canton détenu par la majorité depuis 45 ans. En novembre 2004, elle subit un échec lors des législatives partielles contre Hugues Martin, mais marque tout de même un point en s’implantant dans une circonscription symbolique. « Je fais semblant de dire que j’ai fait exprès », chuchote-t-elle. « C’était plus important de battre Juppé que Martin. J’ai fait bataille à Bordeaux en 2007 parce que je pensais qu’il était extrêmement important qu’on rompe le lien du député-maire, celui qui a un fief d’une politique féodale. J’ai gagné de 600 voix et avec les pieds. J’ai fait une campagne avant tout pour que les gens me connaissent. Personne ne me connaissait».

Alain Juppé, elle le battra au second tour des législatives en 2007, ce qui entraînera indirectement sa démission du gouvernement. Juppé avec qui elle a noué une relation quelque peu particulière. « Ce n’est pas du tout vrai que je n’aime pas Alain Juppé », réplique-t-elle quand on lui demande si elle a quelque chose contre lui. « Il ne m’a pas donné l’occasion d’avoir le moindre lien affectif avec lui mais je ne le lui reproche pas ». Avant d’enchaîner, sans qu’on le lui demande : « C’est un candidat local extrêmement blessant, humiliant, qui pendant cinq ans n’a répondu à aucune de mes lettres, ne m’a jamais invitée à rien. Il ne s’est pas comporté en républicain au sens vrai du terme, ce que je regrette puisque c’est un homme pour lequel j’ai une réelle estime, de grande envergure. Je n’ai jamais fait bataille contre lui. On est concurrents, chacun donne ses atouts, point. Cela dit, Il m’humilie avec beaucoup de plaisir ».

L’accomplissement

Mais le 16 mai 2012, la carrière politique de Michèle Delaunay prend un nouveau tournant. Elle devient Ministre déléguée chargée des personnes âgées et de la dépendance sous le gouvernement Ayrault. Un ministère qu’elle rebaptise aussitôt « aux personnes âgées et à l’autonomie ». « Je voulais qu’on appelle ce Ministère « transition démographique ». Aujourd’hui, 30% de la population a plus de 60 ans, 27,8% en grande Aquitaine. Ce tiers de la population a 30 à 40 ans de vie devant lui. La place et le rôle des plus de 60 dans la société est décisif, or c’est le trou noir de la pensée politique. C’est ça que je voulais illustrer et que j’illustre encore au quotidien ». Car avant de se faire le chantre de la lutte contre le tabac, Michèle Delaunay a également été chargée de la réforme de la dépendance. Une loi, engageant le gouvernement jusqu’en 2017, qui comprend notamment la refondation de l’allocation personnalisée d’autonomie et des aides techniques à domiciles renforcées. C’est elle, également qui, en 2014, signera le contrat de filière de la silver économie. « A l’époque ou je l’ai lancée, personne n’en parlait. Aujourd’hui elle a pris un peu de couleurs. Il y a eu des rapports, on a lancé des silver-régions dont l’Aquitaine, qui a marché très positivement, fait partie. C’est un secteur qui pourrait développer 300 000 emplois d’ici 2020, si on le porte suffisamment ».

Malgré tout, on lui fait remarquer que cette fameuse « filière » est encore en travaux, et qu’elle se fait plutôt discrète depuis deux ans, bien cachée au fond des ministères. « La politique est encore portée par les hommes, et les hommes ont peur de parler du vieillissement », affirme-t-elle sans détours. « Ils n’ont pas encore le truc. Avez vous jamais entendu parler Alain Juppé du vieillissement ? Il a fait un plan âge pour la ville parce qu’il savait qu’il m’avait dans le dos. J’avais écrit plusieurs tweets là-dessus en le taclant un peu, en disant qu’il fallait emmener les âgés voir des opérettes, des choses comme ça. Il m’a envoyé mon pass senior. C’est un paradoxe. Autrefois, on disait des femmes qu’elles cachaient leur âge. Aujourd’hui, elles le disent beaucoup plus librement et elles portent ce sujet », justifie-t-elle.

