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L’incapacité à se comparer, à concevoir que l’on puisse avoir un égal ou même un proche en capacités et que celui-ci puisse devenir dauphin, et demain successeur, est commun à beaucoup d’hommes. Les politiques y excellent et Alain juppé est certainement le meilleur d’entre ceux-là.

Depuis son arrivée à Bordeaux, combien se sont vus dans le rôle de l’homme de confiance plein d’avenir ? Et ont accepté de s’y épuiser, courant sur tous les fronts, soutenant tous les choix, comblant toutes les absences ? Ducassou, Duchène, David, pour écrire côte à côte ces 3 D en quête de 4ème dimension. Martin bien sûr, Reiffers que l’on a cru un instant le prochain mais que son sens incomparable de la hauteur a prévenu d’un trop grand zèle ; quelques femmes aussi, Véronique Fayet qui paraissait politiquement évidente comme Borloo vient de l’être quelques semaines à Paris, ou Anne Walryck. La prévention du Maire à ne pouvoir considérer la gent féminine possiblement égale dépassant encore sa prévention à l’égard du masculin, celles-ci n’ont jamais concouru au delà du troisième rôle.

Martin est un premier cas d’intérêt. Brièvement Maire, on l’a vu quelques mois installé dans un delphinat que sa constance méritait et que sa prestation à la tête de la municipalité a confirmé. Et pourtant, presque dans la même période, nous l’avons vu essuyer humiliations et remises en place. Député de la deuxième circonscription, il n’était jamais appelé à rejoindre le Maire sur l’estrade, ne prenait jamais la parole quand celui-ci était présent, contrairement à tout usage républicain, et s’est même vu refuser d’inaugurer la Maison Cantonale de la Bastide rénovée dont il était l’artisan. La consigne fut alors d’attendre la réinstallation du Québecois dans son siège de Maire. Ce Québecois que, quand il était excédé, Martin appelait « Dieu ».

Je l’avoue, je n’ai reçu l’assurance du retour de Juppé à Paris, qu’en apprenant la nomination de Martin au Conseil Economique et Social. La place était éclaircie.

Plus étrange encore, est le destin de Duchène. Homme étrange sachant jouer de la cordialité, voire de la confidence, puis tout de suite après de la plus grande férocité et d’une mauvaise foi qui force l’admiration. Jusqu’aux dernières municipales, Duchène a éteint tous les incendies, est monté à tous les fronts, rencontrant aussi bien des ménagères déguisées en harpies devant les poubelles éclatées du centre ville que tenant tête à un conseil de quartier pris de manière trop éhontée pour une caisse d’enregistrement. Inarrêtable débatteur lors des émissions de télé, Duchène, des années durant, a pédalé à tout va, sillonnant la ville, apportant partout la parole municipale comme un morceau de la vraie croix.

Et puis Duchène a disparu. Les inaugurations se faisaient sans lui jusque dans le 3 ème canton dont il est conseiller général et dont, tout bonnement, le Maire décida qu’il serait le seul de son espèce à n’être pas adjoint de quartier. Il n’était plus cité dans les discours, bien souvent plus salué par l’auguste main, Il ne retrouvait de vivacité qu’aux séances du Conseil Général où, à distance de son Maire, il redevenait le mordant Duchène que j’avais affronté au Conseil Municipal et à la Cub.

Etrange retour aujourd’hui où, dans la première conférence de presse de l’enfin Ministre, il a été le seul adjoint cité et nommé « coordonnateur » de l’équipe. J’aurais aimé être présente et décrypter les visages lors de cette annonce.

Je n’y étais pas. C’est normal. Jean Louis David n’y était pas non plus, et ça, ça ne l’est pas. Absent de la salle, absent du discours, lui qui le jour même d’un deuil qui le touchait a été dépéché pour une commémoration militaire où, pour la première fois de sa vie, il a eu quelques minutes de retard. Lui, l’amical, chaque fois que Juppé traverse une difficulté, l’incomparable maire du village de Saint Augustin où j’ai renoncé à tenir ma permanence car les habitants me téléphonaient « je ne peux pas venir plutôt à votre bureau, parce que je ne voudrais pas faire de la peine à M. David s’il me voyait vous rencontrer ». (Je ne voulais pas non plus faire de la peine à « M. David » et j’ai émigré vers la salle Quintin Loucheur). C’est ce même M. David qui avait succédé à Duchène dans la faveur et la confiance municipale et qui est aujourd’hui « coordonné » par son prédécesseur.

Etrange cour où l’on monte et où l’on descend de charge simplement pour n’ être trop longtemps dans la tache de lumière que le prince tient pour une auréole à son front réservée.

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