Solstice d’hiver
La nuit dernière était celle du solstice d’hiver ; la nuit la plus longue, le jour le plus court. Celle, celui, dont on dit qu’après eux, tout ne peut que renaître, recommencer, revivre, le mythe éternel de l’homme nouveau dans un monde nouveau. Le mythe du « Premier homme » dont Camus a fait son dernier roman.
Comme des milliers, au cours de milliers d’années, je déteste les jours qu’un dieu inconnu abrège et les nuits qui allongent. Comme ces mêmes milliers, je guette le plus petit signe de victoire de la lumière sur les ténèbres.
Vercingétorix et tant d’autres ne faisaient pas autre chose. C’est rassurant.
Ce soir, j’ai envie de parler de Julien Dray. Aucun rapport ou tous les rapports que l’on veut, puisque les rapports, les liens, les connivences et les connexions sont dans nos têtes plus que dans les faits ; d’étranges petites pattes entre deux neurones. Des petites pattes qui sont, en fait, des molécules, des neuro-médiateurs, des courants électriques, des choses bizarres dont nous ne saurons jamais tout.
Je ne connais pas Julien Dray. Enfin, un peu et même beaucoup, si l’on considère comme « beaucoup » de l’avoir entendu, éblouissant, profond, hardi, lors du dernier Conseil National du PS. Et d’avoir échangé un mot et deux grognements, dans le couloir du 3 AB, le soir d’avant la perquisition. Le « trois AB », 3 rue Aristide Briand, est l’adresse commune de nos bureaux à l’Assemblée, où nous nous sommes croisés très tard, la nuit était déjà avancée, lui en forme de gros ours, moi en forme d’ourse plus fragile, mais pas moins ourse.
Je connais Julien Dray pour tout cela, et pour la familiarité que donne d’appartenir à la famille ours. Et je partage sans difficulté ce qu’il vit en ce moment, dans une grande économie d’appuis et de signes d’amitié.
Julien a du coeur et du talent. Il lui faut du courage dans ce qu’il traverse, dont je ne sais rien, et lui peut-être pas grand chose.
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