Le plaisir délicat du programme électoral
Légère comme un papillon depuis que j’ai mis le dernier point virgule à mon Programme législatif et que je l’ai dépêché chez l’imprimeur pour que les Bordelais le trouvent en temps utile dans leur boîte aux lettres.
Exercice éminemment difficile, pesé, réfléchi, poli à la pierre de l’expérience pour ceux qui ne le confient pas à un communicant ou qui ne le reçoivent pas, tout prêt, identique pour tous, de leur Mouvement ou de leur Parti. Député est un mandat éminemment individuel, où chaque candidat s’engage en fonction de son expertise personnelle, de ses engagements antérieurs et de son expérience professionnelle dans la vraie vie ; et s’il doit être loyal à la bannière sous lequel il se présente, c’est tout seul qu’il sera dans l’hémicycle au moment de défendre ou de contrer un projet de loi, de porter un amendement, de déjouer un vice de forme, d’avancer des chiffres, de solliciter des données scientifiques .. Chaque député doit vous dire dans quelle commission il siégera et pourquoi. Pour moi, ce sera la commission des affaires sociales, la plus chargée en textes puisqu’elle a pour mission de gérer tout ce qui concerne le quotidien des Français, de l’enfance à la retraite.
Pourquoi, une fois encore ce choix : parce que cette commission sera en première ligne pour défendre les Français, grands ou petits, vulnérables, fragiles, malades ou en bonne santé et désirant le rester… Ce qui ne m’empêchera pas d’aller voir ailleurs : environnement, moralisation de la vie politique, etc…
Tout cela doit être présent de manière à la fois simple et synthétique, porté par des exemples concrets et compréhensibles de tous. Ne méprisons jamais l’électeur en promettant le plein emploi dès la prochaine rentrée, l’extinction du paupérisme ou en jurant de marcher en direction de l’avenir et du progrès.. Non seulement un programme législatif n’est pas un programme présidentiel, mais surtout les Français savent et comprennent que le champ du possible est seul à pouvoir susciter la confiance.
Tout cela pourtant serait presque facile, si comme l’a fait le nouveau Ministre Bruno Le Maire à l’occasion de la présidentielle, nous pouvions décliner notre programme en mille pages. Plus un programme est gros, moins il sera lu, mais s’il est trop mince, on comprendra sans difficulté qu’il est vide et que les engagements n’en sont pas, qu’ils sont simplement des mots.
Bref, le programme législatif que l’on écrit soi-même, est une sorte d’abrégé du supplice chinois; il vous réveille la nuit, à 4 h du matin précisément en ce qui me concerne, vous fait sans cesse regarder le calendrier dans l’inquiétude qu’il soit prêt à temps, et vous scotche à votre montre, pour finir la dernière relecture avant l’envoi. Et quand il est envoyé (ouf !), quelque vieux démon vous précipite sur la page 4 pour vous assurer qu’ « entre-soi » a bien son trait d’union, que les accents aigus comme les graves se baladent en bon ordre au-dessus du mot « délétère » et que … Des lecteurs attentifs l’examineront sans a priori pour décider de leur vote.
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