A Eric de Montgolfier
Monsieur le Procureur,
C’était un honneur pour nous tous de vous rencontrer et de vous écouter hier à Bordeaux. Un honneur et un plaisir particulier pour moi de vous accueillir dans ma circonscription comme c’est l’usage d’une République que tous nous voulons exemplaires.
Je ne partage pas totalement à titre personnel votre rejet de la possibilité d’inéligibilité en cas de faute avérée d’un élu, mais votre point de vue m’a permis de regarder autrement la question et je vous en remercie. Comme vous et selon votre formule, je suis convaincue qu’ « en démocratie, le soupçon, c’est le pire » et qu’il peut être spécialement dramatique à l’encontre d’un Président en exercice.
Je voudrais éclairer ma position concernant l’exemplarité de la République. Elle concerne bien évidemment en premier lieu ceux qui se sont portés candidats à y assumer des responsabilités. Pour cette raison, j’ai été totalement favorable à la publication des patrimoines et à la dénonciation de tout conflit d’intérêt. Concernant le premier point, un des rares où nous ayons été très légèrement consultés en 2012, alors que je venais d’être nommée Ministre déléguée, j’y avais souscrit sans réserve mais avec une remarque « les Français s’y intéresseront le premier jour, puis oublieront et ne le porteront pas à notre crédit ». Ce fut le cas. La question du bilan du quinquennat et de la nécessité de le porter ou non était hors de mon champ de vision, comme vous l’avez un instant cru.
Lorsque j’ai évoqué le sujet, vous avez répondu « Vous avez été nombreux à être contre ». Je ne pense pas un seul instant que vous puissiez avoir été prévenu à mon endroit, mais je tiens à ce que, ni vous même, ni le public n’ait le moindre doute sur mon attitude d’alors, comme sur mon exigence d’exemplarité.
Un point qui m’est important est l’appel à l’exemplarité, plus justement à l’honnêteté et à la probité du Peuple lui même. Une personne du public vous a d’ailleurs interrogé sur l’enseignement des valeurs, la nécessité d’apprendre aux jeunes à distinguer le bien du mal. A cela aussi, je souscris.
Il est important de poser les problèmes avec hauteur, mais vous en conviendrez j’en suis sûre, il est important pour un élu qui se présente de nouveau au suffrage, que « le soupçon » n’entrave d’aucune façon ses paroles et son action.
Soyez assuré, Monsieur le Procureur, de mon respect et de mon admiration dans chacune des phases de votre carrière de magistrat. Bordeaux, comme moi même, aura toujours honneur et intérêt à vous recevoir. MD