Premier matin du reste de ma vie
Le jour se lève sur les murs oranges de l’ancien ministère des affaires sociales et c’est une interrogation, un voeu plutôt, presque une prière qui me réveille : puissé-je recommencer à écrire.
Depuis quelques jours impossibilité d’écrire sur ce blog, d’écrire tout court. Ce ne sont ni les événements, ni les chiffres qui ont manqué mais sans doute « le temps de cerveau disponible », celui que Patrick Lelay voulait utiliser à vendre ou à consommer de la pub sur TF1. Est-ce d’ailleurs « le temps de cerveau » ou au contraire le temps de son repos, le temps de vague où j’imagine les synapses se remettre à entrelacer leurs petites mains, à chercher ailleurs pour y trouver un doigt ami branché sur autre chose que l’immédiateté.
Toute la nuit -enfin un morceau- celui sur lequel j’ai été réveillée par le jour- a été occupé d’un étrange rêve : un malade mental, suivi à dix ans d’intervalle et que se dégradait et la personne à ses côtés, toujours la même (époux, épouse, médecin ?), qui vivait ses comportements chaque jour plus étranges et qui étaient en passe d’en faire une sorte d’épave grotesque que l’on devrait bientôt cacher.
Et aussitôt, dans cet étrange décor des hautes façades oranges de la partie ancienne du ministère des affaires sociales aujourd’hui réduite à l’entourage d’une petite cour où donnent mes deux fenêtres, j’ai pensé à Bordeaux. Pas mon Bordeaux privé, pas même mon jardin qui s’éclaire lui aussi dans une gamme dense de verts frissonnants, mais ce Bordeaux politique dont nous parlions hier soir avec Vincent et Bertrand. Ce que j’ai voulu rendre matériel dans la ville, ma permanence parlementaire, comment la faire évoluer dans la nouvelle configuration qui est la nôtre ? La faire bouger ? L’installer ailleurs ? La faire vivre dans la même harmonie suractive qui fut celle de la campagne ?
Et puis, ma pomme. Après presque deux années de campagne (cantonale, primaires, présidentielle, législative), retrouver le fond. Le retrouver, pas y tomber ! Et retrouver le fond c’est bien davantage monter dans cette part du cerveau qui conçoit, qui se projette, qui met en forme et, finalement, qui écrit.