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Hossegor, 5 aout

Le vent, ici, paraît traverser les murs. Jamais, il ne consent tout à fait à se taire, jamais il ne laisse une quelconque canicule s’installer et paralyser le mouvement permanent de la mer, l’impression d’agitation existentielle que donnent les bords de côtes. On ne vient pas dans cette maison pour trouver la paix ou l’oubli, mais pour mettre le brouhaha de l’intérieur des terres en perspective de mouvement permanent, inchangé depuis des siècles et sans doute des millénaires.

Il y a 14 ans mon père mourait à Bordeaux dans une chaleur étouffante et dans une ville déserte où organiser des obsèques paraissait un défi à la bienséance qui fait que l’on dérange plus facilement l’activité que les sacro-saintes vacances françaises. J’étais en face de lui pour le dernier hoquet qui souleva sa poitrine, à tout jamais condamnée à l’immobilité . Dans un de ses livres, il avait écrit désirer mourir en novembre, mois qu’il n’aimait, sans doute dans la vague idée que quitter le monde est moins désagréable ou plus facile quand, lui, le paraît et ne donne pas envie de s’attarder davantage. J’avoue n’avoir eu jamais de ces préférences. La mort, que j’ai si souvent accompagnée me paraît, où que ce soit et à quelque moment qu’elle survienne, incompréhensible, brutale, irrationnelle, inévitable et pourtant inconcevable. Même écrire à son sujet a quelque chose d’hypocrite, comme si nous voulions nous en prémunir ou la chasser. Mais rien, ni vaccin, ni réflexion, ni lecture, ni œuvre d’art, qui puisse nous mithridatiser et moins encore nous familiariser à ce trou béant qui avance vers nous et demeure invisible.

 

 

Sexagénaire et désireuse de le rester

Un journaliste en mal d’actu se lance dans un micro-trottoir. En appuyant un peu, je l’avoue sur la première syllabe du mot clef, il interroge les passants :

– Et vous, Monsieur, que pensez-vous des sexagénaires ?

Le Monsieur est un peu interdit du caractère direct de la question.

– « Eh bien… S’ils ne font pas de mal aux autres…  »

Une femme, moins timide devant les réalités de ce monde : – « Moi, je dis qu’on en parle trop.. A la fin, ça les regarde mais au moins qu’ils restent entre eux, voilà tout.. »

Un gamin, carrément déluré, s’approche en voyant la caméra : « Moi, je serai sexagénaire aussi quand je serai grand ».

Il réfléchit un peu et constatant la mine effarée de la dame, il ajoute timidement :

– » Comme mon grand-père… »

L’histoire ne dit rien de la vraie nature de ce grand-père. Mais rien que parce que c’est une histoire très mignonne, je trouve terriblement triste, d’un jour à l’autre, sans avoir rien fait pour ça, de ne plus être sexagénaire. Cette heureuse catégorie m’a toujours réjouie, et j’ai bien l’intention de m’y ranger de force pour les 20 prochaines années..

 

 

 

Bon anniversaire, Monsieur le Maire,

Vous êtes à Hossegor côté lac et moi à front d’océan, mais ce n’est finalement qu’une petite distance qui nous sépare. Internet sera la mouette rieuse qui vous portera mon message.

« Bon anniversaire », vous l’imaginez bien cela n’a jamais signifié « bonne journée d’anniversaire ». C’est une sorte d’hommage à tout ce qui a mené jusque là et un souhait pour ce qui vient encore et je l’exprime avec une sympathie très libre pour tout ce que cela suppose de beau courage. Nous nous suivons de peu en âge et je sais qu’il n’exclut pas les grands desseins, mais qu’il en fait plus justement compter les marches et mesurer l’effort pour chacune.

Que cette journée vous soit une halte chaleureuse, une bouffée d’air océanique,

bon anniversaire, Monsieur le Maire,

MD

 

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