Rue de la Sardine
Cette rue est à la fois le titre et le décor d’un roman peu connu de John Steinbeck. On ne le sait pas assez, mais un peu de ce décor et de cette rue existe dans le canton Grand Parc-Jardin public dont j’ai l’honneur d’être l’élue. Et l’ambition de le rester.
Rencontre charmante et forte tout à la fois, il y a une heure dans ce canton. Je sonne à la porte d’une vieille dame. A vrai dire, je ne savais pas encore qu’il y avait derrière cette sonnette une vielle dame, et cette porte ne ressemblait pas vraiment à une porte.
C’était une porte de garage, gentiment peinte, bien que de manière un peu artisanale. Une vieille, vieille dame, apparait, sortant d’une toute petite issue contigüe à la porte de garage.
Elle me prie d’entrer, je reste selon l’usage juste sur le pas de cette toute petite porte qui ouvre sur un univers, tout petit lui aussi, mais émouvant de confort, de chaleur humaine et de bon goût.
Le garage a été transformé par la main de fée de la vieille dame en un microscopique appartement. On ne dirait même pas un « studio » mais sa petite soeur, la studette. Cuisine à la dimension d’une plaque de gaz et d’un petit four électrique, canapé-lit douillet recouvert d’un grand châle, petite table faite d’une caisse renversée bien peinte, petite lumière d’ambiance ne risquant pas d’aggraver le réchauffement climatique.
La vieille dame ne m’a pas pour autant parlé de décoration. Pas davantage parlé d’elle-même, non plus que de santé dont je partirai sans rien savoir (ce qui est rare) mais de la situation de notre pays.
Cette vieille dame n’est d’accord avec rien de « ce qui se passe ». Disons plutôt, avec pas grand chose, juste comme moi. Elle s’inquiète, elle ne comprend pas les gens qui ne se bougent pas, qui ne vont pas voir leurs voisins pour leur expliquer, qui ne font pas quelque chose pour que ça aille mieux à leur niveau, qui sont « enclins au déclin » (cette fois, la formule est de moi). Bref, elle a la contestation active en même temps que chaleureuse.
Les lecteurs de Steinbeck comprendront. Dans la rue de la Sardine, une femme, beaucoup plus jeune et accorte, a transformé un vieille citerne en un appartement de rêve, où tous les rêveurs de la rue de la Sardine viennent trouver des forces pour refaire le monde.
Et ma foi, ils en refont tout un morceau : la rue de la Sardine.
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