Travail du dimanche (III) : la mort annoncée du commerce de proximité
Le projet de loi sur l’extension du commerce du dimanche dont le débat s’est terminé samedi 11 juillet à l’Assemblée porte en lui la condamnation du commerce de proximité ; et au demeurant, d’une grande part des activités culturelles ou sportives de proximité.
L’extension à toutes les zones d’intérêt touristiques de l’autorisation de droit de l’ouverture des commerces concerne potentiellement des zones où vivent 50% de la population française.
Il est à craindre que ce chiffre soit encore dépassé. On imagine bien que dans la zone voisine d’un territoire dit touristique, des enseignes voudront elles aussi avoir les mêmes droits, arguant à juste titre que leurs ventes pâtissent de l’ouverture du dimanche trois rues plus loin.
Outre les conséquences directes évidentes pour les salariés, les petits commerces de ces zones seront dans l’incapacité de « suivre ». Le petit nombre de leurs employés, quelquefois réduit à zéro quand il s’agit de commerces familiaux, ne leur permettra pas d’absorber un jour de plus d’ouverture.
Seules les chaînes, ou les commerces de proximité sous la dépendance d’une grande enseigne, de plus en plus nombreux, auront la capacité d’étaler ce supplément d’heures d’ouverture.
C’est en effet plus justement le commerce indépendant que le commerce de proximité qui est condamné à terme. Les deux ne sont pas synonymes mêmes s’ils sont liés. Et demain plus encore qu’aujourd’hui nous n’aurons dans toutes les villes les mêmes boutiques, présentant les mêmes articles, vendus au même prix, décidé non pas en fonction des données locales mais d’une politique générale des marchés.
Ces petits patrons commerçants aimant leur travail, fiers de leurs boutiques, n’auront qu’à devenir eux-mêmes des salariés.
Et ces salariés, condamnés à travailler régulièrement le dimanche, n’animeront plus le club de foot, n’emmèneront plus leurs enfants à la chorale du quartier ou au tournoi de judo. Les dimanche qu’il leur restera de libre, ils seront libres en effet de rouler leur caddy dans les rayons des grandes surfaces ou de regarder la pub à la télé.
Le vote aura lieu mercredi 15. Malgré le courage de quelques députés de droite « non inscrits » qui se sont exprimés contre ce projet de loi, la totalité des députés ump étant rentrée dans le rang, il n’y a guère lieu d’être optimiste.
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