Les souriants
Ce ne sont ni les benêts, ni les crétins de la fable, pas davantage les ravis de la crèche, ce sont ceux qui vont à la rencontre des autres sans crainte ni a priori, et sans doute avec une certaine assurance positive de ce qu’ils peuvent apporter. J’aurais pu dire aussi : une certaine générosité.
Le premier d’entre eux est Hollande. J’en ai, bien avant qu’il soit même dans la course élyséenne, plusieurs fois parlé dans ce blog. Hollande sait naturellement sourire et mon seul regret dans son ascension « au plus haut niveau de l’Etat » est que cela soit moins souvent visible, qu’il doive se contraindre et qu’il soit moins régulièrement en contact avec ce « tout un chacun » qui fait la France.
Beaucoup d’autres comme lui. Pas tout à fait comme lui. Chacun a sa manière de sourire. Quelquefois masquée dans une certaine timidité, un plissement particulier des yeux, comme pour s’excuser, ou au contraire une couche d’onction méditerranéenne.. Il y a aussi des sourires appris, étudiés au millimètre, que j’exclus du jeu de parti pris et que l’on reconnait aisément. Mes souriants ne sont que des souriants naturels, congénitaux, que je n’ai pas connus bébés mais que j’imagine sans peine gratifier l’accoucheur des prémices prometteurs d’un sourire.
Des exemples, des noms ? Les premiers qui me viennent sont deux frères : Martin et Emmanuel Hirsch. L’un est ancien Ministre, l’autre titulaire de la chaire d’éthique à Paris. Ils ne sourient d’ailleurs pas tout à fait du même sourire, mais tous les deux sourient comme ils marchent ou comme ils respirent, sans avoir besoin d’y penser et peut être sans s’en rendre compte. Deux autres, très différents : Jean-Paul Delevoye et Frédéric von Roekeghem. Le physique de l’un (ex-médiateur de la République) est tout entier jovial, l’autre (directeur de l’assurance-maladie), tout au contraire passe pour un dur. Qu’importe, tous les deux ont reçu ce don d’un ciel, ciel dont je ne sais où il se situe mais auquel j’adhère volontiers.
Peu de femmes, dans cette liste ? C’est vrai. Tant de femmes ont appris à sourire par métier ou par artifice, que leur sourire naturel y a perdu le devant de la scène. Roselyne Bachelot sans aucun doute et qui en use comme d’une arme ; à l’opposé, ma bien-aimée prédécesseure Ministre des personnes âgées de Jospin, Paulette Guinchard. Entre les deux, Catherine Lalumière. Dans un monde différent, soeur Emmanuelle.
Les souriants ont quelque chose que les autres n’ont pas. A l’opposé de la médiocritude du petit bashing ordinaire, je leur fais crédit d’être préoccupés d’autres chose que du strict quotidien.
Bref, et je crois que ça se devine un peu, je les aime plutôt bien.