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Tout porte à croire (et à espérer) que, sans trop le dire, Nicolas Sarkozy va aller piano sur un certain nombre de réformes, au profit d’une seule : celle des retraites.

Il n’est évidemment pas dans l’affaire sans arrière-pensées. Disons-même qu’il est probable que cette fois comme les autres, les arrière-pensées, la stratégie, l’emportent sur la pensée tout court, ou du moins sur la conviction de la nécessité de la réforme.

Avancer sur les retraites a pour lui trois avantages :
– montrer que la gauche ne l’a pas fait et que c’est lui qui s’y colle
– obliger la gauche a sortir du bois sur le sujet
– avoir des chances raisonnables de la faire se diviser
– et, au total, soit obtenir avec elle une sorte de consensus dont il s’appropriera la gloire, soit aller à l’affrontement et tenter de démontrer que la gauche décidément, c’est l’immobilisme.

C’est presque trop beau. Avertie de ce multiple piège, la gauche va avoir le jeu difficile de tenir sur l’essentiel (et d’abord de le définir) et de montrer qu’elle est une force de gouvernement, capable de mettre en pratique le principe du Suédois Olaf Palme : se comporter dans l’opposition comme si on était dans la majorité et dans la majorité, comme si on était dans l’opposition.Ce qu’elle va avancer sur le sujet, il faut qu’elle soit en mesure de le mettre en pratique si elle est aux affaires en 2012.

La gauche -disons le PS- doit se hâter de travailler sur le sujet (ce qu’il fait), mais beaucoup moins de sortir l’inventaire de sa boite à outils, pour ne pas risquer de se faire contrer avant que la droite elle-même n’ait avancé le moindre projet. On peut tester une idée ou l’autre dans l’opinion, mais espérons qu’aucun de nos brillants sujets ne viendra sur le devant de la scène en avançant une idée provocante dont le premier objet sera de faire parler de lui. J’en connais deux qui, ce matin même, proposent l’abolition de l’ISF au profit de la révision du bouclier fiscal, idée qui ne serait pas aberrante en temps de croissance, mais qui constituerait en ce moment un signe catastrophique, totalement incompréhensible de la majorité des Français.

Autre point justement : la gauche va devoir être lisible. Si elle n’avance en guise de proposition que des phrases de trois lignes du genre « l’indexation du taux des pensions sur la revalorisation du produit intérieur brut divisée par le carré de l’augmentation de l’espérance de vie ramenée au sexe », on va dans le mur.

Pour une fois, le gagnant risque de ne pas être le plus malin, mais le plus capable de démontrer que nous sommes avec cette réforme au coeur de la solidarité nationale.

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