Pourtant, elle regrette encore aujourd’hui que le sujet du grand âge soit relégué au fond d’un tiroir. « Ca n’a pas pris du tout comme je le voulais. J’ai eu trop peu de temps. C’est pour ça que j’ai regretté de partir du Ministère trop tôt, il me fallait quelques mois de plus. Je cassais les pieds à Hollande avec cette transition démographique, je voulais être en face de la transition énergétique parce qu’elle était au moins aussi importante. Parce que c’est l’humain. Cette volonté ne m’a pas quitté depuis lors. Par habitude d’élégance, je m’en suis un peu retirée pour ne pas empiéter sur le champ de la ministre qui suivait ». Un remplacement au pied levé par Laurence Rossignol qu’elle a vécu comme « une blessure d’honneur. Cette habitude du remaniement, je pense, est une exception culturelle française. Elle n’apporte rien à la politique, pas un point de notoriété de quiconque. C’est une erreur. Ce qui peut apporter à un pouvoir exécutif, c’est le changement d’un, deux ou trois ministres décisionnaires. Mais quand un ministre n’a pas accompli sa mission, ça n’a aucune importance puisque personne n’en sait rien. Ca n’influence pas le secteur », dit-elle, comme si elle essayait de se faire une raison.

Toujours un coup d’avance

Entre temps, Michèle Delaunay a lancé une Mobilisation Nationale contre l’Isolement des Agés, une piste pour l’ouverture de maisons de retraite spécifiquement destinées à accueillir des personnes LGBT et milité, sous Sarkozy, pour la cause des transsexuels, bien avant l’instauration de la loi Taubira sur le mariage pour tous, en sachant très bien que c’était perdu d’avance. «Je l’ai fait pour poser des jalons. Vous savez, le PACS ne s’est pas fait en une journée. J’ai beaucoup trouvé de mères ou de pères porteuses pour mes lois. La loi autonomie, c’est mon successeur qui l’a portée à l’Assemblée. J’ai globalement été toujours un poil en avance », avoue-t-elle, avec toujours ce sourire malicieux aux lèvres. Celle qui se déclare officiellement « work-alcoholic » a également pris cause, dès ses débuts en politique, pour une lutte active contre le tabac. Régulièrement, depuis, on la voit, frondeuse, dénoncer cette « addiction féroce ». « Le tabac, ça a toujours été un combat personnel. Quand j’ai été élue députée, je me suis dit que je ferai avancer la lutte contre le tabac. Je n’en cherche pas la gloire. C’est un fléau universel. Chaque avancée que l’on fait politiquement sauve plus de vies que dans une année d’un médecin ». Un héritage de sa première vie, qu’elle continue de porter aujourd’hui, et qui revient sur le devant de la scène lorsque, dans les rangs de l’Assemblée, on parle d’un potentiel paquet à dix euros, qu’elle défend depuis des années comme étant un « seuil psychologique ».

Paradoxalement, c’est ce seuil là qui a conforté Michèle Delaunay qu’elle était bien une femme de gauche, malgré toutes les critiques qu’elle a pu subir, notamment lorsqu’on a appris en 2012 qu’avec 5,4 millions d’euros, elle était la deuxième ministre au patrimoine le plus important derrière Laurent Fabius. « Je suis extrêmement engagée sur l’égalité des possibilités. Je suis sûre que je suis de gauche parce que je suis farouchement en faveur de donner à chacun toutes les chances de l’égalité, et non pas l’égalité des chances. Je n’ai pas d’hésitation là dessus ».

