« Jamais rien pour nous sans nous »
Les personnes handicapées ont eu cette force d’imposer au début des années 2000 cette maxime qui a su résonner comme un ordre légitime vis à vis des gouvernements et des responsables publics. C’est aujourd’hui le tour des « personnes âgées » de s’en réclamer avec la même force.
Au passage, l’on comprendra j’espère que je n’utilise pas la formule « personnes en situation de handicap ». Imagine-t-on dire « personnes en situation d’âge ou de grand âge ». Je plaide au contraire pour la simplicité des mots et pour que les « personnes âgées » soit des « âgés » comme les jeunes sont « jeunes ». Cela ne signifie pas, tout au contraire, que l’âge (ou le handicap) est leur identité. Cela signifie qu’ils sont émancipés soit de leur âge, soit de leur handicap, et que cette identité qui les fait des individus égaux et libres, est au contraire individuelle et les caractérise indépendamment de tout le reste
Mais ce que je veux défendre dans ce post, c’est que rien ne doit être fait, ni dit, pour les âgés sans les âgés. Ni les lois, les réglements, ni les objets ou dispositifs de la silver économie, ni les trottoirs des villes, ni les plans de déplacement urbain, ni les discours des politiques qui parlent de « nos ainés » alors qu’ils ont eux-mêmes 75 ans.
La difficulté est qu’il est quelquefois difficile de se positionner comme « âgé » sans que l’on perde dans le regard de l’autre un je ne sais quoi de modernité, de vision d’avenir, de capacité à comprendre les « d’jeunes », sans que l’on soit un peu moins ce que l’on a toujours été. C’est un défi qu’il faut relever, individuellement tous les jours. Le plus grand bouleversement de notre siècle, le plus beau creuset d’innovation, c’est au contraire de drôle de truc, si prévisible mais que personne n’a prévu : la longévité.
Ministre, j’avais l’habitude de dire : « c’est merveilleux, mon ministère est le seul ministère en croissance, et le seul aussi où chaque jour qui passe, je gagne en expertise ».
Sur ce dernier point, je confirme : c’est toujours vrai.
C’est vrai pour chacun de nous, les 25% de plus de 60 ans de la Région Nouvelle-Aquitaine . C’est vrai partout, c’est vrai toujours. Ce qui manque trop souvent aux âgés, c’est la confiance en eux-mêmes. Pétroleuse, on a été, pétroleuse on reste. Combattant, résistant, exigent, à la scène comme dans la vie, ce que l’on l’a été, on le demeure, en meilleur bien souvent. Pas moins égaux (mais pas plus) que tous ceux qui se réclament de l’égalité.
La révolution de l’âge est à faire parmi les âgés eux-mêmes et ceci, peut-être, en premier lieu. Les « retraités » ne doivent en aucun cas se vivre comme « en retrait ». L’économie fonctionne en grande partie grâce à la consommation et aux transferts financiers des 60+ vers leurs descendants. Pour les élections, en cas de forte abstention comme c’est de plus en plus souvent le cas, ils sont majoritaires à eux seuls.
Soyons tranquillement, mais fortement, à notre place qui est décisive, et osons dire « nous ».
Comments 1 commentaire
06/07/2024 at 12:50 Jean-Luc Simon
Merci de ce texte tout à fait en phase avec le temps présent. La reprise de ce slogan par les vieux et les très vieux est vivifiant, il donne vie à la demande de citoyenneté qu’il porte en ses mots, et surtout rapproche les populations marginalisées dans leurs luttes pour la participation et la considération.