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L’exigence de la mixité sociale et scolaire occupe nombre de mes billets, en particulier parmi les derniers. J’y reviens à la faveur d’une note de la fondation Jean Jaurès qui mérite d’être couronnée du titre de « lecture de la semaine ».

A Paris, comme dans nos métropoles (et je pense en particulier à Bordeaux) la ghettoïsation des quartiers s’accentue d’années en années. Ce n’est peut-être pas seulement de la seule responsabilité des plus riches, mais bien souvent aussi de la politique des municipalités qui habillent des termes (pas totalement injustifiés) de « rénovation » et de « lutte contre l’habitat insalubre » la gentrification des quartiers populaires de leurs communes. Les opérations de réhabilitation des logements se solde souvent par un départ de populations qui ne reviendront pas du fait de l’augmentation des loyers. On se doute que les municipalités de droite y ont un intérêt plus marqué que celles qui s’appuient sur un vote populaire, pourtant même cette considération n’a pas un caractère absolu. Que l’ordre et la propreté soient mis en avant -comme c’est toujours le cas- et la majorité des habitants y trouve son compte.

Le drame s’acutise car la mixité sociale d’un quartier détermine en grande partie la mixité scolaire. L' »entre-soi » des quartiers riches est dommageable pour les adultes qui en viennent à partager des codes et des cultures qui les séparent des autres, il est dramatique pour les jeunes qui, dès la maternelle, âge où les a priori ne sont pas encore construits, vont voir s’imposer à eux un modèle uniforme qui ruine la découverte de l’autre, de ses différences et de ses richesses. De ce point de vue, les ghettos de riches et les ghettos de pauvres sont également dommageables.

J’ai été conseillère générale (on dit aujourd’hui « départementale ») d’un quartier de Bordeaux où  sont installés deux collèges, l’un dans la partie « Chartrons », l’autre dans la partie populaire (le « Grand Parc ». Tout y était différent, de l’atmosphère aux résultats, malgré les efforts des deux équipes enseignantes.

J’en profite au passage pour donner un coup de chapeau à Jacques Chaban-Delmas. Je ne connais pas d’autre Maire de droite qui ait créé de toutes pièces un quartier en coeur de ville comportant 80% d’habitat social. Ce quartier, « le Grand Parc » a été négligé pendant 20 ans par son successeur qui en réhabilite enfin les grands équipements mais… y concentre les nouveaux logements sociaux de la ville quand d’autres territoires en comptent 0%.

Il y a pourtant des remèdes. Par exemple, compter le taux de logement social par grands quartiers et non par communes. Par exemple, se garder comme l’envisage le Gouvernement d’ « assouplir » les exigences de la loi SRU de 25% de logement social en 2025 pour l’ensemble des communes. Par exemple, distribuer les élèves d’un quartier très social sur plusieurs collèges de la ville (le « brushing »); par exemple imposer une distribution sociale à l’intérieur des collèges privés. Le contraire se passe à Bordeaux : un collège privé se construit dans le quartier le plus social de la ville (les Aubiers), les élèves de ce quartier n’y seront que très parcimonieusement accueillis. Par exemple, installer des établissement d’excellence dans les communes ou dans les quartiers les plus défavorisés…

La pratique au quotidien est très éloignée de ces ambitions. « Le recul de la mixité sociale ronge le modèle républicain ». Je cite ici le papier de Françoise Fressoz dans le quotidien « Le Monde » en date du 22 février. Tout le monde le sait, beaucoup le craignent, quelques uns s’en inquiètent mais la plupart regardent ailleurs.

 

 

 

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