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 » Il y a un moment, Monsieur le Président, chers collègues, où les délégations au secteur privé, de même que les partenariats et autres formes de collusion d’intérets, atteignent à l’immoralité et ceci, pour n’avoir pas mis le coût que nous imposons au service que nous rendons.

Nous sommes dans un de ces moments et je voudrais l’illustrer par une brève anecdote. Récemment, j’assistais à une réunion avec plusieurs habitants de la métropole  qui pour des raisons différentes avaient peu de facilités à se déplacer la nuit autrement qu’avec leur véhicule.

La réunion se tenait à la lisière des quartiers Saint-Pierre et tous s’étaient garés au parking Camille-Jullian : un peu plus d’une heure de réunion, un diner rapide, leur facture de stationnement a dépassé 13 euros et.. le prix de leur repas. Première immoralité que de considérer que 2 h d’occupation de 10 m2 de ciment valent plus qu’un repas. Si nous multiplions par 12h ces 13 euros, cela équivaut à une nuit dans un hôtel de très bonne qualité. Je propose qu’ hôteliers comme restaurateurs réfléchissent à une reconversion

Ce parking, comme les autres, a depuis 20 ou 30 ans été largement amorti et le secteur privé empoche depuis lors des bénéfices exponentiellement croissants alors que les métropolitains doivent assumer un coût qui ne cesse d’augmenter.

Sans doute, ici et aujourd’hui, trouvons-nous ces bénéfices insuffisants et les habitants bien propres à être taxés davantage, puisque vous nous demandez de voter des augmentations allant au-delà de ce qui est établi comme « maximal » dans les contrats de concession, dont on connaît pourtant le caractère léonin. Deuxième immoralité, deuxième injustice

Troisième immoralité, la rédaction et l’hypocrisie de ces délibérations. Par exemple, l’affirmation que l’on n’augmente pas les 5 premières heures du jour (pour la majorité des parkings de 8h à 13h) « pour ne pas nuire à l’attractivité du centre ville ». Mais l’attractivité du centre ville pour les commerces, les restaurants, les cinémas, les activités culturelles, elle n’a pas majoritairement lieu dans la matinée mais au contraire de 13 h à 23 heures. Des dizaines de phrases relèvent de cette même hypocrisie et de cette même duplicité. Le résultat est inéluctable : l’assèchement progressif du cœur de notre métropole.

Quatrième immoralité en effet : vous imposez en même temps un alourdissement du coût et des règles du stationnement de surface. Tout au contraire, n’étions-nous pas en droit d’attendre de notre métropole une vision globale de la question, incluant le stationnement privé (location de places, garages privés). Et comme toujours : nulle concertation avant les décisions.

Et puis des « immoralités de forme », apparemment secondaires, mais destinées à rendre les modifications des tarifs incompréhensibles des utilisateurs. La nuit par exemple commence et finit à heures différentes selon le délégataire et selon les parkings. Cela ne relève pas d’une vision poétique du couchant et du levant, mais des moments d’affluence autour de tel ou tel parking* . C’est vrai que par exemple, on dîne moins souvent à Stalingrad qu’à Saint-Pierre, c’est vrai aussi qu’une uniformité des règles, des prix et des horaires, aurait constitué une faiblesse permettant aux Bordelais de comprendre et donc de pouvoir contester, au lieu de n’avoir qu’à payer..

En ce moment nous sommes nombreux à avoir ces jours-ci un peu honte de la politique, honte de toutes les formes de collusions d’intérets, Honte de l’apparente bienséance de tant de déclarations, alors qu’elles ne sont que l’utilisation d’une novlangue incompréhensible et trompeuse. Honte que nous soient présentées des délibérations qui en réalité démontrent que cette politique locale en lesquelles les Français croient encore,  peut , elle aussi, et à ce point « etre faible avec les forts et forte avec les faibles ».**

 

*Alain Juppé, qui m’interrompait toutes les deux phrases pour me désarçonner, a eu à ce sujet une remarque admirable « Mais Madame, c’est tout à fait normal, on doit payer d’autant plus cher qu’il y a de monde.. ». Voilà une idée qu’elle est bonne, et qui pourrait inspirer par exemple, les urgences des hôpitaux. La facturation à l’affluence serait susceptible de renflouer grandement les budgets hospitaliers.

 

** Ce texte correspond à la rédaction écrite de mon intervention. Elle est parfaitement fidèle au prononcé, sauf pour quelques membres de phrases que j’ai du modifier au fil des saillies du Maire. Sa conclusion a été : « vous n’êtes capable que de populisme ! ». La définition du « populisme » est donc : préférer défendre les intérets des citoyens que les sur-bénéfices des grands groupes du BTP. Les Bordelais qui auront pris la peine de lire ce texte jugeront. Quant à la presse, elle est restée muette sur ces augmentations outrepassant les limites légales..

 

 

 

 

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