Quitte ou double ?
Ce soir, en deux heures, nous allons voter pour ou contre un budget supérieur à celui de la nation : 360 milliards d’euros.
il s’agit du « projet de loi de finances rectificatif pour le financement de l’économie, destiné à assurer la confiance dans le système bancaire et financier et à garantir le bon financement de l’économie française ».
Qu’en termes tortueux ces choses-là sont dites ! Plus simplement : le financement du système bancaire.
C’est, une fois de plus, une décision difficile pour le Parti Socialiste.
En faveur du vote « pour » :
– la maison brûle, l’urgence impose d’éteindre le feu avant de s’interroger plus avant.
-c’est pour une fois une décision européenne et une vraie décision politique (dont il faut regretter qu’elle soit si tardive).
Mais d’autres éléments incitent à plus de réticence :
– voilà un financement considérable pour un système qui n’est pas le nôtre. Avons-nous raison de le consentir sans conditions, ni garanties ? Ce que nous voulons c’est éviter que pareille catastrophe soit de nouveau possible. Il faut donc que l’Etat, une fois la crise passée, garde ses prises d’intérêt et son droit de regard sur le système.
– Cette somme considérable ne servira, nous dit-on, qu’à servir de garantie. Les ministres répètent en choeur : les banques françaises sont saines et autres variantes sur le même thême. S’il ne s’agit que d’une caution, pourquoi a-t-on besoin de débloquer les fonds ?
– Cet argent est entièrement prélevé sur la dette qu’il viendra aggraver. Qui remboursera quoi et quand ?
– Et, avec raison, beaucoup autour de nous disent : on ne trouve pas dix millions d’euros quand il s’agit de financer un hôpital, on en trouve 300 milliards pour financer les banques !
Le sens de ces réticences est le suivant : le soutien du système bancaire est obligatoire mais il ne peut se faire sans contre partie, c’est à dire sans volonté de l’Etat d’assurer désormais un vrai rôle de contre pouvoir en face des marchés, et sans que l’argent investi ne serve de levier à ce rôle de régulateur. En entrant dans le capital des banques, l’Etat doit y exercer sa responsabilité.
Ce soir nous aurons à voter : pour, contre ou abtsention. Lors de la discussion de notre groupe, j’ai senti que je n’étais pas mûre pour éxercer la fonction de Premier Secrétaire car j’aurais eu grand mal à trancher.
C’est dommage, le matin, en me rasant, j’y pensais…
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