De nouveaux combats

Aujourd’hui plus que jamais, Michèle Delaunay est une femme qui n’hésite pas à partir au front. Si elle se déclare globalement fière de la ville de Bordeaux dans laquelle elle officie, elle y dénonce régulièrement des politiques qu’elle juge excluantes. Comme lorsqu’on lui parle de la politique de stationnement payant pour tous les résidents de la ville. « J’en suis bénéficiaire, à tous les plans. J’ai la possibilité d’acheter le macaron, j’ai une cour ou je peux me garer et faire garer mes collaborateurs, je trouve plus facilement du stationnement et j’ai l’argent pour payer les quinze euros ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Mais l’aide à domicile qui gagne moins que le SMIC va mettre un pourcentage non négligeable de son heure de travail, souvent pénible, pour seulement stationner; çaa montre que c’est une politique qui a été faite par quelqu’un qui a un chauffeur… Tout cela sans parler du fait que la mairie est en train de brader notre patrimoine foncier aux promoteurs qui veulent faire du profit immédiat. Ils vendent à 5000 euros un terrain qui leur revient à 2000 euros le mètre carré pour des bâtiments qui, dans trente ans, seront moches ».

Même après ces deux vies parallèles, Michèle Delaunay semble en tout cas avoir toujours autant de convictions, qu’elle n’est apparemment pas prête d’abandonner. C’est sans doute toutes ces pièces qui, mises bout-à-bout, forment le puzzle qui aide à comprendre son engagemen dans les futures batailles électorales qui suivront les présidentielles de 2017, notamment les municipales qui, si Alain Juppé suit les pronostics, pourraient ouvrir le champ à de multiples candidats actuellement en place au conseil municipal. Elle pourrait alors avoir une chance de continuer à porter les combats dont elle a établi les pistes quelques lignes plus haut. Bien qu’active au conseil municipal et députée, elle semble bien, dans ses paroles, viser ce nouvel objectif. « Un député n’a aucun pouvoir concret. C’est le ministère de la parole, mais ça n’est pas du tout dépréciatif. Si les gens vous font confiance et vous demandent de porter une cause, vous ne le faites que par la force de votre crédibilité et de votre parole. Mais ce n’est pas suffisant dans la vie. Le mandat de maire est certainement l’un des plus beaux dans la vie d’un politique ». Sourire. Silence.

Paris-Berlin

Ce fut au début du siècle dernier entre ces deux villes une rivalité, plus justement une émulation, artistique, urbanistique, architecturale, littéraire qui a fait date ; tout cela dans un contexte européen sans doute plus solide que l’actuel, parce que la culture en était le centre.

La guerre a absurdement, dramatiquement et par deux fois, fait voler en éclats ce couple si particulier et jamais reproduit. Aujourd’hui « Paris-Berlin » demeure dans la formulation politique un « axe », un couple politique inégal et donc fragile. De retour de deux jours dans la vieille/nouvelle capitale de l’Allemagne, l’occasion de comparer deux atmosphères, deux pays, deux interrogations si différentes sur l’avenir.

L’Allemagne n’a aujourd’hui qu’un sujet : les réfugiés. Ce sujet n’est pas mince, il est à la dimension du monde et il interpelle au premier chef le leader économique de l’Europe. Mme Merkel, aujourd’hui contestée sur sa droite a beaucoup fait pour l’honneur de l’Europe et de son pays avec trois mots « Wir schaffen das » (« ça, nous pouvons le faire »). Trois mot à la fois petits et à la taille du « Yes, we can » d’Obama. D’ailleurs, ils sont dans deux langues différentes l’expression d’un même appel à la fierté et à la capacité d’effort qui va avec. Avons-nous entendu, venant de qui que ce soit et de quelque parti que ce soit, même appel aux Français de surmonter la crise suicidaire où notre pays s’enfonce ?

Un million cent mille de ces réfugiés déjà arrivés an Allemagne en 2015, et 100 000 autres pour le seul mois de janvier 2016. Pendant cette même période, la France en a reçu moins que le seul Etat du Schleswig Holstein, qui compte comme deux millions d’habitants, à l’égal du département de la Gironde.

