Leonard Cohen
Quelques mots, quelques lignes pour fixer la date où l’on découvre que la voix qu’on entendra toujours, que l’on a toujours entendue, ne parlera plus jamais, qu’elle viendra désormais d’ailleurs comme une blessure que l’on rouvre.
So long, Leonard.. Depuis tant d’années, compagnon de vie, fréquent ou occasionnel, dans des lieux ou des moments si différents mais toujours avec une sorte de communication directe, instantanée, au premier mot, au premier son. Cette masculinité blessée, cette voix si profondément sonore qui aurait pu donner des ordres, rendre bouleversant un discours politique, et qui avait choisi un tout autre registre : celui d’un mot, d’un son, de faire croire à qui l’écoutait que c’était lui, l’ « écoutant », qui avait du talent, lui, personne d’autre, qui avait été un jour bouleversé, remué et qui en garderait éternellement la marque.
Il y a 20 ans, sûrement plus, j’avais traduit « Suzanne » en français (qui retrouvera un jour ce papier parmi tous les autres de mes papiers ?) pour voir si l’émotion ne venait que de la voix ou aussi du texte, pour faire, à l’inverse et dans une autre langue, ce que Ferré a fait des poèmes de Verlaine ou de Baudelaire.
Pour le moins, j’aurais voulu que Cohen partage le Nobel avec Bob Dylan, l’impact universel et l’inexplicable symbiose entre texte, mélodie et voix sont pour moi plus grands encore pour le premier que pour le second.
Il est mort. Trois mots si simples et si terribles que l’on n’utilise qu’avec crainte et quelque fois pas du tout, les remplaçant par toutes sortes de formules. Non, il ne nous a pas quittés, il ne s’est pas éteint, il est mort, comme avant lui sa « muse » à laquelle il disait qu’elle le devançait à peine de la longueur d’un bras..
Compagnon d’une vie pour tant d’humains de tous pays de ma génération. Plus mystique que rock star, tellement plus fascinant que tant d’autres talentueux et inspirés pourtant qui l’ont précédé dans ces derniers mois terribles pour le chant et la musique populaire contemporaine.
Celui qu’on entendra toujours et qui ne parlera ni n’entendra plus dans un néant, tellement néant, que l’imagination ne peut pas même concevoir.
Comments 3 commentaires
12/11/2016 at 16:05 Louis
Léonard Cohen est mort au moment où Trump était élu. Bizarre que cela ne vous inspire aucune réflexion … Sur un plan purement artistique, sa musique avait la consistance d’un plat de spaghettis trop cuits. C’était le prototype de l’obsédé sexuel BCBG.
12/11/2016 at 17:14 citoyen
Cher Louis, de gustibus non est disputandum. Ceci en ce qui concerne votre appréciation assez isolée de l’art de L Cohen. Quant à la coïncidence des deux événements , votre question me semble un peu influencée par des liens mystiques que vous verriez entre les deux. Sinon expliquez nous quelle réflexion cela vous inspire…
13/11/2016 at 08:01 Louis
Au risque de vous surprendre, cela ne m’inspire aucune réflexion.