Maigre canon, triste buzz
Les médias s’emparent d’une pétition lancée par un citoyen bordelais, plus coutumier jusqu’alors de l’encombrement des trottoirs que de l’exemplarité de notre démocratie.
La pétition vise à exiger de Vincent Feltesse de démissionner soit de sa nouvelle fonction à la Cour des Comptes, soit de ses trois mandats régionaux (Conseiller municipal et métropolitain, Conseiller régional).
Toute question mérite d’être posée, elle ne doit jamais se transformer en une attaque ad hominem. Soit la règle est mauvaise et il faut la changer, soit elle est bonne pour tout le monde. Dans la première hypothèse, tous ceux qui bénéficient de cette règle doivent être inclus dans la pétition. Regardez les listes des membres des grands corps de l’Etat ou de la haute fonction publique : nombreux sont ceux qui sont aussi élus locaux et c’est à tous qu’il faut demander de démissionner. Stephane Pusateri (notre citoyen bordelais) se réveille bien tard et bien sélectivement. Jamais nous ne l’avons entendu lors des précédents quinquennats.
Jamais non plus, Stephane ne s’est manifesté lors des 20 années du mandat d’Alain Juppé, qui pour un tiers de ces 20 années a été exercé à mi-temps, l’édile étant en même temps Ministre. Pouvait-il éxercer pleinement son mandat local et y consacrer l’entièreté de son temps, comme l’exige Stephane : bien sûr que non ! Notre Bordelais s’est tenu coi, mais pas notre Gouvernement, qui a interdit tout cumul d’un mandat exécutif (Maire ou adjoint par exemple) et d’une fonction ministérielle. Si la règle est mauvaise, il faut la changer.
Je me tiens donc à la disposition de Stephane Pusateri, pour examiner ses propositions : que peut-on ou ne peut-on pas cumuler avec trois mandats locaux non exécutifs. S’il a des raisons suffisamment argumentées, on peut regarder ce qui peut être ajusté. Beaucoup a été fait dans ce quinquennat pour l’exemplarité de notre démocratie : non cumul de tout mandat exécutif avec un mandat parlementaire ou ministériel, transparence et interdiction des conflits d’intérêt, publication des revenus et patrimoines… S’il y a des ajustements, on peut les examiner mais de grâce, ne désignons pas à la vindicte populaire, l’un ou l’autre, quel qu’il soit, fût-ce à la faveur de la vacuité médiatique d’entre noël et jour de l’an.