Les hommes savent-ils que les femmes ont aussi des coudes ?
Dix années de transhumance hebdomadaire avec la navette d’Air France Bordeaux-Paris m’ont amenée à m’interroger sur cette grave question et, finalement, à pencher pour le « non ».
L’expérience mérite d’être tentée : assise à mi-longueur d’un avion bien plein, glissez votre oeil entre les fauteuils devant vous. Il apparaît alors, débordant des accoudoirs, une longue ligne de manches de vestes sombres ou de manches de chemises selon la saison. Autrement dit, des bras quasi-exclusivement masculins. L’expérience de voisinage va dans le même sens. Tentez, si vous appartenez à la gent féminine, d’ouvrir un magazine ou un dossier, vous n’aurez le plus souvent que le choix de ramener les coudes au corps après avoir fait l’expérience aiguë de ceux de votre voisin de gauche comme de celui de droite. Pousser l’un ou l’autre est rarement payé de succès, sinon pour quelques instants, avant de voir le coude réapparaître tout aussi menaçant quelques centimètres plus avant sur l’accoudoir..
Je l’avoue avec une certaine honte, alors que les sociologues s’emparent aujourd’hui du sujet du « manspreading »(« étalement masculin ») : j’ai quant à moi, le plus souvent choisi la solution d' »adaptation » en me resserrant sur moi-même, laquelle n’est rien d’autre d’après leurs dires qu’ une soumission à la domination masculine. Le mouvement « Osez le féminisme » s’est aussitôt emparé du sujet, avec la même vigueur avec laquelle il a lutté pour l’extermination du mot « mademoiselle » dans l’état civil.
En fait, ce ne sont pas les coudes que sociologues et féministes pointent dans leurs écrits sur le « manspreading », mais les jambes entières, illustrant leurs propos de photographies fort réjouissantes de rangs entiers de métro, hommes jambes largement ouvertes et femmes contraintes à serrer les leurs ou à les croiser.
A vrai dire, les jambes ouvertes, telles celles des cowboys descendant de cheval, sont plus évocatrices de virilité que les coudes. Mais il ne faut pas pour autant négliger le sujet, et je verse aujourd’hui le dossier à notre prochaine grande cause nationale (l’égalité des sexes) et à sa Ministre, Marlène Schiappa pour ses prochaines déclarations.
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