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On se doute que je suis présente à l’atelier « santé, social, retraites », même avec l’idée d’apprendre moins là qu’ailleurs. Mais il y a toujours quelque idée à glaner, souvent d’une question de la salle, car très honnêtement notre brochette d’orateurs est un peu classique et garnie de nos habituels experts. Dehors, grand beau, atmosphère de détente, La Rochelle étalée autour de nous dans tout son charme et sa qualité de vie.

Quelques idées, en vrac..

Déserts médicaux : les mesures incitatrices à l’installation des médecins dans ces zones seront-elles suffisantes ? Non, si elles ne sont pas accompagnées d’un effort d’aménagement des territoires. S’il n’y a dans les zones désertées ni école, ni bureau de poste, ni labo de biologie, les médecins ne s’y installeront pas même avec des facilités financières.

– les enjeux de santé (Claude Evin, président de la Fédération Hospitalière) : 1- enjeux de santé publique ; ce n’est pas l’offre de soins qui détermine majoritairement le niveau de santé des populations 2- enjeux financiers (recettes/dépenses) 3- enjeux organisationnels : accessibilité financière, territoriale, qualité de l’offre . Quel service de santé veut-on installer dans notre pays ? Les pistes :

  • renforcer la démocratie sanitaire. Place de plus en plus importante des usagers, place de l’ensemble des citoyens dans le débat public sur les questions de santé
  • se poser la question : qu’est-ce que la solidarité doit prendre en charge ? Certains traitements coûtent de plus en plus cher, imposant de dérembourser les médicaments à moindre service rendu. Le choix ne doit pas dépendre seulement des études scientifiques mais doit faire participer le public pour pouvoir être accepté
  • organiser un véritable service public de santé, concernant l’ensemble des acteurs, y compris bien évidemment la médecine dite libérale . Rappelons nous que la France est le seul pays où 40% des établissements de santé relèvent du privé, avec de plus en plus l’introduction des fonds de pension dans leur capital, point sur lequel nous devon être particulièrement vigilant.

Les risques de la T2A (tarification à l’activité) : le gouvernement a posé l’objectif qu’en 2012, les tarifs soient identiques dans le privé et dans le public. C’est à la fois inatteignable et cela amènera à terme à la disparition des établissements publics

  • réforme de la gouvernance ; exemple de la radiologie : les tarifs négociés pour les actes dans le privé sont entrain de tarir la radiologie publique. Il faut un pilote national.

La reconstruction de l’état de prévention sociale : prévention, prédiction, éducation, y compris éducation thérapeutique (Jean-Marie le Guen, député et récemment nommé président de l’assistante publique des hôpitaux de Paris). J’y reviendrai.

Financement (Jérome Cahuzac, député-maire de Villeneuve sur lot) – ce financement est injuste et non proportionnel aux capacités contributives ; exemples : le bouclier fiscal qui inclut la CSG, les franchises. – avant même la révision de croissance, le déficit de la branche vieillesse est de 5,6 milliards d’euros. Il n’existe que trois parametres permettant une réforme : durée de cotisation, montant des cotisations, versement des pensions ; système suédois : compte individuel de retraites ; permet une simplification et une homogénéisation. La retraite est une rémunération différée. – deuxième branche, par ordre décroissant de déficit : l’assurance maladie (4,6 milliards d’euros) ; annonce d’une taxe nouvelle qui serait la 10ème taxe nouvelle de Sarkozy depuis juin 2007 Mais il y a d’autres pistes. Comment se fait-il par exemple, qu’un médicament, 20 ans après sa mise sur le marché, coûte non seulement le même prix, mais plus cher ? Pourquoi cette garantie des prix pour ces seuls produits ? Bien évidemment, le prix doit baisser et on doit l’imposer. -Les deux autres branches, famille et accidents du travail, ne sont pas déficitaires, ce qui ne veut pas dire que des réformes ne soient pas nécessaires. En particulier, le financement des accidents du travail ne doit pas être constamment déporté sur la branche maladie. Il faut que les entreprises cotisent le juste prix, c’est le seul moyen qu’elles mettent en oeuvre des mesures de prévention adéquates.

On se doute que je suis intervenue. A l’issue de ce long atelier, je n’ai abordé qu’un point : l’obligation pour nous de revoir le dogme qu’aucun acte médical ne peut être obligatoire en dehors de la lutte contre les maladies infectieuses et contagieuses. (en clair, la seule obligation actuelle, stricto sensu, est représentée par les vaccinations).

JM le Guen, comme je le fais régulièrement, a insisté sur le volet éducation-information-prévention. Avec une absolue raison : sans cela, nous allons dans le mur, sur le plan humain, sanitaire, financier. Sans cela, la fracture de santé, entre les plus riches et les plus pauvres, déjà large dans notre pays, ne fera que s’accentuer.

Malheureusement, tout nous montre, en particulier les études épidémiologiques, que les campagnes d’information, d’éducation et de prévention touchent en premier lieu (et quelquefois exclusivement) les personnes qui sont déjà informées et éduquées. Les autres les plus isolées pour des raisons sociales, culturelles ou cultuelles, et bien souvent les trois, ne sont pas touchées.

On en arrive au paradoxe que ces campagnes, ces actions, élargissent la fracture de santé au lieu de la combler.

Deux exemples : 1 – le dépistage du cancer du sein, qui ne franchit pas le taux de 55% de femmes de plus de 55 ans bénéficiant de ce dépistage . Beaucoup de ces femmes étaient déjà suivies et le « dépistage pour toutes » ne change rien pour elles. Les autres sont les plus « défavorisées », et de ce point de vue, elles le restent.

Or nous ne modifierons significativement les courbes de survie de ce cancer, que si plus de 60% des femmes sont dépistées. C’est aujourd’hui une mesure d’équité sociale de généraliser ce dépistage.

2- Le suivi et les soins bucco-dentaires dans le jeune âge. Le nombre de caries non obturées est un marqueur social significatif séparant les plus pauvres des plus riches.

Ces deux actes (dépistage du cancer du sein, suivi bucco dentaire dans l’enfance) doivent être gratuits et généralisés si nous voulons être à la fois efficaces et équitables socialement (ces deux mots ensemble devraient être synonymes de « socialistes »)

Le hic est qu’actuellement, comme précédemment évoqué, nous ne pouvons les rendre obligatoires et donc nous ne pouvons les étendre aux plus modestes.

Si nous ne voulons pas aller dans le mur, socialement, humainement et financièrement, il faut que nous ayons ce culot de changer le paradigme et de rendre possible ce caractère obligatoire, sans avoir les cris d’orfraie des libertaires issus par exemple de la gauche. (tout le monde a le droit de choisir sa vie et de se tuer s’il veut)

C’est avec cette détermination qu’on a rendu obligatoire le vaccin contre la poliomyélite, et éradiqué cette maladie.

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