Emplois d’avenir : l’indispensable marchepied
Le dispositif des emplois d’avenir a été présenté aujourd’hui au Conseil des Ministres. Il le sera au Parlement dès l’ouverture de la session extraordinaire le 10 septembre et les premières embauches auront lieu avant la fin de l’année.
Cette présentation vient à point nommé après la parution des chiffres du chômage : 3 millions de chômeurs en catégorie A, 10% de la population active française. Ces deux chiffres sont même dépassés après inclusion des chômeurs dans les DOM et les TOM.
L’augmentation la plus forte concerne les jeunes sans qualification. On entend souvent que « les diplômes ne garantissent pas l’emploi ». On n’est pas loin de la vérité inverse : l’absence de toute qualification garantit l’absence d’emploi. Fait aggravant : on voit également s’élever le nombre de jeunes chômeurs de longue durée (plus de 3 ans) en quête d’un premier emploi.
Les emplois d’avenir s’adressent très majoritairement à ces jeunes pour lesquels -en tout cas beaucoup d’entre eux- ils constituent le marchepied indispensable. Le choix pour eux n’est pas entre un « vrai » emploi, ils n’en trouvent pas, mais entre cette possibilité qui leur est ouverte et un chômage de très longue durée associé à la désespérance sociale avec tous les risques qu’elle comporte.
Les 16-25 ans sans qualifications sont en France 2 580 000. Seuls 29% d’entre eux accèderont rapidement et durablement à un emploi. Dans les zones urbaines sensibles près d’un sur deux est au chômage.
Les emplois d’avenir s’accompagnent systématiquement d’une formation pour augmenter les chances de pérennisation à l’issue de la période (1 à 3 ans) de prise en charge du salaire à hauteur de 75% (1 à 3 ans). Cet élément de « formation » est trop souvent oublié dans les présentations des médias : il constitue pourtant la clé de la réussite du dispositif.
Dans le secteur ministériel qui m’a été confié, il s’agit d’une véritable chance ouverte aux jeunes femmes des « quartiers » d’accéder durablement à des emplois d’aide aux âgés, soit à domicile, soit en établissement. Elle constitue aussi une possibilité -et même un certitude- d’ « inclusion » sociale, dont l’impact est non seulement la jeune femme elle-même mais sa famille présente et future. Les enfants dont la mère travaille hors du domicile ont significativement moins de risques d’avoir des comportements violents que ceux dont la mère reste à la maison. Cela parait un paradoxe, c’est une réalité démontrée par plusieurs études scientifiques à grande échelle. L’inclusion passe majoritairement par les femmes et on oublie bien souvent de le souligner et plus encore d’utiliser et de soutenir ce levier.
Tout cela est passé sous silence dans les commentaires lapidaires de la droite pour mettre au pilori ce dispositif avant même qu’il n’existe. Pour mémoire, le bilan des emplois- jeunes de Lionel Jospin (dont le public cible était différent) est loin d’être négatif comme les chiffres mais aussi beaucoup de ceux qui en ont bénéficié en témoignent.
La bataille pour l’emploi, priorité du quinquennat, ne se gagne pas en se lamentant, ni en condamnant de principe. Mais en empilant les pierres qui y apportent des solutions.