Réforme des retraites (I) : les données du problème
Le politique qui saura faire toucher des deux mains aux Français l’idée que personne ne se sauvera seul et que, dans l’état du pays, chaque choix implique un effort » et que l’on ne peut donner à Pierre sans rien demander à Paul méritera de diriger le pays. Avouons-le : c’est pas gagné.
La réforme des retraites va être, de ce point de vue, un cas d’école.
Qu’est-ce qui est aujourd’hui inacceptable ?
– Des retraites misérables, avec lesquelles nul ne peut vivre décemment. – L’inégalité de situation où sont les grands âgés au moment où la perte d’autonomie s’installe. Ils doivent être alors, comme tous les Français devant la maladie, pris en charge selon leurs besoins et de manière égale.
Qu’est-ce qui est incontournable ?
– La prise en compte de la durée de l’allongement de la vie et la modification des équilibres entre les différents âges de la vie. Cette prise en compte doit concerner tous les Français, y compris les âgés eux-mêmes. Sinon, cela reviendrait à faire porter à une tranche de population qui se ressere (les actifs), une charge de plus en plus grande. A ceux qui ne veulent pas envisager l’allongement du temps de cotisation, posons la question : au moment où vous entriez dans la vie active, auriez vous imaginé de financer, outre les charges d’éducation/santé du jeune âge , celle d’un retraité qui vivra trente ans ? A terme, cela veut dire : ne bénéficier pour soi même que de la moitié, et bientôt le tiers, de son salaire. Ce que vous n’imaginiez pas pour vous même, imaginez-vous de le demander à vos enfants ?
– La prise en compte des différences des conditions de vie, y compris la pénibilité du travail, mais pas seulement. Ici, d’ailleurs, l’incontournable rejoint l’inacceptable. Peut-on en effet accepter que des catégories socio-professionnelles différentes aient plus de six ans de différence de conditions de vie ? L’urgence c’est bien sûr de réduire cette différence en agissant sur les conditions de vie et les conditions de travail, c’est à dire par une politique de santé publique et de santé au travail. Même les socialistes ont trop délaissé ce champ, ce qui n’est pas une raison pour persévérer.
Mais en attendant de le réduire (et sans cesser de tenter de le faire), il faut l’inclure dans la réflexion et dans la réforme. Une année d’un travail pénible, doit bénéficier d’un « bonus » en terme de cotisation, relativement à une année d’un travail sans facteurs de pénibilité. Certains disent : contentons-nous d’apprécier l’espérance de vie, puisqu’elle est moindre dans les mêtiers pénibles. Mais nous arrivons alors à une aberration : l’espérance de vie des fumeurs est nettement moindre que celle de la population générale : allons-nous légiférer pour que les fumeurs partent à la retraite plus tôt que les autres ?
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