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Silvers and the city

Bon an, mal an, notre espérance de vie continue de grimper son petit bonhomme de chemin : en moyenne un trimestre par an et l’espérance d’être centenaire concerne maintenant un nouveau-né français sur deux.

Bonne, très bonne nouvelle, qu’aucun sondage, aucun déclinisme ne vient réfuter ! Un détail pourtant : ces 30% de Français de plus de 60 ans qui ont en moyenne aujourd’hui 30 ans à vivre, personne n’a vraiment réfléchi à leur place et à leur rôle dans notre société.

La proposition de l’ex-ministre Rama Yade d’un service civique obligatoire pour les retraités a eu au moins le mérite de remettre tant soit peu le sujet dans l’actualité. Comme beaucoup, j’ai tordu le nez sur la mention « obligatoire » : je suis une tenante fervente de la théorie selon laquelle plus on vieillit, plus on est libre. Ce qui ne veut pas dire, tout au contraire : moins on doit être actif et présent dans la vie de la Cité.

La place des âgés dans la société constitue ni plus ni moins que le trou noir de la pensée politique. La « transition démographique », pourtant radicale et décisive pour tous les champs de notre organisation sociale, ne fait pas florès dans les discours des élus ni des gouvernants. Elle est pourtant, à l’égal de la transition énergétique, un des enjeux majeurs de ce XXIème siècle. Soit on la réussit, soit on va à grandes brassées vers une lamentable guerre des générations.

Penser, valoriser, favoriser le rôle et l’engagement des âgés dans la société peut être affirmé comme le prototype d’une politique « gagnant-gagnant ». C’est bon pour eux, pour lesquels l’activité et l’utilité constituent le meilleur outil du bien vieillir et, si possible, du pas vieillir du tout. C’est bon pour la société qui a besoin de ces « silvers » pour mettre en place de multiples politiques et, non seulement transmettre les « valeurs » mais les faire partager.

Dans cette perspective, le volontariat civique senior que j’ai introduit au forceps dans la loi vieillissement, a pour objet de valoriser toutes les formes de bénévolat à haute valeur sociale ou citoyenne quand il est suffisamment continu, « professionnel » c’est à dire  expert en son domaine, et formateur pour d’autres bénévoles.

Quand j’ai quitté le Ministère le projet demeurait en construction car nous avions décidé avec les grandes associations du bénévolat de le co-construire. Manuel Valls, alors Ministre de l’intérieur, avait accepté que la distinction soit remise en préfecture pour lui conférer le caractère républicain que notre pays a si fort besoin de voir incarné.

Le Président de la République a depuis lors lancé l’idée de « réserves » professionnelles à destination des âgés. Ces « réserves » existent pour les militaires, pour les médecins dans le cadre d’initiatives privées comme celle de Xavier Emmanuelli à Paris. Pourquoi ne pas les étendre aux enseignants et à tant de corps de métier où le besoin d’expertise serait nécessaire à tant d’associations ou de petites entreprises. Cela faisait partie du chantier que nous avons mis en route.

Avec le sociologue Serge Guerin, nous soutenons l’idée de la participation des « silvers » à l’universalisation du service civique. Je reçois régulièrement des âgés qui voudraient mettre leur expérience mais aussi leur inventivité au service d’engagements citoyens  nouveaux, quelquefois inattendus, où les 18-25 ans trouveraient un supplément de sens à leur vie.

Le champ de l’âge est un des plus créatifs qui soient : ce que nous vivons -la longévité- n’a jamais existé dans toute l’histoire de l’humanité. Tout est à inventer. S’il y a une forme à saisir de développement durable, c’est bien celle-là. Surmontons les tabous, les lourdeurs, les pesanteurs : les âgés ne veulent prendre le job de personne, ni instituer une quelconque gérontocratie. Ils veulent être les artisans de ce monde nouveau dont leur grand nombre participe et quand ils font valoir leurs droits à la retraite, ils signent aussi pour n’être pas laissés en retrait.

 

 

 

 

Service civique universel : pour les âgés aussi !

Le service -ou volontariat- civique senior revient aujourd’hui au coeur de l’actualité dans le contexte actuel de besoins de la République et à l’issue de la très remarquable conférence de presse du Président.

J’ai dû beaucoup batailler pour que ce service civique soit présent dans la loi d’ « adaptation de la société au vieillissement » que j’ai élaborée dans mon temps de Ministre. Tout le monde n’en comprenait pas le sens ni le besoin. Il s’agit d’abord de valoriser et de favoriser le rôle des retraités dans la société. Ce rôle est d’ores et déjà majeur, mais manque la reconnaissance de la République pour l’accompagner et le mettre en lien avec ce « vivre et faire ensemble » que les événements récents ont remis au coeur de nos préoccupations.

Le Président Hollande a annoncé aujourd’hui dans sa conférence de presse le »service civique universel » pour les jeunes de moins de 25 ans. Dans cette première étape, « universel » ne veut pas dire « obligatoire ». Cette éventuelle deuxième étape demandera le recours  à une consultation populaire par referendum.

Il m’apparait comme une évidence que ce service universel doit s’étendre aux retraités désirant accompagner ces jeunes dans ces quelques mois d’ engagement et ceci, spécialement, dans le domaine de compétences qui fut celui de leur vie professionnelle.

Les jeunes veulent-ils s’engager auprès des personnes âgées ? Qui mieux qu’un (le plus souvent une) professionnel(le) dans ce domaine peut, une fois à la retraite, lui expliquer les enjeux, la grandeur mais aussi tous les aspects humains et pratiques de cet engagement et les difficultés qu’ils pourront y rencontrer ?

D’autres veulent s’engager dans les secours humanitaires et la santé ? Qui mieux qu’un médecin ou un soignant ayant pratiqué cet engagement sur le terrain, peut leur en ouvrir les clefs ?

Les exemples peuvent être multipliés à l’envie. L’intéret de cette sorte de « contrat de génération de l’engagement » est à la fois multiple et évident : lien entre les générations, valorisation des âgés, partage d’expériences, établissement de liens de « tutorat doux », rassurement et mise en valeur des jeunes qui se trouvent inclus dans un mouvement continu de fraternité et d’utilité sociale.

François Hollande a déjà fait l’annonce à l’occasion d’un face à face télévisé avec une chômeuse de plus de 55 ans, d’un « contrat aidé senior » pour accompagner ces seniors jusqu’à l’âge légal de la retraite. Ma proposition vient dans les suites de ces deux annonces : le RSA senior et le service civique universel.

Un moment très important, des perspectives très positives. Le temps du déclinisme, de la dépression de masse et du bashing est peut-être derrière nous. De cela, nous sommes tous un peu responsables, du meilleur comme du pire.

A tout prendre, je choisis le meilleur.

 

 

Suivi et Infogérance par Axeinformatique/Freepixel