La peste
Le terrorisme est comme la peste : il révèle la vraie nature des hommes. Il y a les grands, qui se taisent et les petits, qui polémiquent, critiquent, jugent, condamnent. Les réactions politiques des dernières 24 heures, en ont fait le triste partage.
La peste rouge du terrorisme vient de frapper la France pour la 3ième fois en 18 mois. C’est une inquiétude plus profonde que la peur qui nous saisit : devrons-nous accepter de voir sacrifiés plusieurs dizaines d’entre nous à rythme régulier comme s’il s’agissait d’une dette à expier sur la folie humaine? Outre « la Peste », toute la mythologie porte cette interrogation : quelle faute avons-nous commise de devoir éternellement accepter de nourrir le monstre d’offrandes sacrificielles ?
Cette faute, c’est la barbarie, la cruauté sous toutes ses formes et degrés, qui telle l’ogre Chronos, se nourrit de ses enfants. Berlin, où je suis aujourd’hui, Moscou, Pnom Penh, Kigali… Tant de lieux qui furent des lieux d’où la folie est née comme un feu que personne n’arrivera à éteindre et qui se sont déclinés en massacres et en camps. Aujourd’hui Daesh, cet état sans visages et presque sans noms autres que ceux de ces crimes.
Ces folies totalitaires ne cherchent pas tant à convertir qu’à contaminer. La radicalisation n’est pas un enseignement que l’on cherche à partager c’est un poison que l’on inocule aux siens. Les autres ne méritant que de périr. Après l’attentat de Breivik, le roi Harald de Norvège avait demandé que son pays réponde par toujours plus de tolérance et d’amour. Cela est-il aujourd’hui possible ? Dire non est terrible, dire oui n’est pas dans le moment actuel, crédible.
La peste, après des siècles, des millions de morts, des centaines de pages, nous avons plus ou moins appris à la traiter quand elle est limitée et qu’elle reste sporadique, mais le vaccin qui nous débarrasserait de toutes ses formes et de ses foyers multiples, nous le cherchons toujours.