Eh bien, c’est décidé, je suis candidate.
Oui, ce soir à 20 H 35, je l’ai décidé : je suis candidate aux primaires du Parti Socialiste.
Non, cette décision ne vient en aucune façon à l’encontre de celle de Ségolène Royal. Plus qu’aucune (et qu’aucun), elle peut légitimement prétendre à cette candidature. Rien de surprenant à cela. Candidate désignée, choisie des militants en 2007, elle n’a aucune raison de s’exclure du jeu.
Mais chaque militant socialiste peut également s’interroger. Et s’étant interrogé, se répondre. C’est mon cas.
Bien sûr, j’ai mûri mon programme, réfléchi à nos alliances, désigné un « shadow cabinet ». Pour tout dire, mon « outing » de ce soir n’est que l’évolution normale d’un processus que je pourrais qualifier de naturel. Et si je ne suis pas encore la « candidate naturelle », que ne pourrais-je le devenir ? Il est ainsi de ces enfants naturels dont on ne découvre que des siècles plus tard la légitime ambition.
Le premier acte de ma candidature est pourtant celui-ci : mettre en garde le Parti Socialiste – et l’ensemble de la gauche- à l’égard du processus qu’il a enclenché. Oui, je sais, les militants ont voté les primaires. Oui, je sais, quelques-uns parmi les plus brillants d’entre nous, les ont portées sur nos laïcs fonds baptismaux. Je n’en étais pas, tous pensaient qu’ils en seraient. Eh bien voilà, je leur vole la vedette !
Pas à tous évidemment. Ils sont déjà une grosse poignée à légitimement prétendre à une prétention légitime. Mais… Et tout est dans ce « mais ». Le parti socialiste, mais aussi plusieurs de ses partenaires de gauche, ont fait l’expérience, quelquefois des décennies durant, de leur capacité à construire, plus belle et plus puissante que toutes les autres, la machine à perdre.
L’acte I de ma candidature est donc celui-ci. Dorénavant admise dans le cercle des candidats putatifs et potentiels, avant de risquer d’être morganatiques, j’ai un message : « Keep cool, boys and girls, we have a unique job ; get rid of that right ! »
J’ai hésité entre le latin et l’anglais. Entre Benoit XVI et Obama. Décidément, même si les deux langues sont lapidaires, Barack l’emporte.
Traduction du message ; débarrassons-nous de la droite. Pour cela, malgré son infinie médiocrité, un brin d’intelligence et de sang froid est nécessaire.
Et même ça, on en est capable ! Oui, je dis bien, capables, même si nous sommes incontestablement plus doués pour le contraire ! (In english « And, yes, that, we can. Just a bit less than the opposite. But, we can ! »
Et donc, pour cela et deux ou trois autres éléments de programme, je suis candidate.
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