Bonne rentrée ?
En ces derniers jours d’août, nous nous souhaitons les uns aux autres « bonne rentrée ! ». Et ce n’est pas un vain souhait : cette rentrée, comme les précédentes n’est pas libre de soucis : croissance du 2ème trimestre nulle en France, alors que le 1er avait accordé un +0,7% autorisant l’optimisme ; permanente menace d’attentats ; risque de retour d’une crise économique venant, comme la grippe autrefois, de la Chine…
Mais à eux que disons-nous ? Au million de migrants qui veulent justement entrer sur notre continent, nous les Européens, que répondons-nous ? De très loin, du fait de son poids humain, cet enjeu est le plus lourd, et il est double car il signe à la fois le drame où plongent nombre de pays et le manque de cohésion et de préparation de l’Europe.
Rien qu’au cours du dernier week-end, en un seul jour, 4000 migrants ont été sauvés en mer et ramenés sur nos côtes. Italie, Espagne, Grèce sont en première ligne. L’Allemagne, elle, par ses capacités d’emploi, en ligne de mire et elle prévoit d’accueillir 800 000 demandeurs d’asile cette l’année.
Cet afflux considérable a d’abord une origine politique du fait de la situation effroyable de plusieurs pays. Irak, Libye, Afghanistan où les occidentaux ont combattu. Syrie où la population est prise entre l’enclume du pouvoir en place et le marteau de l’ « Etat » Islamique. Erythrée où sévit un régime sanguinaire.
Mais économie et climat viennent en renfort des causes d’émigration et la rendent toujours plus inéluctable. Nous serons dans 25 ans 9 milliards (7,3 aujourd’hui), cet accroissement considérable de la population mondiale imposera des mouvements migratoires et compte au premier rang du nouveau monde en train de se construire.
Ces migrants, très majoritairement de jeunes adultes, pour la plupart masculins et ayant souvent une formation professionnelle avancée, doivent y trouver et y faire leur place. Y trouver d’abord, par une harmonisation européenne du droit d’asile et des solutions décentes de premier hébergement. Y faire ensuite, en ayant des possibilités d’apprentissage des langues et des métiers qui pourront leur faire retrouver une vraie vie. A cela, nous ne sommes pas préparés mais nous devons renoncer à l’illusion de construire, comme en Hongrie, des murs pour protéger nos frontières.
Dire « bonne rentrée » ne suffit pas mais nous devons nous y préparer sans œillères.