Brève de camp’ : Cours de Luze à Bordeaux, quelque part entre Egypte et Tunisie
Ce soir, cours de Luze, dans ce vent glaçant dont le Grand Parc a le secret. Bref échange avec une dame de mon âge, l’air soucieux comme j’ai souvent et, comme il m’arrive aussi, le besoin d’échanger quelques mots.
– Où en sommes-nous ? Que va-t-il se passer ?
Une pause, un instant suspendu :
– Bien sûr, nous avons un vernis, c’est pas tout à fait pareil. Mais nous ne sommes pas très loin de la Tunisie ou de l’Egypte…
Nous n’en sommes pas si loin. Je n’ai pas eu même à répondre, elle a compris. Elle a compris combien j’étais frappée par ses mots. Si proches de ceux que j’ai failli écrire, quelque part vers 4 heures, la nuit précédente ; à cette heure où le noir nous parait plus noir que noir et où nous avons souvent raison.
Beaucoup sentent ce poids, ce subtil étau de non-dit, de blessure rentrée et ce vernis qui, comme une étrange cotte de maille, nous empêche d’aller trop loin ou de dire trop fort.
Cet après-midi, écoutant les propos du Maire de Bordeaux au Conseil municipal, esquivant les questions de l’opposition PS, avec ce sourire finement méprisant, ce regard qui cherche dans ses troupes l’approbation et bien souvent l’obédience, n’aurais-je pas eu une si grande affection pour mon ordinateur qui retransmettait la séance, j’aurais craint de le défenestrer.
Il y a dans cet « entre soi » de ceux qui sont du bon côté ou qui croient l’être, quelque chose de totalement insupportable. Immanquablement, pas toujours dans le bon ordre, il me revient ce morceau de vers de Ruy Blas: « Et vous, Ministres intègres, serviles conseillers… »
Je ne suis pas tout à fait sûre que le peuple tunisien soit imprégné de Victor Hugo. Mais Victor Hugo à coup sûr était imprégné de ce qu’il y a d’universel dans la fierté d’un peuple.
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