Double hommage
Trois beaux écrivains, doublés de grandes personnalités, sont morts au cours des trois derniers jours : Georges Emmanuel Clancier, François Bluche et Claude Lanzmann.
Ce n’est qu’avec le premier que j’ai un lien autre que littéraire. « Clancier » (je dirai pourquoi je l’appelle ainsi) est né en 1904 et donc mort à 104 ans. Il compte parmi le petit nombre d’écrivains à avoir dépassé le siècle.
Il avait avec mon père (né en 1907) une triple parenté : des origines très modestes, un passé résistant et cette proximité d’âge et de goûts qui les fit se rencontrer. Devenu Directeur Général de la RTF, mon père proposa à l’auteur du « pain noir » d’être son directeur des programmes, poste important dans une structure de radio-télévision qui était encore à taille humaine. Leurs proximités les amenèrent à une sobre amitié que je crois avoir été pour l’un et pour l’autre, durable.
Mon père l’appelait « Clancier », ce qui n’était pas pour lui une manière habituelle. L’honnêteté m’oblige à dire que je ne sais pas comment Clancier appelait mon père, mais certainement pas « Monsieur le Directeur général ». Il est en tout cas resté à ce poste jusqu’en 1975 en passant de la RTF à l’ORTF.
Voilà, j’aurais du parler davantage du « pain noir » qui fut certainement un ciment entre eux. Mais je ne voulais rien d’autre qu’en faisant hommage à l’un, l’autre aussi en soit atteint.