L’été à son mi-temps
A son mi-temps, ou déjà à son déclin ? Est-ce l’appréhension ou l’imagination qui dès le 15 aout fait percevoir la fin de l’été ? La chaleur pourtant est à son comble, les villégiatures sont partout remplies à saturation.. L’été n’est pas une tranquille courbe de Gauss aux formes symétriques (laquelle d’ailleurs culminerait le 8 et non le 15), mais une courbe à pente lentement montante et à descente escarpée, troublée déjà de ce qui vient et qu’on ne connaît pas.
Demain, la durée des nuits accélère sa conquête ; demain, ici, les vents commenceront de tourner, les bruits de la mer se feront plus profonds et plus grondeurs, promeneurs et plagistes, jour après jour, seront plus rares, plus âgés et plus lents. Demain, inconsciemment, on ne dira plus « bonnes vacances » ou « bon été » mais « bonne fin d’été ». Quelques tout petits jours de plus et ce sera « bonne rentrée ». Les journalistes ne laboureront plus un infime quotidien, agrémenté pour les meilleurs de quelques intemporelles enclaves culturelles ou philosophiques, mais postuleront sur les semaines à venir et les tracas de la rentrée.
Les églises de France, en ce moment même où j’écris « prient pour la France ». Je ne crois pas avoir le souvenir que ce fût jamais le cas en ce jour d’Assomption. Une manière d’exprimer ce que nous avons tous en nous : l’inquiétude. Inquiétude pour un pays secoué d’attentats, secoué d’insuffisante réactivité économique, affaibli par un défaut de prise de conscience de la responsabilité individuelle dans l’avenir collectif…
Je reviens vers le spectacle de la mer, le même pour moi, ce même jour, depuis des décennies. Sans doute aussi cette même sourde inquiétude, quelquefois légère et diffuse, compagne de ma révolte régulière contre le raccourcissement des jours, quelquefois aiguë, liée à des causes plus extérieures qu’intérieures comme aujourd’hui. Bonne mi-temps d’été à vous qui m’avez rejointe un moment.
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