Retour à Tipasa (dimanche 13 aout 2006)
Heureux moment avant hier avec un nouveau militant du PS. Il vient de s’inscrire et va nous rejoindre à « Bordeaux centre ». Je ne le nomme pas, il se reconnaîtra. Sa famille est originaire de Tipasa, le Tipasa célébré, on peut presque dire chanté, tellement les mots montent de la terre comme un hymne, dans « Noces ». Nous avons évoqué la stèle de grès couleur de sable chaud qui s’élève encore au- dessus des ruines romaines et il a été surpris que j’en connaisse l’inscription tirée du texte même de Camus « Ici j’ai appris ce qu’on appelle gloire, le droit d’aimer sans mesure ». Je n’ai pas ajouté qu’une balle a cherché à effacer cette inscription, pour toujours rayée et marquée du souvenir de la guerre, et presque plus forte de sens de porter cette mutilation.
Hors cette évocation, le bonheur de la rencontre a été de l’écouter parler ; de sa famille, extrêmement modeste « je sais ce que ça veut dire recevoir ou pas une allocation… » ; de son métier de pompier où il réussit et se réalise pleinement. Il m’a appris, ce qui est à la réflexion évident, combien le risque d’être victime d’un incendie est lié à la situation sociale, au niveau d’information et d’éducation des personnes et à la salubrité des habitations. Les interventions des pompiers ont presque constamment un caractère social et c’est ce qu’il voudrait amplifier et faire connaître. Très simplement, il a conclu « je suis bien dans mon métier, bien dans ma vie, je voudrais rendre ce que j’ai reçu ». Je n’ai pas voulu lui répondre que c’était exactement ce que j’éprouvais.
Le sel de la terre ne s’affadit pas. Nos rangs de militants se sont élargis de nombreuses recrues. Lors de nos réunions de présentation, où chacun a pris la parole pour expliquer ses motivations, nous avons pu apprécier leur qualité, leur volonté très réfléchie d’apporter quelque chose qui leur est propre à la marche de la société et de changer la politique. Dans les mois qui viennent, hérissés d’échéances électorales comme la surface de la mer l’est aujourd’hui de vagues aigues, nous aurons plaisir à « faire ensemble ».
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