Une « assurance verte » selon les habitudes de vie ?
La question revient régulièrement : doit-on assurer différemment les personnes selon leurs habitudes de vie ; dans le viseur évidemment : tabac, alcool, alimentation, addictions diverses… Et en effet, les données statistiques étant très claires, on pourrait considérer que tel assuré est à risque de coûter beaucoup plus cher qu’un autre.
Le mouvement a été donné par l’assurance automobile avec des degrés variables, plus ou moins intrusifs, de prise en compte des données personnelles : âge, délai depuis l’obtention du permis.. Jusqu’au « mouchard automobile » placé dans le véhicule qui renseigne l’assureur sur le fréquence d’utilisation de votre véhicule, votre vitesse par rapport à une vitesse moyenne sur le trajet donné …. Les tarifs sont augmentés ou diminués selon l’ensemble des paramètres enregistrés.
Les « données personnelles » sont d’un tout autre ordre concernant la santé et elles ne sont pas toutes directement dépendantes de la volonté. Etre la victime d’une addiction ne fait pas de vous un coupable (et je pense, bien sûr, d’abord au tabac). Ne pas arriver à en sortir, peut vouloir dire que vous n’avez pas trouvé sur votre route ni les personnes, ni les techniques qui vous y aident. Vous ne pouvez être pénalisé pour cela.
C’est, brièvement exprimée, ma principale raison d’être radicalement défavorable à ce principe d’assurance au comportement, que l’assurance soit privée ou publique ; ceci est d’ailleurs aujourd’hui interdit en France, mais je sens dans l’air électoral une sorte de syndrome de menace sur cette interdiction. Les tenants de la position contraire mettent en valeur le caractère incitateur de ce bonus/malus comportemental qui dans tous les cas surtout constituerait un bonus global pour les assureurs.
A l’inverse, assurances et mutuelles pourraient s’investir plus largement, comme le font pour la prévention du vieillissement les caisses de retraite (ateliers sommeil, mémoire, équilibre…), dans l’accompagnement du sevrage. On sait qu’une des chances de « sortir » du tabac ou de l’alcool est de s’engager dans un nouveau mode de vie. Activité sportive, soins esthétiques, groupes de parole, yoga, danse.. Autant d’éléments qui selon les goûts de chacun peuvent contribuer aux bonnes décisions et à leur caractère durable. Restons à l’écoute de toutes les propositions qui pourraient être faites en ce sens.
(à lire aussi « Assurance, votre vie privée vaut bien une ristourne » in « le monde économie » du 7 septembre.
Comments 2 commentaires
03/11/2016 at 23:54 Matthieu
Un article tout à fait intéressant Mme Delaunay et une question qui mérite que l’on en parle plus largement (à mon humble avis).
J’ai justement eu récemment une discussion avec un collaborateur à cet endroit. Lui défendait votre propos inverse – prétendant que l’on était toujours « responsable » de ce que l’on faisait et qu’il fallait qu’il y ait une « justice ». Des propos qui m’ont presque choqué… C’est là que j’ai compris qu’il y avait clairement deux manières de raisonner : l’une « préventive » et l’une « directive ».
Si l’on prend l’exemple de l’assurance vie qui offre différents profils de gestion (cf. mode de gestion) – parce qu’effectivement il existe bel et bien différents types d’individus et qu’il est important d’érigés certains « garde-fous » dans certains types de contrats – il ne devrait pas en être question pour des sujets dits « d’addiction ». Comme vous le précisez si bien « une addiction ne fait pas de vous un coupable ».
Un travail de prévention : c’est en cela que les mutuelles et assurances pourraient/devraient surtout s’investir !
Bravo Mme Delaunay
03/11/2016 at 23:56 Matthieu
Un article tout à fait intéressant Mme Delaunay et une question qui mérite que l’on en parle plus largement (à mon humble avis).
J’ai justement eu récemment une discussion avec un collaborateur à cet endroit. Lui défendait votre propos inverse – prétendant que l’on était toujours « responsable » de ce que l’on faisait et qu’il fallait qu’il y ait une « justice ». Des propos qui m’ont presque choqué… C’est là que j’ai compris qu’il y avait clairement deux manières de raisonner : l’une « préventive » et l’une « directive ».
Si l’on prend l’exemple de l’assurance vie qui offre différents profils de gestion (cf. mode de gestion) – parce qu’effectivement il existe bel et bien différents types d’individus et qu’il est important d’érigés certains « garde-fous » dans certains types de contrats – il ne devrait pas en être question pour des sujets dits « d’addiction ». Comme vous le précisez si bien « une addiction ne fait pas de vous un coupable ».
Un travail de prévention : c’est en cela que les mutuelles et assurances pourraient/devraient surtout s’investir !
Bravo Mme Delaunay