Sortir du tabac
Le tabac tue et a tué beaucoup plus que le nucléaire. Cette comparaison n’a d’autre sens que de mettre en perspective l’ambition que je me suis donnée et que j’ai largement diffusée « sortir du tabac en 2030 ». « Sortir du tabac » est aujourd’hui le nom compte twitter que j’anime avec le soucis d’aborder en liberté tous les aspects du tabagisme et de la lutte qu’il doit susciter sur le plan individuel, politique et culturel.
Il me semble que nous amorçons cette sortie du tabac. Les chiffres de vente fléchissent de 20%, sur tous les produits du tabac depuis l’augmentation du prix du paquet à 8 euros, preuve s’il en était besoin que le facteur prix est l’élément déterminant. On pourrait douter de la nature de cette diminution, les fumeurs faisant souvent des « provisions » dans la perspective de l’augmentation mais l’augmentation parallèle des ventes de substituts nicotiniques laisse à espérer qu’il s’agit bien d’une réduction de consommation du tabac et de l’affirmation d’une volonté plus étendue d’arrêter.
L’augmentation du prix et, en ligne de mire, la promesse d’un « paquet à 10 euros » est le facteur déterminant. Au passage, avouons que c’est une de mes fiertés en politique d’avoir lancé en 2015 ce seuil symbolique, par mes amendements à l’Assemblée et dans la presse en tant que présidente de l’alliance contre le tabac ; puis de l’avoir vu ensuite cheminer jusqu’à une prochaine concrétisation. Ce facteur déterminant n’est cependant pas le seul. Il suit des mesures dites de « débanalisation du produit » dont le paquet neutre est le meilleur exemple. Il s’ajoute aux très belles campagnes de « Moi(s)sansTabac qui sont porteuses d’un message pratique de santé publique et d’aides à arrêter, dont le remboursement prochain des substituts nicotiniques n’est pas le moindre. Cette mesure a tardé (elle vient après le forfait de 150 euros mis en place en 2017) car elle imposait d’obtenir des groupes pharmaceutiques un prix conventionné et donc remboursable pour ces produits, au lieu du prix « libre » plus avantageux pour les fabricants comme pour les vendeurs.
C’est donc une stratégie complète et diverse de prévention, telle qu’on nous l’apprend en santé publique, qui laisse entrevoir « le début de la fin » de ce commerce de mort qu’est le tabac.
Tout cela n’est ni facile, ni gratuit. Les buralistes ont ainsi obtenu cette année une enveloppe supplémentaire de l’Etat de 250 millions d’euros en vue de leur « diversification ». Cette somme est considérable et, disons par exemple, que les EHPAD ont obtenu une « rallonge » de 50 millions d’euros sur le plan d’investissement dont elle bénéficient chaque année. La loi d’adaptation de la société, qui a permis une augmentation notable d’une allocation sociale (l’APA) avait pour contrainte de ne pas excéder 650 millions. C’est donc, en ces temps d’économies, un effort considérable de l’Etat.
J’entends par ailleurs que l’on pourrait vendre « la Française des jeux » et que les buralistes (et, d’une certaine manière, les cigarettiers) pourraient faire partie des acquéreurs. Sans aller plus loin, je ne voudrais pas que cela facilite le remplacement de la pire des addictions, par une autre, l’addiction au jeu et en particulier aux jeux en ligne). Soyons attentifs à ce risque.
Cette pratique n’est pas coutumière de ce blog mais je tiens à saluer la détermination de la Ministre Agnès Buzyn, dont j’ai été convaincue, lorsque je l’ai rencontrée pour la première fois à l’INCA (Institut National du Cancer) sur ce même sujet du tabac. Si la baisse de consommation se confirme et perdure, oui, nous pourrons espérer la « sortie du tabac en 2030 »