L’Allemagne est sans doute au maximum non peut-être de sa capacité d’accueil mais certainement de sa capacité d’accueil en un temps aussi court. L’extreme droite attise les craintes et les rancoeurs et grimpe dans les sondages en vue de l’élection législative prochaine de trois länders. Le SPD, membre de la grande coalition qui dirige le pays, peine à faire accepter le « paquet social » (contribution d’Etat assurant apprentissage de la langue et formation professionnelle pour les adultes, crèche et école pour les enfants). A cette première partie du « Paquet » un effort en faveur des Allemands les moins riches et en premier lieu une augmentation des petites retraites) afin de contrer le leit motiv des populistes « tout pour eux et rien pour nous ».

Voilà un beau combat pour le parti socialiste allemand. A la hauteur aussi, reconnaissons-le, de l’état économique de l’Allemagne puisque le SPD propose en fait d’attribuer l’excédent budgétaire national pour moitié aux réfugiés et pour moitié à l’amélioration des conditions sociales des Allemands les moins favorisés. Soit 10 milliards pour chacun. Heureux pays !

Une plaisanterie (à moitié) circule outre-Rhin dans les milieux internationaux « les Allemands veulent être aimés, les Français veulent être pris au sérieux ».  On en comprend le sens caché en lisant en parallèle la presse allemande et la nôtre, où on trouve que déchirures à tous les étages de la gauche comme de la droite. Le sujet des réfugiés, cette question majeure et inéluctable au seul examen de la démographie mondiale, ne couvre chez nous que peu de colonnes, largement distancée par la tribune de Martine Aubry ou les huées reçues par le Président de la République au salon de l’agriculture.

Mais au fait comment font-ils les agriculteurs allemands auxquels nous reprochons de vendre moins cher que nous ?

Alors, n’y a-t-il pas quelques leçons à prendre de nos voisins concernant les relations entre les Partis, la capacité des dirigeants capacité d’appeler à l’effort (et il en a fallu depuis les années 2003-2005  où l’Allemagne a du consentir des réformes douloureuses, de la possibilité d’exercer gauche et droite réunies quand la situation l’exige. Nous en restons trop souvent aux querelles de tribus quand c’est tout le pays qui prend l’eau. Les syndicats (Medef et FNSEA en tête en ce moment) font de la politique au moins bon sens du terme quand il s’agirait d’écoper et de ramer pour sauver le bateau France.

Dire que je suis revenue de ces deux jours follement optimiste serait excessif…

 

 

 

Les balcons de Ginko

De Berlin, où ont été évoqué aujourd’hui les enjeux démographiques mondiaux, les balcons de Ginko semblent loin. Ils s’en rapprochent brutalement à la lecture du verdict les concernant : tous montés de manière insatisfaisante et dangereuse, alors que le Maire de Bordeaux m’a répondu il y a peu, avec ce ton insupportable de celui qui sait relativement à celui qui ose l’interpeller : « il ne faut pas faire un monde d’un balcon qui tombe.. »

Certainement pas « un monde » mais peut être la fin d’un monde. Celui de l’insupportable légèreté de la politique vis à vis à la fois de la réalité quotidienne et des enjeux majeurs de nos sociétés. Notre ville est aujourd’hui vendue à des promoteurs avides de bénéfices rapides par un maire nécessiteux de soutiens dans sa course à la primaire de la droite, elle même susceptible de lui ouvrir la magistrature suprême. Un balcon d’un nouveau quartier de notre ville, où des Bordelais investissent tout ce qu’ils possèdent, fétu de paille n’est-ce pas au regard de l’enjeu personnel du Maire…

Je crois tout le contraire. Un secrétaire d’Etat allemand auquel je disais tout à l’heure mon regret de n’avoir pas su convaincre mon Gouvernement de l’importance de la transition démographique m’a répondu, avec le plus grand sérieux et en anglais « sans doute était-ce trop concret… ».

Il en paraissait triste, je l’étais aussi. Comme je le suis de la désinvolture avec laquelle a été considérée par la municipalité  de Bordeaux la chute d’un balcon nouvellement construit à Bordeaux.

 

 

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